mercredi 22 octobre 2008

Face à la Russie, les Européens ont des choix difficiles à faire.

Depuis quelques semaines, un sujet inquiète fortement l'ensemble de la scène internationale. Tu vas te dire, cher lecteur : "encore un gugusse qui va nous parler de la crise financière et qui va nous dire à quel point c'est dangereux et pénible etc, etc..." Eh non, comme tu vas pouvoir t'en rendre compte, ce n'est pas de ce point-là dont je veux te parler.


A la mi-octobre, le président ukrainien Iouchtchenko a annoncé la tenue d'élections législatives anticipées, après une crise qui l'opposait depuis plusieurs mois à sa première ministre, Ioulia Timochenko, ancienne alliée de l'époque de la révolution orange. En 2004, lors de ces événements, les Européens avaient espéré un basculement de l'Ukraine du côté européen et un détachement de l'alliance russe. Pourtant, depuis, l'Ukraine est passée par de nombreuses crises institutionnelles et politiques et n'a pas réellement réussi à se stabiliser. Elle va subir pour une troisième fois
depuis 2005 des élections législatives.

Le paysage politique ukrainien n'a cessé d'évoluer récemment. La crise géorgienne a en effet marqué fortement les esprits en Ukraine. La classe politique ukrainienne a pu sentir que les Européens et les Américains, loin de les soutenir systématiquement contre les ambitions russes, pouvaient se révéler des alliés versatiles et peu courageux. Les personnalités politiques se sont divisées : le président a affiché un soutien ostensible à la Géorgie, pendant que la première ministre s'est rapprochée des pro-Russes regroupés autour de Viktor Ianoukovitch. Les Ukrainiens vont donc à nouveau devoir se prononcer sur le choix entre la Russie et l'Occident.

La situation de l'Ukraine est en effet difficile. Depuis l'arrivée de Iouchtchenko, le pays est officiellement candidat à l'OTAN et à l'Union Européenne, marquant son détachement de Moscou. Nous autres Occidentaux avons soufflé le chaud et le froid, mettant en route les processus d'adhésion à l'OTAN tout en n'étant pas complètement clairs sur le futur de ces actions. La crise géorgienne a effrayé tout le monde à l'Est, car il est devenu évident que nous n'étions pas prêt à prendre des risques pour soutenir nos nouveaux amis.

Or, l'Ukraine peut largement craindre la Russie. D'abord, ce pays abrite sur son sol une importante minorité russe concentrée majoritairement à l'Est du pays et en Crimée. Ensuite, elle accueille aussi un important contingent russe, et en particulier la flotte de la Mer Noire, que l'Ukraine a tenté d'immobiliser durant la crise géorgienne sans aucun succès. Enfin, elle dispose de l'accès à la Mer Noire que la Russie considère comme primordial. Maintenant que Moscou a montré sa fermeté, il n'y a aucune raison d'envisager un changement de comportement avec Kiev.

Face à cette situation, les Européens doivent d'abord cesser de se comporter de manière irresponsable avec ce pays. Nous devons dire ce que nous ferons. Soit nous sommes prêts à soutenir cette jeune démocratie à se consolider et à se sortir de l'orbite russe qui empêche cela. Dans ce cas, cher lecteur, il nous faudra assumer une vraie politique offensive face à la Russie, ce qui peut s'avérer assez risqué dans le contexte actuel. Soit nous privilégions nos relations avec Moscou, primordiales pour le gaz, et nous signifions aux Ukrainiens qu'ils ne nous intéressent pas et qu'ils ne doivent pas compter sur nous en cas de conflit avec la Russie.

C'est un choix terrible. Choisir cyniquement entre le soutien à une démocratie et des intérêts géostratégiques et économiques est redoutable. Je crains que les Ukrainiens soient cependant vite déçus, s'ils ne le sont pas déjà, de nos choix futurs.

5 commentaires:

  1. Je mets une pièce sur le ni l'un ni l'autre au combien courageux de nos dirigeants européens. La même tactique que pour la Géorgie somme toute, on est avec vous mais seulement si vous n'avez aucun problème avec les russes.
    Et comme tu le dis, les ukrainiens vont perdre patience et espoir avec l'occident.

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  2. @ Manuel : j'ai bien peur que cela finisse comme cela. Pourtant, je ne souhaite bien sûr pas un conflit avec les Russes. Compliqué, parfois, les relations internationales...

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  3. Personne de censé ne souhaite une guerre avec la Russie, mais eux ne souhaitent probablement pas plus la guerre que nous.
    Il y a des mesures économiques et politiques que l'on peut appliquer pour se montrer fermes face aux russes.

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  4. Franchement je n'en sais rien, je ne connais pas les leviers de pression entre l'Europe et la Russie.

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