Ah, franchement, aujourd'hui, je suis heureux. L'UMP a enfin réalisé mon rêve. En effet, j'aime mon métier. Je me déprimais d'être obligé d'arrêter de travailler à 65 ans, vu que j'étais sûr que malgré mon jeune âge, je serai forcément en pleine forme à ce moment-là. Ah, que je maudissais l'État régulateur qui m'empêchait d'user de ma liberté de travailler autant que je le souhaite. Heureusement, ça y est : nous allons pouvoir partir en retraite à 70 ans.
Je me demande presque pourquoi, alors que nous sommes dirigés par des politiciens qui se disent libéraux, on se limite à ce chiffre de 70 ans. Si on suit la logique libérale, il serait normal de laisser les salariés décider librement de leur date de départ à la retraite, en fonction des conditions offertes par le régime de retraite choisi, qu'il soit public ou privé. Je te rassure, cher lecteur, on est très loin de là. La mesure, qui revient sur un droit chèrement gagné par le mouvement ouvrier durant le XXe siècle, est présentée comme une mesure technique qui devrait permettre aux salariés de continuer à travailler plus longtemps, vu l'évolution de l'espérance de vie, et de compléter leurs pensions. Un billet du jour signé Authueil résume bien la manière dont les députés voient la chose.
Cette idée, comme le faisait déjà la loi Fillon en 2003, introduit une individualisation forte dans le rapport au régime de retraite que nous avons. Normalement, le système est très simple. Nous cotisons tous en proportion de nos revenus un certain nombre d'années, ces cotisations servant à payer les pensions des vieux en retraite qui nous ont élevés, éduqués et nourris. Lorsque nous arrivons à la retraite, nous touchons à notre tour une pension qui correspond à ce que nous avons nous-même transmis dans le passé. Ce système est profondément solidaire, mais il souffre en ce moment de l'arrivée des baby-boomers à la retraite et de la baisse démographique des années 1970 à 1990.
La loi Fillon a introduit l'individualisation des parcours par rapport au système de retraite. Chacun peut rester plus longtemps et donc toucher une pension plus forte à terme. Cette logique introduit l'idée que la valeur de l'engagement personnel fait varier la pension, et participe à diffuser l'idée fausse que la retraite versée est une rente issue des cotisations précédentes, et non pas une pension. Cela prépare progressivement le passage d'un système de solidarité à un système individualisé de retraites.
Les libéraux s'imaginent que cette loi prépare la capitalisation. Ce système a pourtant montré à de nombreuses reprises les risques qu'il fait courir aux épargnants, y compris en ce moment avec la crise en cours. La seule solution serait que les États garantissent les fonds de pension, ce qui créerait exactement les mêmes phénomènes qu'avec les banques aujourd'hui : régulièrement, les États renfloueraient les fonds sur le dos des contribuables, histoire de concentrer un peu plus le capital. Et pourtant, à l'évidence, ce système est bien celui vers lequel on continue à nous pousser doucement.
En effet, la France a une particularité : elle ne fait pas travailler ses vieux. A l'exception de la fonction publique, les vieux sont généralement mis à la porte à partir de 54 ans. Dans ce contexte, l'allongement de la durée du travail n'a pas vraiment de sens, car il faudrait plutôt, pour sauver les retraites, se battre pour réduire le chômage, et ce malgré la forte productivité actuelle des salariés français. Cette situation illustre une nouvelle fois l'idée que le marché partage le travail tout seul. L'État doit donc préparer des retraites pour les baby-boomers avec un chômage de masse qui n'est pas prêt de baisser et un dogme de l'interdiction du déficit. Donc, il allonge la durée du travail pour éviter que les vieux n'accèdent à la retraite trop tôt et pour réduire au minimum les pensions, en suscitant un temps de chômage toujours plus long (n'oublions pas que les retraites du privé sont calculées sur les 25 meilleurs années).
Tu vas me dire que je fais encore de la démagogie, cher lecteur, mais je vais te prouver le contraire. Lorsque l'État emploie, il change d'avis. Pour les fonctionnaires, l'âge de la retraite maximal, et c'est d'office, reste à 65 ans. Cela permet à l'État de continuer à supprimer des postes de fonctionnaire, donc des emplois à terme, donc de faire augmenter le chômage et donc, de participer à la crise du système de retraite.
En clair, cher lecteur, malgré le discours "ouverture de droits" de la majorité, ne nous y trompons pas. Il s'agit encore d'une opération comptable de l'État pour sauver les meubles. Il y a vraiment des jours où on se demande quand nos dirigeants auront un peu de courage et penserons aux salariés et aux travailleurs avant de penser aux comptes publics.
Je me demande presque pourquoi, alors que nous sommes dirigés par des politiciens qui se disent libéraux, on se limite à ce chiffre de 70 ans. Si on suit la logique libérale, il serait normal de laisser les salariés décider librement de leur date de départ à la retraite, en fonction des conditions offertes par le régime de retraite choisi, qu'il soit public ou privé. Je te rassure, cher lecteur, on est très loin de là. La mesure, qui revient sur un droit chèrement gagné par le mouvement ouvrier durant le XXe siècle, est présentée comme une mesure technique qui devrait permettre aux salariés de continuer à travailler plus longtemps, vu l'évolution de l'espérance de vie, et de compléter leurs pensions. Un billet du jour signé Authueil résume bien la manière dont les députés voient la chose.
Cette idée, comme le faisait déjà la loi Fillon en 2003, introduit une individualisation forte dans le rapport au régime de retraite que nous avons. Normalement, le système est très simple. Nous cotisons tous en proportion de nos revenus un certain nombre d'années, ces cotisations servant à payer les pensions des vieux en retraite qui nous ont élevés, éduqués et nourris. Lorsque nous arrivons à la retraite, nous touchons à notre tour une pension qui correspond à ce que nous avons nous-même transmis dans le passé. Ce système est profondément solidaire, mais il souffre en ce moment de l'arrivée des baby-boomers à la retraite et de la baisse démographique des années 1970 à 1990.
La loi Fillon a introduit l'individualisation des parcours par rapport au système de retraite. Chacun peut rester plus longtemps et donc toucher une pension plus forte à terme. Cette logique introduit l'idée que la valeur de l'engagement personnel fait varier la pension, et participe à diffuser l'idée fausse que la retraite versée est une rente issue des cotisations précédentes, et non pas une pension. Cela prépare progressivement le passage d'un système de solidarité à un système individualisé de retraites.
Les libéraux s'imaginent que cette loi prépare la capitalisation. Ce système a pourtant montré à de nombreuses reprises les risques qu'il fait courir aux épargnants, y compris en ce moment avec la crise en cours. La seule solution serait que les États garantissent les fonds de pension, ce qui créerait exactement les mêmes phénomènes qu'avec les banques aujourd'hui : régulièrement, les États renfloueraient les fonds sur le dos des contribuables, histoire de concentrer un peu plus le capital. Et pourtant, à l'évidence, ce système est bien celui vers lequel on continue à nous pousser doucement.
En effet, la France a une particularité : elle ne fait pas travailler ses vieux. A l'exception de la fonction publique, les vieux sont généralement mis à la porte à partir de 54 ans. Dans ce contexte, l'allongement de la durée du travail n'a pas vraiment de sens, car il faudrait plutôt, pour sauver les retraites, se battre pour réduire le chômage, et ce malgré la forte productivité actuelle des salariés français. Cette situation illustre une nouvelle fois l'idée que le marché partage le travail tout seul. L'État doit donc préparer des retraites pour les baby-boomers avec un chômage de masse qui n'est pas prêt de baisser et un dogme de l'interdiction du déficit. Donc, il allonge la durée du travail pour éviter que les vieux n'accèdent à la retraite trop tôt et pour réduire au minimum les pensions, en suscitant un temps de chômage toujours plus long (n'oublions pas que les retraites du privé sont calculées sur les 25 meilleurs années).
Tu vas me dire que je fais encore de la démagogie, cher lecteur, mais je vais te prouver le contraire. Lorsque l'État emploie, il change d'avis. Pour les fonctionnaires, l'âge de la retraite maximal, et c'est d'office, reste à 65 ans. Cela permet à l'État de continuer à supprimer des postes de fonctionnaire, donc des emplois à terme, donc de faire augmenter le chômage et donc, de participer à la crise du système de retraite.
En clair, cher lecteur, malgré le discours "ouverture de droits" de la majorité, ne nous y trompons pas. Il s'agit encore d'une opération comptable de l'État pour sauver les meubles. Il y a vraiment des jours où on se demande quand nos dirigeants auront un peu de courage et penserons aux salariés et aux travailleurs avant de penser aux comptes publics.
Je donner un avis neutre qui ne représente pas ma sensibilité politique et sociale.
RépondreSupprimerJe vis en région frontalière et suis spécialisé dans le système de retraite suisse.
Ils ont un mélange de répartition et capitalisation appelés 1er et 2ème piliers des retraites.
La partie répartition est similaire au système français avec un plafond de retraite de 1500€/mois selon le nombre d'années travaillées et le salaire final.
Le 2ème oblige salarié et patron à cotiser un pourcentage du salaire vers un caisse de pension, le montant épargné sera versé à l'age de la retraite en partie sous forme de capital, et rente viagère.
Les veufs/veuves bénéficiant d'une partie de la retraite du conjoint.
Ce système a le mérite d'offrir des retraites honorables aux suisses et frontaliers. Le taux d'intérêts des caisses de pension est très faible et donc facile à appliqué sur du long terme, pas besoin de régulation étatique.
J'aimerais ce système pour moi, j'aurais simplement plus d'argent à la retraite, c'est con, mais en France je suis persuadé de ne rien avoir.
@ Manuel : pourquoi pas, mais ces caisses de retraite interviennent-elles dans l'économie ? Font-elles des investissements et des prêts ? Quelles sont les garanties en cas de krach ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas, en ce moment, elles ne sont pas en danger, elles sont garanties à 2.5%, ce qui est facile à obtenir avec des placements en devises, donc pas vraiment sujets aux crises
RépondreSupprimer@ Manuel : mouais, y a quand même un risque de jeu en bourse. Je suis sûr que l'État aligne derrière en cas de problème. Il faudrait se renseigner.
RépondreSupprimerEn fait rien n'interdirait que l'Etat divise sa gestion des retraites "à la suisse", d'un côté garantissant l'existence du modèle "par répartition" et de l'autre faisant office de "fond de pension totalement garanti" pour ceux qui choisissent d'opter pour un bonus par capitalisation, on pourrait même imaginer que l'argent placé serve à financer le logement social (qui grâce à la loi Boutin va devenir bien rentable), mais là ce serait priver les assureurs et les banquiers de l'opportunité de jouer avec les vies de millions de personnes : immoral !!
RépondreSupprimer@ Fabrice : mais, ça existe déjà ce système, pour les fonctionnaires. C'est la Préfon, ça, non ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas où vont les fonds de la Prefon donc aucune idée
RépondreSupprimerMathieu, ces fonds de pension investissent dans des obligations d'État, ça ne se casse pas la gueule comme ça, un état!
RépondreSupprimerJe n'ai jamais dit qu'ils avaient le choix, les deux piliers sont obligatoires et complémentaires.
Jusqu'au milieu des années 80', il n'y avait que la retraite par répartition, ils ont imposé le 2ème pilier pour permettre aux gens d'avoir une retraite permettant de garder un niveau de vie correct.
@ Manuel : ok.
RépondreSupprimer"Il s'agit encore d'une opération comptable de l'État pour sauver les meubles".
RépondreSupprimerCertes, mais les comptes de l'État, c'est un peu notre problème ! Les intérêts de la dette nous coûtent 40 milliards chaque année, de l'argent qui pourrait être investis dans l'éducation, la sécurité, les infrastructures publiques...
Tu as raison, un État ça ne fait pas faillite. Il peut facilement se libérer lorsqu'il est sur-endetté, en faisant table rase ou en créant de l'inflation. Mais bon, il s'agit ni plus ni moins que de voler l'argent de ceux qui lui ont prêté !
J'avais pas vu que ce message datait d'il y a 4 mois... Hé ho ! (écho...)
RépondreSupprimer@ Paul : ben alors, tu t'es perdu ? En plus, tu m'as forcé à relire un article que je ne trouve pas mauvais en fait...
RépondreSupprimerJe ne dis pas qu'il ne faut pas réduire la dette publique, je dis juste que les méthodes utilisées vont avoir pour conséquence de dégrader la vie des futurs retraités. Il doit y avoir d'autres solutions.
Je ne suis pas pour la planche à billets, qui ferait du mal à tout le monde, et beaucoup plus aux salariés qu'aux capitalistes prêteurs. Cependant, les États pourraient être tentés par cette solution pour liquider les dettes pourries qu'on va forcément finir par reprendre aux banques.
Je ne me rappelle plus comment je me suis retrouvé là, mais si j'ai contribué à nourrir ton narcissisme alors tout va bien ;-)
RépondreSupprimerAllonger l'âge de la retraite n'est certainement pas LA solution, mais ça peut limiter les dégâts en attendant de la trouver !
La partie "Répartition" ne devrait pas dépendre de l'activité, mais seulement du nombre d'années travaillées modulo un facteur de pénibilité.
RépondreSupprimerEn effet, tous les retraités ont la même activité: ce sont des consommateurs. Leur valeur ajoutée ne devrait s'évaluer qu'à cette aune ainsi qu'à l'espérance de vie moyenne à l'âge de départ à la retraite (via le coeff. de pénibilité)
Peu de gens ont parlé du problème du financement des grosses pensions dans un système par répartition.
@ Fabrice_BLR : il est normal que chacun touche en fonction de ce qu'il a contribué, puisque son activité a aidé beaucoup de vieux par le passé. Je suis personnellement contre la limitation par les hauts des pensions.
RépondreSupprimer@Mathieu L.
RépondreSupprimerJe pense que tu fais le choix d'une forme de capitalisation sans t'en rendre compte.
La répartition a quand même un problème, à savoir les variations démographiques au cours du temps, comme notre génération peut le constater. Elle a donc elle aussi une part d'aléa injuste.
@ Fabrice_BLR : aucun système n'est parfait, mais la répartition est, dans toutes les configurations, moins injuste que les autres systèmes existants.
RépondreSupprimerMaintenant, je ne nie pas le problème démographique.
Tiens, tu me donnes une idée de billet. Je vais essayer de faire cela aujourd'hui.
@Mathieu L.
RépondreSupprimerS'agissant de l'injustice, je serais vraiment partisan d'une métrique permettant de l'évaluer. Car pour le moment nous échangeons des principes l'un en face des autres. Me concernant, je suis progressiste, donc je n'adhère pas aux théories de "l'inégalité génératrice de richesse" défendue avec beaucoup de talents par notre président. Néanmoins, je suis plutôt tendance "Hirsch", j'aimerais des indicateurs, consensuels et des travaux d'universitaires/experts indépendants, afin de pouvoir évaluer toutes les méthodes possibles.
@ Fabrice_BM : il y a eu de nombreux rapports du COR tout de même, sur ces questions. D'autre part, des économistes ont beaucoup publié lors du mouvement sur la dernière réforme des retraites.
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