Depuis un bon moment, je suis avec intérêt le parcours de Jean-Luc Mélenchon. J'adhère très souvent à son discours et je trouve que sa stratégie d'attaque des journalistes a pu lui permettre de s'exprimer assez largement dans les médias. J'espère juste qu'il ne va pas s'enfermer dans cette posture qui peut être, à terme, assez réductrice.
Cependant, ces dernières semaines, il s'est fait coincer à plusieurs reprises sur la question de Cuba.
Tout a commencé par une polémique avec Jean Quatremer sur le boycott du prix Sakharov en fin d'année dernière. A plusieurs reprises, des journalistes ont rebondi sur cette question en interrogeant Mélenchon sur ce thème. Les affrontements ont été particulièrement durs avec Jean-Michel Apathie sur RTL et au Grand Journal récemment.
A chaque fois, Mélenchon s'est enfermé dans une posture assez discutable. Il s'est systématiquement refusé à admettre que Cuba était une dictature si le journaliste en face de lui n'acceptait pas que le blocus américain sur Cuba était scandaleux et avait poussé les Cubains dans la dictature. Le journaliste se refusant à briser sa position de neutralité, le président du Parti de Gauche peut s'en sortir par une pirouette qui laisse quand même l'auditeur ou le téléspectateur sur l'idée que le député européen refuse d'admettre le caractère dictatorial du régime cubain.
On peut parfaitement comprendre que Mélenchon, qui tente de faire un hold-up sur les militants du PCF, ait du mal à manier la question des dictatures communistes subsistant actuellement. Cependant, la posture est gênante, dans cette époque où les dictatures du monde arabe flanchent.
Certes, il est évident que les Etats-Unis ont toujours eu, avec les dictatures, un comportement ambivalent s'appuyant sur leurs présupposés idéologiques. Ils ont largement maltraité leurs opposants communistes ou islamistes tout en soutenant, parfois avec bienveillance, les bonnes vieilles dictatures capitalistes. C'est finalement cohérent. On peut regretter que les démocraties capitalistes aient des comportements différents plutôt que de s'appuyer sur des principes clairs sans adaptation au contexte géopolitique et économique mais...
... il est totalement anormal qu'un leader de gauche se refuse à condamner une dictature, quelle qu'elle soit. Le régime cubain, comme celui de Corée du Nord, est le modèle qui montre à toute la gauche ce qu'il ne faut pas faire. Ne pas affirmer que ces pays sont des dictatures est une faute politique pour quelqu'un qui se veut maintenant l'incarnation d'une sorte de gauche purifiée des errements du Parti Socialiste.
Alors, que faudrait-il faire ? C'est pourtant simple, ma bonne dame ! Il faut à la fois reconnaître que les dictatures communistes sont aussi mauvaises que les autres, tout en soulignant, à chaque fois que la nécessité l'exige, les incohérences des politiques de nos démocraties face aux dictatures. On y gagnerait en clarté et en cohérence.
J'espère que Mélenchon sortira vite de ce traquenard. Il est quand même dommage, dans le contexte actuel, que le leader du PG se retrouve à chaque fois à devoir se justifier sur Cuba alors que le contexte devrait être favorable aux valeurs qu'il porte.
Allons, Jean-Luc, il faut rapidement se recentrer sur les sujets importants et arrêter de tomber dans les pièges que l'on vous tend.