- Le travail est une charge lourde pour tous les individus et il faut au moins l'empêcher de s'accroître et au mieux le faire encore plus diminuer. Cette position prédomine depuis le milieu du XIXe siècle dans les politiques menées, sauf à quelques rares moments comme en 1938 par exemple.
- le travail est un moment formidable d'épanouissement personnel, et en plus, plus on travaille et plus on est riche.
Blog tenu à trois mains par un métèque, un juif errant et un pâtre grec. Chacun a son passé, ses idées, ses valeurs, parfois communes, parfois différentes. Ici, on débat avec tous et de tout !
mercredi 5 janvier 2011
Posons la question aux citoyens : travailler plus, rester dans la situation actuelle ou travailler moins ?
dimanche 9 mai 2010
"De toute façon, nous, les Français, avons trop profité."
Alors que nous stationnions près d'un stand, j'avisais deux hommes qui étaient en train de deviser à la terrasse d'un café sur le problème des retraites. C'était surprenant, cher lecteur, d'entendre ainsi des individus parler d'un thème pareil un dimanche après-midi pendant une brocante. Les deux suspects étaient semble-t-il eux-mêmes suffisamment âgés pour profiter eux-mêmes de ce repos bien mérité. Intrigué, je tendais donc l'oreille en espérant saisir une conversation de haute-volée, et là, j'entendis cette phrase :
"De toute façon, nous, les Français, avons trop profité."Essayant de saisir le contexte, je compris que les deux septuagénaires (ce n'est qu'une supposition) comparaient nos retraites à celles des Grecs et suggéraient que nous serions bientôt au même régime.
Au-delà de l'aspect politique des choses, c'est le terme "profité" qui m'intéresse le plus. Je suis toujours curieux des personnes qui mettent de la morale en politique. En effet, le fait de dire que les citoyens profitent insinue que ce que nous faisons est illégitime, car il n'est pas bon qu'un homme parte trop tôt en retraite, car c'est au travail que nous sommes heureux. De fait, le régime de retraites dont nous bénéficions serait donc carrément immoral.
Or, la politique n'a que faire de la morale. Le débat sur les retraites se pose sur deux axes :
1) Qu'est-ce veulent nos concitoyens ?
2) Est-ce réalisable et comment ?
Le fait de dire que les Français ont trop profité va à l'encontre même de la logique démocratique. Si nous avons des retraites comme elles sont aujourd'hui, c'est que nos ancêtres, à un moment, ont soutenu la mise en place de ce système. Peut-être nos concitoyens ne le soutiennent plus aujourd'hui ? Peut-être estiment-ils qu'il faut travailler davantage ou moins ? Peut-être préféreraient-ils en finir avec la répartition et aller vers un autre système ? Toutes ces questions sont rationnelles et peuvent parfaitement être posées.
Encore faudrait-il que nos dirigeants souhaitent vraiment que nous puissions nous exprimer sur le sujet, mais, de ma petite mémoire politique, je n'ai pas souvenir qu'une seule campagne électorale se soit centrée sur ce thème. En 2007, ce sont la sécurité, le travail et le pouvoir d'achat qui étaient au-devant de la scène. Les retraites ne furent pas évoquées.
En démocratie, la morale n'a pas sa place. Personne n'a à me dire si je profite trop ou pas assez, car chaque citoyen a sa propre morale et estime lui-même ce que doit être sa vie. Par contre, je suis parfaitement prêt à me confronter démocratiquement aux autres et à faire triompher mon point de vue. Si je perds, je travaillerai comme la majorité l'aura décidé, et je respecterai le système, tout en continuant à prôner mes idées et mes valeurs.
J'espère en tout cas que mes deux vieux étaient prêts à s'appliquer cette vision à eux-mêmes, à leurs enfants et à leurs descendants. Si les Français ont trop profité, cela signifie donc que eux aussi, et j'espère qu'ils vont avoir l'honnêteté de reprendre rapidement le travail.
vendredi 23 avril 2010
Le Sofa bar de Kiel - Bar à alcooliques SDF
mercredi 13 janvier 2010
La réforme des retraites nous promet de belles empoignades.
Lors d'un récent sondage, les Français semblaient s'exprimer clairement concernant leur volonté sur leur futur retraite, en indiquant à 64% vouloir quitter le travail le plus tôt possible, soit en cotisant davantage, soit en baissant le niveau de pension. Voilà qui devrait convaincre ceux qui s'imaginent que les relations au travail sont merveilleuses en France qu'on en est très loin. Ce phénomène est sans doute accru par le chômage de longue durée, très important chez les plus de 57 ans.
Or, le Figaro a tenté de manipuler ce sondage en affirmant que les Français étaient prêts à un recul de l'âge du départ à la retraite (alors que seuls 34% des sondés s'expriment dans ce sens). Mardi, Xavier Darcos a commencé à dire que le gouvernement s'orientait plutôt vers un recul de l'âge légal de départ à la retraite. En clair, notre gouvernement, comme il le fait régulièrement et dans tous les domaines, se prépare à une réforme qui va remettre en cause des droits sans sauver le système pour autant. La seule annonce positive consisterait à inclure la pénibilité dans le calcul de la durée de cotisation, mais sans élément précis pour l'instant.
Il existe pourtant de nombreuses propositions sur la table concernant nos retraites. On pourrait d'abord se demander pourquoi on ne s'attaque toujours pas à la multiplicité des régimes existants pour les fondre en un seul, rendant à la fois le suivi des dossiers plus simple, rationalisant les coûts et surtout, mettant toutes les professions dans le même système solidaire.
D'autre part, d'autres systèmes sont proposés, comme le système de compte notionnel, avancé régulièrement à droite mais aussi par l'économiste Thomas Piketty à gauche, et appliqué actuellement en Scandinavie.
Enfin, si les Français sont prêts à une hausse de cotisation, pourquoi est-ce inacceptable à envisager ? Comme dans d'autres débats, il est évident que le mépris du citoyen domine encore. Il est dommage, si l'idée n'est pas pertinente, qu'on ne prenne la peine ni de dire pourquoi, ni même de le dire tout court.
Au moins peut-on espérer que les grandes difficultés des fonds privés de retraite dans certains pays occidentaux ne ramèneront pas les systèmes individualistes (et gérés par les assurances) sur la table des négociations...
dimanche 4 octobre 2009
Les votations citoyennes pour la Poste sont un succès, mais la question n’était pas la bonne.
Ce vote est un succès, avec près de deux millions de votants décomptés ce soir. Cependant, il pose un véritable problème : seuls les anti-privatisations ont participé. En effet, la question insinuait que la Poste allait forcément être privatisée, ce que le gouvernement s'évertue à rejeter depuis le mois de juillet, sans que personne n'y croit : depuis 1983, aucune privatisation n'a été mise en échec. Les personnes préférant la privatisation se sont donc abstenues.
Pour moi, le vrai défaut de la consultation est dans sa question même. Il aurait fallu demander, non pas si on était contre la privatisation, mais si on souhaitait un référendum sur la question. Là, la participation aurait pu être beaucoup plus massive et les pours comme les contres auraient eu la possibilité de s'exprimer.
Je suis pour un référendum sur ce sujet, pour au moins deux raisons :
- Nicolas Sarkozy n'a jamais avancé cette réforme dans son programme de 2007 comme une mesure-phare de sa présidence. Il n'a donc pas une légitimité forte sur ce point.
- Jamais on n'a consulté le peuple français sur une nationalisation ou une privatisation. Or, il me semble normal de demander à ceux à qui le service public est rendu ce qu'ils souhaitent. Ainsi, les libéraux comme les socialistes et les autres tendances politiques auront tout le loisir de développer leurs théories sur les services publics et la place du collectif et de l'individuel dans notre société.
Ce soir, la droite nie la légitimité de cette votation, et elle a raison ! Finalement, c'est elle qui refuse au peuple le droit de s'exprimer. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les textes d'application de la réforme constitutionnelle, sur le point du référendum d'initiative populaire, traînent toujours dans les tiroirs.
Tiens, les sondages (dont la légitimité est encore plus à caution que celle d'une votation mais que nos politiques trouvent plus représentatifs) disent que les Français veulent un référendum. Et si on osait, pour une fois, demander l'avis des citoyens ?
Pas sûr que nos gouvernants y soient prêts. Alors, les gars, on a peur de perdre ?
samedi 14 mars 2009
Travailleurs, restons fiers de notre travail !
L’exemple a frappé, bien plus encore que celui de l’affaire Total. En effet, les salariés de cette entreprise avaient accepté de remettre en cause leurs droits (35 heures et RTT) pour travailler 40 heures payées pareilles que 35 heures, dans le but de sauver leurs emplois. Les médias se sont gaussés, dans ce contexte de crise, de l’échec de cette stratégie : les salariés perdent leurs emplois comme avant, et sans aucun avantage gagné.
Pour moi, les salariés de Continental ont été victimes aussi d’une dégradation permanente menée par l’ensemble des corps médiatiques et élitistes, de la valeur du travail.
Quel était le discours de Continental ? "Globalement, votre travail est sans valeur réelle. Un ouvrier chinois ferait la même chose, et il travaillerait 20 heures de plus par semaine, sans nous ennuyer avec vos demandes permanentes car au moins, eux, ils n’ont pas de syndicats. Or, nous sommes bien gentils, nous avons une éthique, et nous vous proposons de conserver vos emplois en échange d’une remise en cause de vos droits qui préservera nos profits."
En soi, le deal a pu sembler séduisant à nos ouvriers de l’Oise, d’autant plus que les emplois industriels disparaissent depuis le début des années 1980. Cependant, au final, quel résultat ? Ils ont travaillé deux ans de plus à 40 heures, et maintenant, ils sont virés. Lorsque l’activité repartira, si Continental existe toujours, ouvrira sans doute un belle usine en Europe de l’Est ou en Chine, exploitant pour moins cher les ouvriers locaux.
Cette situation vient du fait que les personnes ayant des emplois peu valorisés par la société ont perdu toute fierté dans leur travail, et toute confiance en elles-mêmes. S’estimant encore chanceux d’avoir un travail, et voulant tout faire pour le conserver, ils étaient prêts à accepter beaucoup. Ce manque de fierté des travailleurs du bas de l’échelle, je le vois tous les jours dans les classes. De nombreux parents s’estiment totalement dévalorisées, et espèrent que leurs enfants seront médecins. Devant l’échec de leurs gosses, ils sont dans une honte terrible, pensant que leur enfant fera le même travail infâme qu’eux. Pourtant, sans tous ces boulots, comment notre société fonctionnerait-elle ? On ne peut pas faire tourner une société développée comme la nôtre avec des employés des services, des cadres et des fonctionnaires. Contrairement à ce qu’on nous dit souvent, nous sommes toujours dans une société industrielle, même si l'industrie ne ressemble plus à celle des années 1950.
Ce qui a changé, c’est simplement la localisation de nos industries employant des ouvriers peu qualifiés : maintenant, notre appareil productif est en Chine, où la merveilleuse société socialiste chinoise aide nos capitalistes occidentaux à maximiser leurs profits. Je ne vais pas blâmer Continental ni aucune autre entreprise de faire ces choix. Contrairement à d’autres, je trouve que cette situation est cohérente. Les entreprises capitalistes servent à dégager du profit pour des actionnaires, et les responsables sont ceux qui nous ont fait croire qu’une boite pouvait avoir une éthique autre que celle-là.
Le problème se localise plutôt au plan politique : ce sont nos gouvernements qui ont mis en place cet écrasement des plus faibles et des plus pauvres ici, et cette exploitation des encore plus pauvres là-bas. Ce sont nos hommes politiques qui ont choisi de ne plus agir de manière trop forte sur l'économie. Ce sont nos dirigeants qui préfèrent agiter la menace de l'immigré, du musulman ou de l'ouvrier chinois que d'assumer leurs responsabilités.
Ce processus touche même les classes moyennes. Je le vis tous les jours dans l’enseignement, où la dévalorisation permanente menée par les pouvoirs sur notre travail touche les collègues et finit par nous faire accepter beaucoup de choses, et encore avons-nous la protection de l'emploi qui nous permet de résister un peu. Cette crise devrait nous permettre de revenir là-dessus et de reprendre conscience que le politique reste au centre des choses.
Je sais qu’il est très difficile, dans un monde où tout le monde vous dit le contraire, d’être fier de son travail, mais je reste assez persuadé que c’est en étant fier de soi et de son ouvrage, quel qu’il soit, qu’on en arrive à la conscience sociale et à l’engagement dans des luttes. Le capitalisme est devenu plus libre parce que les plus faibles et les classes moyennes ont perdu leur fierté d’eux-mêmes et de leur utilité sociale. Le travail de reconquête doit commencer là.
Ah, si seulement, à gauche, on s’en rendait un peu compte…
vendredi 6 mars 2009
Les relents nauséabonds de la prohibition.
Au départ, l’idée était d’interdire tout moyen gratuit de picoler. Finis, les systèmes où tu paies une entrée et où tu picoles librement ensuite. Finie, la dégustation gratuite du vin dans les caves et chez les vignerons. Bref, voici notre gouvernement devant une nouvelle tentative de régulation des pratiques addictives qui va finalement frapper l’ensemble de la population. Finalement, seule la pratique de l'open bar devrait être remise en cause.
Ce matin, les invités de France Inter parlaient justement de ce phénomène. Michel Reynaud, médecin à l’hôpital Paul Brousse à Paris, a indiqué que 50% de la consommation d’alcool était réalisée par 8% des Français. En clair, l’addiction ne concerne qu’un dixième à peine de la population mais on se prépare à briser l’ensemble des Français.
Dans ces cas-là, on se retrouve toujours coincé entre ceux qui pensent que l’Etat doit se mêler de cette question, plutôt conservateur en général, et ceux qui estiment que les autorités doivent intervenir pour aider ces personnes en crise sans léser le reste de la population dans leurs libertés.
L’interdiction a parfois été vue comme une solution, comme aux Etats-Unis dans les années 1920, avec la catastrophe que l’on sait : l’interdiction a suscité de nombreuses dérives, une baisse de la qualité de l’alcool consommé, un développement des mafias et des trafics financiers.
Evidemment, tu l’auras compris, cher lecteur, je me place dans le second camp, d’abord parce que le fait que l’Etat veuille me faire payer mes dégustations de vin dans les caves me prive d’un réel plaisir, alors que je ne suis pas alcoolique et que je ne représente pas un danger pour mes concitoyens, et ensuite parce que j’estime qu’on a aussi le droit de boire une fois de temps en temps, et même souvent si on le souhaite. Les services de santé doivent tenir à disposition des aides pour les personnes qui souffrent, mais l’action publique doit s’arrêter là.
La question des jeunes est évidemment présente, mais, comme je l’avais déjà exprimé sur la pornographie, je pense que c’est dans la famille, dans l’éducation que se gèrent les problèmes d’addiction. Ce sont les enfants en crise et en souffrance qui tombent là-dedans, pas les autres. Et n’oublions pas que les ados se lancent souvent dans de grandes beuveries pour tester les limites mais qu’ils ne deviennent pas alcooliques pour autant ensuite.
Dans ce débat, l’Etat ne devrait intervenir que lorsque l’alcoolisme met en danger les autres citoyens. Il le fait dans le cas de l’ébriété sur voie publique ou dans le cas de l’alcoolémie au volant. Là, son intervention est légitime. Pour le reste, on aimerait que le gouvernement se consacre à d’autres choses qu’à ce type de problème, comme par exemple s’occuper de la crise économique ?
Pour les alcooliques, comme pour les drogués d’ailleurs, la prise en charge doit être sociale ou médicale, mais ne relève pas de la morale ou de la loi. Laissons les services sociaux s’occuper de ces personnes/
Voilà pour une fois un point d’accord avec le camarade Rubin, qui reprend les idées de Nicolas. Damned…
jeudi 19 février 2009
Merci, Mr Sarkozy !
En 22 heures, nous avons reçu 539 visites et 505 visiteurs uniques absolus. Ils ont été dirigés sur cet article, qui sort en premier, même devant le Monde et le Figaro.
Même sur mon autre blog, pourtant bien mieux classé au Wikio, je n’ai jamais eu cette explosion en un temps aussi court.
Alors, Monsieur le Président, la rédaction d’Avec nos gueules… vous adresse ses plus sincères remerciements.
Vivement le prochain discours.
dimanche 15 février 2009
Cher lecteur, payons les dettes pourries des banques !
Ici, des rumeurs bruissent : certains pays européens sont au plus mal financièrement. Il se murmure même que l’Autriche serait sur le point de demander une aide d’urgence à l’Allemagne pour retrouver un peu de liquidités. Le sort de l’Islande, en pleine débâcle financière et en train de nationaliser tout son système financier, a l’air de guetter un certain nombre de petits pays européens fragiles.
A la suite de ce dernier billet, l’auteur nous indique que l’une des solutions possibles serait que les États reprennent les créances pourries de nos banques pourries, puisque seul les États disposent de la longévité pour étaler toutes ces dettes et les payer. C’est ce que vient de faire l’Islande. Cependant, il faut te rappeler une chose simple, cher lecteur, si l’État ne peut jouer de la planche à billets pour dégrader la valeur de ces capitaux, ces dettes seront payées, c’est sûr, mais par les impôts.
En clair, dans ce merveilleux processus de crise qui est le nôtre aujourd’hui, crise que beaucoup voyaient venir d’ailleurs, non seulement les prix montent (ce qui frappe les pauvres en premier, mais touchera vite les classes moyennes), le crédit est paralysé, les salaires stagnent, le chômage augmente, et en plus, il va falloir que l’on paie les conneries des banques avec nos revenus, puisque c’est sur eux que portent les deux impôts les plus importants, l’impôt sur le revenu et la TVA.
Tout cela signifie quoi ? Tout d’abord, les dépenses publiques vont connaître une hausse considérable dans les prochaines années, puisqu’il va falloir assurer le traitement social de la crise, relancer la machine économique, investir et payer les dettes des banques. Cela signifie ensuite que ce sont encore les pauvres et les classes moyennes qui vont payer les pots cassés de l’économie. Personnellement, si je le pouvais, je laisserais crever les banques et leurs actionnaires, je te nationaliserais tout cela et je ne paierais pas ces dettes : les banquiers ont prêté n’importe comment, tant pis pour eux, qu’ils tombent, et les capitalistes qui ont passé l’argent avec. Malheureusement, c’est de l’utopie…
Pour certains, on ne pourra pas faire mieux et on entre dans une période de crise terrible. Pour moi, l’État risque bien d’être obligé de relancer la planche à billet. Théoriquement, l’euro empêche cela. Contrairement à d’autres raisons parfois évoquées, voilà un beau défi posé à la monnaie unique : pourra-t-on sortir des dogmes et trouver des solutions innovantes à cette vaste crise économique ?
Pour le moment, cher lecteur, je ne vois pas venir grand-chose…
dimanche 25 janvier 2009
Billet de week-end II : jeudi, c'est grève !
Je ne vais pas te refaire le coup du militantisme acharné pour te convaincre de te mettre en grève. Cependant, pour t'y préparer, voici une nouvelle chanson du dimanche.
Bonne écoute !
vendredi 26 décembre 2008
A qui profite le travail dominical ?
Je voudrais ici revenir sur un argumentaire que j'ai fait chez lui en commentaire. Je te pose une simple question, cher lecteur : à qui profite l'ouverture du dimanche ?
J'avais déjà développé ici les aspects économiques du travail du dimanche : selon cet article, le travail du dimanche ne changeait rien pour l'économie si on déplaçait le jour de congé, et représentait une hausse du temps de travail si on permettait de travailler davantage que les 35 heures (voire les 39 heures vues les lois récentes).
Depuis, j'ai développé une petite argumentation sur les bénéficiaires. Comme le souligne Luc Mandret, de nombreuses activités économiques fonctionnent déjà le dimanche. Il y a déjà certains services publics, mais aussi les cafés et les restaurants, et un grand nombre de petits commerçants. Enfin, les grandes surfaces bénéficient de dérogations sur certains dimanches, et les zones touristiques ont un statut particulier. Apparemment, il n'y a pas de gagnant.
Et pourtant, si ! Je pense ici aux grandes surfaces qui se trouvent en périphérie des grandes villes. Ces grands centres commerciaux sont d'inspiration américaine et s'appuient sur l'automobile. En effet, les villes françaises sont très denses et les lois en vigueur interdisent les grandes constructions en zone urbaine. Donc, les grands centres commerciaux s'installent loin des centres-villes, souvent à l'écart des transports en commun. Sans voiture, impossible de s'y rendre sans grande difficulté. Et même avec la voiture, cela peut être compliqué.
Ces centres commerciaux ont donc un gros défaut : ils sont chronophages. Vus les emplois du temps des salariés aujourd'hui, il est délicat de placer dans une semaine le travail, les enfants, les amis, les loisirs... et les courses qui vont prendre une après-midi entière. Le dimanche pourrait donc permettre de libérer ce temps et de rendre rentable des centres commerciaux en difficulté.
Ce modèle est complètement dépassé : la question de la consommation pétrolière automobile reste posée, ces centres menacent le petit commerce qui est aussi créateur d'activités économiques et ces centres n'offrent pas forcément des prix plus intéressants qu'ailleurs. Il faudrait plutôt viser à la relocalisation des centres commerciaux, en envisageant des surfaces plus petites, que de soutenir des structures dont la conception date des années 1960.
Il n'y a pas que des aspects sociaux dans cette mesure. C'est un vrai débat global de société. Poursuivons-le, bon sang !
jeudi 11 décembre 2008
Christine Lagarde annonce un projet de loi sur le crédit revolving.
Je trouve pourtant que l'on se moque de nos compatriotes avec ce type d'annonce. Depuis le début du mandat de Sarkozy, le gouvernement ne cesse d'insister sur l'idée de gain et de consommation. La crise a accru le phénomène : cela se retrouve dans les raisonnements sur le travail du dimanche par exemple. Les politiciens de droite poussent donc les Français à consommer en augmentant leur temps de travail, mesure pénible car elle oblige à une dégradation des conditions de vie. Nos amis de droite refusent toujours d'envisager un quelconque mouvement des salaires : ce terme reste un mot tabou. Au contraire, les économistes autorisés ne cessent de dire qu'il ne faut surtout pas distribuer du salaire maintenant. Cela ne servirait à rien car nos concitoyens dépenseraient leur argent pour acheter des produits étrangers.
Coincés dans cette situation, nos concitoyens sont cohérents : ils cherchent du pouvoir d'achat ailleurs, sans avoir à dégrader leurs conditions de travail, et voilà que des organismes bancaires leur proposent des crédits assez facilement sans que d'importantes conditions soient requises. Certes, il y a un peu d'endettement, mais après tout, si on consomme...
Il semble que le projet de loi vise surtout les organismes bancaires, mais je voudrais ajouter quelque chose. Depuis les années 1970, l'apparition du chômage de masse a brisé la logique des Trente Glorieuses qui avait permis une hausse régulière des salaires et de la consommation. Pour remplacer cela, les politiques nous ont vendu le crédit ou le travailler plus. On ne permettra aux gens d'arrêter de s'endetter au-delà de leurs possibilités que si on cesse de leur faire croire que tout le monde peut tout acheter, et que l'on se relance dans une politique de hausse des salaires, permettant finalement la vraie redistribution : celle qui vient du travail et de la production de richesses, de quelque forme qu'elle soit. La hausse du salaire est le seul moyen d'accroître son revenu décemment, sans dégrader ses conditions de vie et en construisant son avenir sereinement.
N'oublie pas, cher lecteur, qu'il vaut mieux que les richesses aillent vers les salaires que vers les capitaux. Les pauvres et les classes moyennes dépensent, alors que les riches épargnent. Même les économistes les plus libéraux le disent, alors, mettons ce beau principe en œuvre.
lundi 8 décembre 2008
Ah, c'est la crise, aidons vite les pauvres retraités actionnaires à s'en sortir !
Lorsque je l'ai entendu ce matin sur France Inter, Marini a presque failli me faire pleurer. Voilà qu'il nous présente le cas suivant : "Imaginez ce retraité qui a dû vendre ses actions en catastrophe pour permettre de faire entrer sa femme en maison de retraite. Voilà un homme en grande difficulté que nous devons aider".
Tiens, c'est marrant. Moi, j'avais plutôt l'impression qu'en ce moment, les vieux en difficulté étaient plutôt ceux qui touchent le minimum-vieillesse et qui n'arrivent plus à assumer leurs frais de base. En effet, si ces personnes sont déjà capables de déduire 10 700 € de leur revenus, c'est qu'ils sont au-dessus du minimum-vieillesse.
Pour moi, la mesure est nocive sur au moins deux points :
- Il existe une multitude de moyens pour placer son argent : achat de biens immobiliers, assurances-vies, livret bancaires protégés par la collectivité, investissement dans les entreprises innovantes... Le capitalisme a inventé de nombreuses solutions pour permettre à ceux ayant du capital de le faire fructifier. Ces retraités, puisque c'est à eux que pense Marini, ont fait le choix de placer leurs capitaux sur les investissements les plus à risques, sans doute parce qu'ils espéraient faire le maximum de bénéfices possibles. Aujourd'hui, dans le jeu boursier, ces gens ont perdu, mais seulement pour le moment : n'oublie pas, cher lecteur, que le marché repartira à la hausse. On soutient donc les gens qui ont paniqué, car je ne crois pas que si tu es capable de vendre 25 000 € d'actions, tu aies du mal à aider ta femme qui va en maison de retraite. Encore une mesure profondément déresponsabilisante, d'autant plus que les gains sont déjà en grande partie exonérés : quand tu gagnes, tu gardes, et quand tu perds, tu gagnes aussi !
- Le second problème est que l'État a déjà des problèmes financiers. Continuant à refuser de jouer sur les recettes, la majorité continue à créer des dépenses par des exonérations, pour aider des riches ici. Je sais que je vais encore passer pour un gauchiste, mais je ne veux même pas leur prendre de l'argent. Je pense juste qu'ils doivent assumer leurs responsabilités et accepter de perdre l'argent qu'ils ont jouée. Il y a d'autres catégories de personnes qui ont vraiment besoin de l'État pour affronter la crise. Les ouvriers de l'automobile, victimes des mauvais choix de leurs entreprises et qui perdent du salaire en chômage technique, alors qu'ils veulent travailler, auraient pu, eux, recevoir quelque chose, comme une compensation salariale totale, juste avant les fêtes. Cela coûterait-il si cher, et plus que l'aide de Marini ? Peut-être même pas... Et que dire de l'important groupe de retraités au minimum-vieillesse ?
mercredi 17 septembre 2008
Une proposition libérale : le revenu d'existence, le retour.
René Foulon a répondu et clarifié quelques points, car je n'avais pas été le seul à réagir. Je dois te dire que ma première réaction a été l'agacement profond. Mon contradicteur a en effet trouvé opportun de me classer dans un groupe politique particulier, qu'il a présenté comme étant de "philosophie collectiviste". Je dois te dire que ce type de rhétorique me gène, au moins sur deux aspects:
- Tout d'abord, il vise à discréditer le contradicteur auprès des autres lecteurs du blog. En effet, la plupart d'entre eux sont libéraux, ce qui signifie que je ne fais pas partie du cénacle. Je suis donc immédiatement discrédité et mon argumentaire, collectiviste par essence, ne peut donc être que bêtement contre. Ce type de raisonnement marque la volonté de me classer comme un opposant pavlovien (c'est à la mode). Or, j'ai posé des questions simples et appuyé un raisonnement auquel René Foulon n'a pas complètement répondu, préférant se concentrer sur les remarques de Criticus. Si tu ne le connais pas, cher lecteur, Criticus se dit proche politiquement du sieur Foulon, et ils cogèrent ensemble, avec LOmiG, le réseau LHC.
- Ensuite, cette logique amène à ne pas répondre à toute une partie de mon argumentation, puisque je suis collectiviste, et donc inaudible par essence. C'est malheureux, car je posais des questions que j'estime légitime.
Passons sur cette série de divagations personnelles (tu remarqueras que je suis un sentimental, cher lecteur) et allons au fond. L'auteur a quand même eu la volonté de préciser les modalités de son revenu d'existence (RE). Comme je l'avais supposé, il considère que notre société, développée et moderne, ne peut supporter l'extrême pauvreté, et propose donc le RE. Cependant, le montant qu'il avance pour cette aide est très bas, puisque René le met en-dessous du RMI actuel, ce que je situe autour de 300 € pour une personne seule (mais peut-être va-t-il plus bas). Cette somme est totalement insuffisante pour accéder aux biens fondamentaux, y compris au logement. Elle doit juste permettre à une personne de pouvoir survivre.
Car là est le fond de l'argumentaire. Contrairement à moi, l'auteur estime que le travail est une obligation inhérente à l'homme. le RE ne doit donc être qu'un moyen de survivre pour pouvoir se remettre en cas de coup dur, et de redémarrer ensuite. Il ne permet cependant pas de vivre, car l'auteur semble considérer qu'une rente trop élevé risque d'amener à l'absence de travail, suivant ainsi les argumentaires traditionnels sur le RMI et les ASSEDIC. Il s'agit donc de faire un peu de social sans en faire trop.
En y réfléchissant bien, je dois te dire que je suis persuadé que cette somme ne servira en rien à personne, et je te fais le tableau par groupe social :
- Pour les riches, ces 300 € par mois ne seront rien du tout. Ils passeront dans le budget comme une gouttelette d'eau dans la mer. Les plus aisés seront sans doute toujours en train de râler contre les cotisations à payer pour toucher une somme dont ils n'ont finalement rien à faire.
- Les classes moyennes pourront toujours utiliser cela pour faire un peu d'épargne ou mettre du beurre dans les épinards dans un moment de crise. La somme pourra être marquante pour certains niveaux de revenus. Pour moi, je le sais, cette somme mensuelle représentera une hausse de 13,9% de mon pouvoir d'achat, et ce n'est pas rien.
- Pour les pauvres salariés, ces 300 € seront réellement vitaux, car, pour une personne au SMIC, la somme tournerait autour de 31% du salaire touché. Toute une catégorie de la population serait donc dépendante du RE.
- Pour les exclus, la somme serait vitale mais ne permettrait pas une vie correcte en attendant de pouvoir s'en sortir. Les chômeurs touchant juste le RE s'en sortirait encore moins bien que les RMIstes actuels, alors que ceux-ci sont déjà dans une misère totale.
Il faut ajouter à cela que pour l'auteur, les autres prestations seraient toutes supprimées pour verser ce RE, qui deviendrait donc la seule ressource pour tout assumer, santé comprise ! Le RE, à mon avis, ne servirait à rien pour les exclus, et n'aurait finalement une utilité que pour les pauvres, les classes moyennes en ayant un usage plus modéré.
Mais je vois derrière cela un processus encore plus pervers. Je suppose que ce sont les cotisations-chômage qui serviront à financer le RE. Or, le patronat pourra alors considérer que le RE est une forme de revenu, puisqu'il paie des cotisations qui vont directement dans la poche des citoyens. N'exigera-t-il pas que le RE soit inclus dans le calcul du salaire minimum ? Dans ce cas, on aurait une diminution du coût du travail pour les entreprises, financée par l'ensemble de la collectivité pour maintenir le pouvoir d'achat alors que ce dispositif n'est pas efficace pour les vrais exclus.
On arriverait donc à la situation suivante :
- Une mesure inefficace pour les plus pauvres.
- L'abandon d'aides pour supporter le chômage qui sont aujourd'hui plus utiles et qui coûtent la même chose.
- Le renoncement à une action collective pour traiter des problèmes sociaux.
- Une baisse potentielle de versement de salaire pour les entreprises qui peut très bien servir à investir mais qui peut aussi aller vers le capital, donc vers les plus aisés.
- Une dépendance, de manière assez paradoxale, d'une grande partie de la société à ce RE, parmi les salariés eux-mêmes.
Je dois te dire que tout cela me laisse perplexe, et qu'au final, je n'en vois pas l'intérêt. Je préférerai autant qu'on m'augmente un peu moins mon salaire, que cela fasse augmenter mes contributions sociales et que j'ai le sentiment de gagner honnêtement mon salaire. L'abandon complet du collectif qu'implique le RE ne me semble pas en valoir la peine.
Maintenant, bien sûr, cher lecteur, le débat est ouvert...
samedi 13 septembre 2008
Une proposition libérale : le revenu d'existence.
L'auteur nous présente l'idée. Il s'agirait de cesser de verser les prestations sociales comme le RMI et les ASSEDIC, pour réaffecter les sommes à ce minimum vital. Ainsi, chacun recevrait quelque chose qui permet de survivre, mais qui ne permet pas de vivre convenablement, incitant ainsi à la reprise rapide du travail en cas de chômage. Les citoyens qui ne toucheraient que cela paieraient aussi un impôt dessus de même que des cotisations sociales, l'idée étant pour l'auteur de supprimer la progressivité de l'impôt. Tous contribueraient à la solidarité nationale mais l'Etat ne pourrait plus faire varier ce taux.
L'idée peut paraître extrêmement séduisante à un homme de gauche comme moi, car voilà éradiqué d'un coup l'extrême pauvreté. Nous aurions tous quelque chose de minimal. L'auteur ne dit cependant pas si ce revenu minimum augmenterait ou baisserait en fonction du coût de la vie, et qui en fixerait le taux. De même, il n'indique pas ce qu'est le minimum vital pour lui : s'agit-il de l'alimentation, du logement, de l'énergie, des transports ? Vu les autres propositions, je sais déjà qu'il en exclut la santé, la retraite, la famille et l'éducation, qui sont dépendantes du libre-choix de l'individu après versement du salaire et n'est plus pris en main par l'Etat, réduit à la portion congrue.
C'est là que je m'interroge sur la logique de la proposition. En effet, aujourd'hui, les chômeurs touchent le RMI ou les ASSEDIC, et les salariés au minimum le SMIC. Ces salaires permettent à des personnes de vivre et d'assumer toute une série de besoins, mais seulement parce que la collectivité, par l'impôt ou par les cotisations sociales, prend en charge toute une série de domaines. Un RMIste seul et sans enfant touche aujourd'hui 447,91 €. Avec ce chiffre, il doit se payer son alimentation, son logement, son transport et une partie de son énergie. Il n'assume par contre pas sa santé, sa retraite qui dépend de la collectivité, l'arrivée d'un enfant. S'il on a deux RMIste avec un enfant, on se retrouve à 806,24 €, ce qui ne permettrait pas non plus de payer l'éducation d'un enfant dans un système privatisé, comme cela existe aux États-Unis.
Évidemment, je suppose que l'auteur estime que la baisse considérable des impôts que permettrait toutes les mesures de son programme de libéralisation permettrait une redistribution bien plus grande des revenus vers les salariés, et que le travail rapporterait beaucoup plus, permettant à chacun de payer pour tous ces services. Cependant, il oublie une chose fondamentale : lorsque les États étaient faibles, au XIXe siècle, et que beaucoup de ces domaines relevaient du privé, les revenus allaient très majoritairement vers le capital et pas vers les salaires. La hausse générale du niveau de vie a été liée à une expansion considérable du domaine de l'intervention de l'État. Même les pires libéraux le savent très bien, et vouloir revenir à une société qui ne partageait pas les richesses pose quand même de nombreuses contradictions.
Alors, soit le revenu d'existence (RE) permet d'assumer les besoins vitaux. Dans ce cas, il devient un super-RMI mais justifie qu'il n'y ait plus aucune autre politique que la charité et annule l'intervention de l'État. De plus, il insinue que le chômage n'est jamais de la responsabilité de la collectivité mais de chaque individu. Il supprime toute possibilité de contestation de l'ordre social (pourquoi vous plaignez-vous, vous avez le RE) et casse les liens de solidarité existant au-delà de ce RE.
Soit il couvre aussi les domaines moins vitaux, mais il s'agit alors d'une véritable collectivisation des revenus dont je doute de la part de l'auteur de ce blog, vu son aversion pour le communisme.
Cette idée est très maligne et il faut s'en méfier. Les libéraux ont là une arme qui se prépare à enterrer définitivement toute contestation des inégalités sociales. J'espère que les hommes et les femmes de gauche ne tomberont pas dans le panneau de cette carotte qui cache finalement le bâton.
P.S. : l'auteur cité ici vient de répondre à ce billet dans un nouveau texte, où il précise certaines choses que je soulignais ci-dessus. Je réagirai sans doute dans les prochains jours.