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mercredi 5 août 2009

La Russie écrase la Géorgie II, le retour.

Ce qu'il y a bien, lorsque c'est l'été, c'est qu'il y a toute une série de rituels : on a le tube de l'été, la randonnée de l'été, la découverte des spécialités régionales, la consommation du vin rosé de l'été, la cuite de l'été qui vient après, le reality-show de l'été… Et puis, depuis quelques années, on a la guerre de l'été. Elle arrive en général à partir du milieu du mois de juillet, voire début août.

En 2006, nous avions eu le conflit entre Israël et le Liban. En 2008, la Russie et la Géorgie nous avait fait une vraie guerre comme je l'apprends à mes élèves lorsque je parle des années 1930 : incidents de frontière, provocation, blindés et aviation. Au moins, cela nous avait fourni des sujets de réflexion sur la politique internationale, qui n'ont bien sûr pas été suivi d'effets (si les blogs étaient influents, cela se saurait…)

En 2009, il semblerait que nous allons avoir droit à un remake : depuis quelques jours, les tensions vont croissantes entre la Géorgie et la Russie. Là, on en est à la phase des provocations de la Russie face à la Géorgie. Le gouvernement russe utilise le sentiment anti-américain de sa population pour préparer une nouvelle guerre. Comme souvent, le remake risque d'être encore plus mauvais que l'original. Si la Russie se relance dans ce conflit, l'objectif est sans doute d'en finir avec ce gouvernement géorgien qui s'obstine à tenter de s'ancrer en Occident. A nouveau, les Américains ont sans doute joué aux pyromanes, et il est dommage que Barack Obama n'ait pas fait évoluer la politique de son pays.

On peut se demander comment l'Union Européenne réagira cette fois. Souviens-toi, cher lecteur, que la dernière fois, notre super-méga président était allé arrêter la guerre avec ses petits bras musclés. Cette fois-ci, on voit mal comment les Occidentaux pourront stopper Moscou si l'offensive est relancée, sauf à se préparer à une véritable confrontation, à laquelle je suis très loin de croire…

mercredi 22 avril 2009

Les conférences sur le racisme de l’ONU ne servent à rien si les démocraties n’affrontent pas le problème.

Pour la deuxième fois, l'ONU s'est lancé dans un véritable fiasco : la conférence sur le racisme. Évidemment, comme la première fois, le président iranien a pu se laisser aller à ses habituels délires antisémites. La plupart des pays occidentaux ont boudé la conférence, et elle a abouti à un communiqué certes intéressant mais finalement très consensuel, et ce malgré les cris de victoire d'Human Rights Watch.

De nombreux journaux, télévisions et blogueurs ont dénoncé le scandale de cette conférence, je n'y reviendrai donc pas. Par contre, deux questions me taraudent depuis le début de la semaine : est-ce bien le rôle de l'ONU de s'occuper de la question du racisme ? Si oui, que peut-on en attendre d'une conférence sur la question ?

La première question, a priori, amènerait à une réponse négative, mais c'est sans compter le risque que représente un État appliquant des théories racistes. A l'origine, le rôle de l'ONU était de préserver la paix entre les pays et de mettre un terme aux différents facteurs de conflits, comme la colonisation par exemple, mais aussi de structurer un peu le droit international. Progressivement, et malgré les grandes difficultés de l'ONU à agir dans quelque domaine que ce soit du fait du contexte de la Guerre Froide, l'organisation a régulièrement accru ses missions, en étendant ses préoccupations au développement (création de la CNUCED en 1964) aux problèmes environnementaux (Rio en 1992), ou à d'autres questions comme l'eau en 1997. En soi, on pourrait penser que l'ONU est hors-sujet, mais ces problèmes pourraient devenir, un jour ou l'autre, des facteurs de guerre. Or, le racisme a été un facteur très important de conflits. N'oublions pas, cher lecteur, que la seconde guerre mondiale a été causée en grande partie par cette logique. De même, le génocide rwandais et les guerres de Yougoslavie ont pour origine des idéologies racistes. A l'évidence, cette question concerne donc les instances internationales.

Maintenant, ces grandes messes entre États servent-elles à quelque chose ? En réalité, je ne le crois pas. Bien sûr, l'ONU se doit de condamner le racisme (elle le fait d'ailleurs dans sa charte) et d'intervenir contre tout État qui mène des attaques liées à des idéologies racistes. Cependant, peut-elle inciter les pays à lutter contre le racisme chez eux ? Peut-elle seulement avoir un impact sur les États en eux-mêmes ? Je n'en crois rien. Les peuples se fichent totalement de ce que dit l'ONU. Le président iranien a fait son discours pour flatter une partie de la population du Moyen-Orient et ses propres électeurs. Cela ne risque cependant pas de lui éviter de perdre les prochaines élections chez lui, du fait de la situation économique du pays et des évolutions de la société iranienne. A mon sens, ces conférences ne servent à rien car elles n'impactent pas le problème en lui-même.

La charte de l'ONU se suffit donc à elle-même, et il serait bon que nos pays l'appliquent réellement, et pas seulement quand cela les arrange. Récemment, la Russie a mené une guerre raciste en Tchétchénie. Qu'en est-il ? Le Soudan extermine la population du Darfour. Qu'en est-il ? La Turquie réprime les Kurdes. Qu'en est-il ? La Chine écrase le Tibet. Qu'en est-il ? Condamner l'Iran, c'est bien joli, mais quand des pays font du racisme et qu'on ne fait rien, à quoi cela peut-il bien servir ?

La lutte contre le racisme se fait d'abord par des actes. Les gesticulations des conférences n'apportent rien à la question. Il serait bon qu'on en prenne conscience…

mardi 30 décembre 2008

Une nouvelle crise gazière à venir ? Tensions en Ukraine.

Alors que le Monde focalise son attention sur Israël et ses territoires occupés, une autre région du monde pourrait à nouveau nous poser des problèmes. Il y a de cela deux mois, des élections anticipées avaient été annoncées en Ukraine. Depuis, elles ont été repoussées, du fait de la formation d'une nouvelle coalition dans le Parlement actuel. A l'époque, du fait des conséquences de la crise géorgienne, j'avais dit que cette affaire plaçait les Européens devant leurs contradictions et devant la nécessité de faire un choix entre la Russie et ses pays frontaliers souhaitant s'intégrer à l'Europe un jour ou l'autre.

En cette fin d'année, une nouvelle affaire gazière est en train de naître entre la Russie et l'Ukraine. Une nouvelle fois, comme cela s'était déjà produit en 2006, l'Ukraine a des arriérés de paiement envers Gazprom, le géant pétrolier russe, du fait de l'impact très fort de la crise financière dans ce pays. La dernière fois, les Ukrainiens avaient décidé de pomper dans les flux de gaz se dirigeant vers l'Europe pour continuer à faire fonctionner leur économie. Certes, un accord semble maintenant possible, mais le contexte n'est pas innocent.

En effet, la majorité qui dirige l'Ukraine est extrêmement fragile, et des élections toujours possibles. Lors des ces élections, dans un contexte où les Ukrainiens ont compris qu'on ne pouvait pas attendre grand-chose des Occidentaux devant les menées russes, il est à craindre qu'ils choisissent de remettre les pro-Russes au pouvoir, et de mettre un terme à une véritable expérience démocratique.

Globalement, malgré les grands espoirs soulevés par l'élection de Iouchtchenko en 2004, la démocratisation de l'Ukraine est un échec. Ce pays n'a pu régler la question de sa dépendance de fait envers les Russes. Je ne veux pas encore dresser ici un tableau des responsabilités de ce fiasco, mais l'Union Européenne en a une part.

Espérons que nous saurons nous positionner intelligemment dans nos futurs relations avec les Russes. Vu comment les dirigeants russes considèrent les nôtres, ces décisions futures sont d'une grande importance.

mercredi 22 octobre 2008

Face à la Russie, les Européens ont des choix difficiles à faire.

Depuis quelques semaines, un sujet inquiète fortement l'ensemble de la scène internationale. Tu vas te dire, cher lecteur : "encore un gugusse qui va nous parler de la crise financière et qui va nous dire à quel point c'est dangereux et pénible etc, etc..." Eh non, comme tu vas pouvoir t'en rendre compte, ce n'est pas de ce point-là dont je veux te parler.


A la mi-octobre, le président ukrainien Iouchtchenko a annoncé la tenue d'élections législatives anticipées, après une crise qui l'opposait depuis plusieurs mois à sa première ministre, Ioulia Timochenko, ancienne alliée de l'époque de la révolution orange. En 2004, lors de ces événements, les Européens avaient espéré un basculement de l'Ukraine du côté européen et un détachement de l'alliance russe. Pourtant, depuis, l'Ukraine est passée par de nombreuses crises institutionnelles et politiques et n'a pas réellement réussi à se stabiliser. Elle va subir pour une troisième fois
depuis 2005 des élections législatives.

Le paysage politique ukrainien n'a cessé d'évoluer récemment. La crise géorgienne a en effet marqué fortement les esprits en Ukraine. La classe politique ukrainienne a pu sentir que les Européens et les Américains, loin de les soutenir systématiquement contre les ambitions russes, pouvaient se révéler des alliés versatiles et peu courageux. Les personnalités politiques se sont divisées : le président a affiché un soutien ostensible à la Géorgie, pendant que la première ministre s'est rapprochée des pro-Russes regroupés autour de Viktor Ianoukovitch. Les Ukrainiens vont donc à nouveau devoir se prononcer sur le choix entre la Russie et l'Occident.

La situation de l'Ukraine est en effet difficile. Depuis l'arrivée de Iouchtchenko, le pays est officiellement candidat à l'OTAN et à l'Union Européenne, marquant son détachement de Moscou. Nous autres Occidentaux avons soufflé le chaud et le froid, mettant en route les processus d'adhésion à l'OTAN tout en n'étant pas complètement clairs sur le futur de ces actions. La crise géorgienne a effrayé tout le monde à l'Est, car il est devenu évident que nous n'étions pas prêt à prendre des risques pour soutenir nos nouveaux amis.

Or, l'Ukraine peut largement craindre la Russie. D'abord, ce pays abrite sur son sol une importante minorité russe concentrée majoritairement à l'Est du pays et en Crimée. Ensuite, elle accueille aussi un important contingent russe, et en particulier la flotte de la Mer Noire, que l'Ukraine a tenté d'immobiliser durant la crise géorgienne sans aucun succès. Enfin, elle dispose de l'accès à la Mer Noire que la Russie considère comme primordial. Maintenant que Moscou a montré sa fermeté, il n'y a aucune raison d'envisager un changement de comportement avec Kiev.

Face à cette situation, les Européens doivent d'abord cesser de se comporter de manière irresponsable avec ce pays. Nous devons dire ce que nous ferons. Soit nous sommes prêts à soutenir cette jeune démocratie à se consolider et à se sortir de l'orbite russe qui empêche cela. Dans ce cas, cher lecteur, il nous faudra assumer une vraie politique offensive face à la Russie, ce qui peut s'avérer assez risqué dans le contexte actuel. Soit nous privilégions nos relations avec Moscou, primordiales pour le gaz, et nous signifions aux Ukrainiens qu'ils ne nous intéressent pas et qu'ils ne doivent pas compter sur nous en cas de conflit avec la Russie.

C'est un choix terrible. Choisir cyniquement entre le soutien à une démocratie et des intérêts géostratégiques et économiques est redoutable. Je crains que les Ukrainiens soient cependant vite déçus, s'ils ne le sont pas déjà, de nos choix futurs.