mardi 18 novembre 2008

Il y a quand même du bon dans ce qui se passe aujourd'hui au PS.

Depuis que le congrès du PS s'est déroulé, on lit partout des critiques acerbes contre le fonctionnement du principal parti de gauche. Le fond est le suivant : est-il nécessaire de passer par cet étalage sur la place publique pour parvenir à désigner un leader ? Question prégnante dans une société politique où les règlements de compte se passent plutôt, en général, dans les coulisses et de manière cachée. On a tous su, par exemple, que Sarkozy avait manoeuvré sans arrêt depuis six ans pour abattre ses rivaux, mais sans que cela soit jamais dit publiquement : souvenez-vous des affrontements entre Villepin et Sarkozy durant l'affaire Clearstream.

Le PS inaugure quelque chose de neuf : le vote ouvert des militants. Cela fait plusieurs années que les dirigeants du parti tentent cette expérience, avec un succès souvent mitigé et beaucoup de frustrations. Sur l'Europe, le parti a fait un choix différent de celui des électeurs de gauche. Aux présidentielles, les militants ont désigné la candidate qu'il pensait avoir le plus de chance de l'emporter sans se poser la question du fond. Enfin, ils se divisent joyeusement depuis 2007 entre des lignes politiques différentes quoiqu'assez proches les unes des autres.

Les commentateurs ne cessent de dire qu'il aurait mieux valu pour le PS échapper à cette bouillie et laisser les appareils décider. Si cela avait été le cas, je suis persuadé que ni Ségolène Royal, ni Benoît Hamon n'auraient pu émerger à l'intérieur du parti. La preuve en est que les caciques font maintenant bloc derrière Martine Aubry, espérant remettre un peu tout cela en ordre.

Je pense pourtant, puisque Manuel nous interroge sur nos visions, question complexe qui demanderaient des billets longs et pénibles à déchiffrer, que la pratique de la démocratie, fondement absolu de ma vision politique, commence par l'intérieur même des mouvements politiques. La manière dont Sarkozy a mis son parti en coupe réglé n'était qu'une préfiguration de la manière dont il gère maintenant l'État. Je préférerai autant que les débats soient libres et les chefs désignés par de réelles majorités avec confrontation publique des ambitions.

Certes, le PS a l'air vraiment en difficulté parce que ses militants sont divisés. Je ne sais pas ce qu'il en sortira, mais je crois que ce débat est bon, de toute façon, car il va permettre à la gauche d'avancer et de mener son travail, à la fois au plan idéologique et au plan stratégique. Évidemment, au moment de l'élection, il faudra des ambitions et des candidats : cela viendra en son temps, et je suis sûr que ce candidat ne sera pas celui que les militants du PS vont élire jeudi à la tête de leur parti.

La démocratie doit être partout, autant que possible, dans les partis, les associations, les syndicats et les institutions. C'est en sollicitant le citoyen, en l'invitant à s'engager et à prendre position dès que possible, que l'on permettra à notre démocratie de s'améliorer...

12 commentaires:

  1. Si j'ai bien compris, Benoit Hamon est un mec de gauche, contrairement à ses adversaires du jour...
    Naïvement, je suppose donc que son élection placerait le PS là où il devrait être, c'est à dire entre le NPA et le MODEM.
    Vous me direz si je me plante.
    Toutefois, je ne vois pas en quoi l'élection de Miss Royal ferait avancer le Schmilblick, soit, les militants auraient décidés, mais qu'apporterait elle à la gauche, sinon d'en faire un deuxième parti du centre?
    J'espère que la France aura bientôt le paysage politique que sa démocratie mérite, une droite, un centre et une gauche, avec les extrêmes pour pimenter le tout. Que le PS récupèrera les voix du NPA et l'UMP celles du FN, en laissant Le MODEM s'allier avec les plus offrants.

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  2. Mouais, on parle bien du même Hamon qui cherchait l'alliance avec Aubry toute la semaine dernière, quitte à bouffer son chapeau (libéral) sur pas mal de sujets ? Ce même Hamon, défendu avec brio par Emmanuelli qui, sans rire, déclare que la différence d'âge de 10 ans entre SR et l'establishement ne saurait constituer un changement de génération (alors que les 13 longues années séparant SR de Hamon le sont... mystère des chiffres...). Ce (toujours) même petit gars sorti de la chaussette de Hollande pour contrer Besancenot avec lequel il prônait l'amitié en 2005 ?

    On a vu mieux comme constance politique...

    Aubry candidate du status quo, Royal candidate du "aimez-vous mais surtout aimez moi", Hamon candidat du "merde, le peuple de gauche nous déserte, faut redorer l'image...mais sans faire trop de vagues"... Y'a pas à dire, je suis bien content de ne pas être adhérent du PS !!

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  3. Comme je le disais, je ne suis pas un connaisseur des chefs du PS, et comme toi, je suis bien content de ne pas en être adhérent. Maintenant, il n'y a pas de type propre, de gauche en réserve donc il faudra faire avec le moins pire. Est il celui là?

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  4. @ Manuel : d'accord avec toi, bizarrement.

    @ Fabrice : par définition, les politiques traînent tous des casseroles. Maintenant, on a pas la star qu'on veut, blanche comme la colombe, qui n'a jamais fait de conneries. Faut bien faire avec ce qu'on a. Hamon, c'est le moins pire. De toute façon, il ne sera pas élu...

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  5. Pourquoi bizarrement?
    Y'a que Fab pour rêver d'un leader immaculé qui nous mène vers un avenir où tous seraient égaux et heureux...

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  6. Je ne rêve pas d'un leader immaculé, juste d'un politique qui a le courage de ne pas changer d'opinion pour gagner une élection rien de plus...

    Si c'est déjà trop demander pour vous c'est que notre démocratie va vraiment mal.

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  7. @Mathieu

    Une réaction sur ton champion qui est passé de "votez pour moi au 2e tour, j'y serai, je suis un homme de convictions" à "votez Aubry" ?

    Sa conviction c'est de refuser Royal quitte à acter tout de même la conversion du PS comme parti social-libéral ?

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  8. @ Fabrice : non, rien à dire. Ces cons-là ne méritent plus de billets...

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  9. Si j'étais socialo, je me sentirais mal... Si j'étais de gauche je me sentirais mal...
    J'ai entendu un auditeur socialiste dire ce matin:
    Il faut une alliance Strauss-Kahn / Bayrou pour remonter la gauche, car les deux tapent dans l'électorat de Sarkozy...
    J'ai l'impression qu'elle en est là la gauche, nulle part, et surtout pas à gauche..

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  10. @ Manuel

    Heureusement le PS n'est pas la gauche, juste son (anciennement ?) plus gros parti...

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  11. Tu sais comme moi que la gauche ne peut accéder au pouvoir que par le PS, sinon c'est Bayrou qui passera, et Bayrou ça n'est pas la gauche. Le NPA est sympathique mais n'accèdera jamais au pouvoir.
    On est en train de se diriger vers un paysage politique américain avec une droite et un centre et quelques trublions aux extrêmes pour mettre du piment.

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  12. Le PS n'est plus capable d'accéder au pouvoir, il faut arrêter de fantasmer, ça fait 3 présidentielles de suite qu'il perd. Ses victoires (relatives) aux élections locales sont juste la preuve d'un rejet momentané de la droite (rejet qui ne se caractérise qu'à mi-mandat), pas le signe d'une force quelconque.

    Tu oublies, dans ta théorie, le phénomène Die Linke allemand et les montées des partis de gauche "non libérale". Le bi-polarisme dont tu parle, c'est justement le Modem qui a prouvé que les français n'en voulaient pas, je n'ai donc pas vraiment de crainte à ce sujet, nous sommes encore loin d'un système de ce type.

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