vendredi 6 mars 2009

Les relents nauséabonds de la prohibition.

Je voudrais revenir un peu, cher lecteur, sur la polémique concernant l’alcool introduite par la loi Bachelot qui est passée aujourd’hui à l’Assemblée nationale et va maintenant se rendre au Sénat.

Au départ, l’idée était d’interdire tout moyen gratuit de picoler. Finis, les systèmes où tu paies une entrée et où tu picoles librement ensuite. Finie, la dégustation gratuite du vin dans les caves et chez les vignerons. Bref, voici notre gouvernement devant une nouvelle tentative de régulation des pratiques addictives qui va finalement frapper l’ensemble de la population. Finalement, seule la pratique de l'open bar devrait être remise en cause.

Ce matin, les invités de France Inter parlaient justement de ce phénomène. Michel Reynaud, médecin à l’hôpital Paul Brousse à Paris, a indiqué que 50% de la consommation d’alcool était réalisée par 8% des Français. En clair, l’addiction ne concerne qu’un dixième à peine de la population mais on se prépare à briser l’ensemble des Français.

Dans ces cas-là, on se retrouve toujours coincé entre ceux qui pensent que l’Etat doit se mêler de cette question, plutôt conservateur en général, et ceux qui estiment que les autorités doivent intervenir pour aider ces personnes en crise sans léser le reste de la population dans leurs libertés.

L’interdiction a parfois été vue comme une solution, comme aux Etats-Unis dans les années 1920, avec la catastrophe que l’on sait : l’interdiction a suscité de nombreuses dérives, une baisse de la qualité de l’alcool consommé, un développement des mafias et des trafics financiers.

Evidemment, tu l’auras compris, cher lecteur, je me place dans le second camp, d’abord parce que le fait que l’Etat veuille me faire payer mes dégustations de vin dans les caves me prive d’un réel plaisir, alors que je ne suis pas alcoolique et que je ne représente pas un danger pour mes concitoyens, et ensuite parce que j’estime qu’on a aussi le droit de boire une fois de temps en temps, et même souvent si on le souhaite. Les services de santé doivent tenir à disposition des aides pour les personnes qui souffrent, mais l’action publique doit s’arrêter là.

La question des jeunes est évidemment présente, mais, comme je l’avais déjà exprimé sur la pornographie, je pense que c’est dans la famille, dans l’éducation que se gèrent les problèmes d’addiction. Ce sont les enfants en crise et en souffrance qui tombent là-dedans, pas les autres. Et n’oublions pas que les ados se lancent souvent dans de grandes beuveries pour tester les limites mais qu’ils ne deviennent pas alcooliques pour autant ensuite.

Dans ce débat, l’Etat ne devrait intervenir que lorsque l’alcoolisme met en danger les autres citoyens. Il le fait dans le cas de l’ébriété sur voie publique ou dans le cas de l’alcoolémie au volant. Là, son intervention est légitime. Pour le reste, on aimerait que le gouvernement se consacre à d’autres choses qu’à ce type de problème, comme par exemple s’occuper de la crise économique ?

Pour les alcooliques, comme pour les drogués d’ailleurs, la prise en charge doit être sociale ou médicale, mais ne relève pas de la morale ou de la loi. Laissons les services sociaux s’occuper de ces personnes/

Voilà pour une fois un point d’accord avec le camarade Rubin, qui reprend les idées de Nicolas. Damned…

8 commentaires:

  1. Et moi même qui suit totalement d'accord avec vous : certaines choses ne dépasseraient elles pas les clivages ?
    Buvons un coup pour fêter ça.

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  2. Pis que tout : JE SUIS D'ACCORD AUSSI !!!

    Sinon, ces "relents nauséabonds" que vous avez mis en titre, c'est du second degré ? Un clin d'oeil pour me faire réagir, c'est ça ?

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  3. Quel beau billet d'inspiration libérale ! ;-)

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  4. @ Faucon : le vin dépasse tous les clivages.

    @ Didier : je me suis dis que vous sentiriez le billet anti-réac en effet.

    @ Rubin : je te l'ai déjà dit, je suis plus libéral que la majorité des LHC ! ;)

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  5. Rubin, le libéralisme n'est pas une tare, il est juste bizarrement représenté dans la blogosphère...
    Sinon d'accord.
    De quoi je me mêle? Ai-je envie de dire!

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  6. @ Manuel : tout à fait d'accord.

    @ Rubin : ;)

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  7. Si Rubin, il faut même rigoler, je voulais la placer celle là...

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