vendredi 26 septembre 2008

Le message politique de Georges Lucas

Suite à un défi lancé par notre taulier principal je vais aujourd'hui m'atteler à l'étude politique de l'œuvre d'un des plus grands réalisateurs de cinéma du 20e siècle d'un réalisateur de blockbusters mondialement célèbre : Georges Lucas...

Tout d'abord, je dois avouer ici mon incompétence notoire, j'ai été totalement incapable de retrouver les deux premiers courts-métrages qu'il a fait durant ses études, et je n'ai pu que visionner un extrait de son film de fin d'études : 1:42:08 to qualify, par contre le reste je l'ai vu de nombreuses (trop nombreuses dirait une certaine femme qui partage ma vie) fois.

Alors étude politique de son court métrage ? Bof, pas grand chose à dire, c'est plus un exercice de style graphique qu'autre chose, la gestion de l'impression de vitesse me fait penser à la scène dans la tranchée de l'Etoile de la Mort.

Vient ensuite THX1138, un film que j'ai eu du mal à accrocher la première fois, mais il faut dire que je l'avais en VO non sous-titrée... Le film date de 1970 et on note le questionnement de l'époque qui secouait les USA, le Summer of Love avait vécu, ne restait dans le paysage idéologique qu'une gauche moribonde, portée à bout de bras par les syndicats, et la droite capitaliste et conservatrice. THX s'inscrit donc dans la dénonciation du tout consumériste, l'humain n'existe plus en tant qu'individu, il est "productif" grâce aux drogues et "consumériste" par habitude, Lucas nous décrit là sa peur de voir son pays se tourner vers une dictature pernicieuse à force d'avoir peur du "dehors" (içi symbolisé par le côté radioactif de la surface qui pousse la société à se retrancher sous terre en autarcie complète), le héros, dont le seul crime est d'avoir fait l'amour avec sa compagne (ici la crainte de la perte des libertés, un sujet toujours récurrent chez les américains, quelque soit leur bord politique, pour qui la liberté est un don de Dieu et ne saurait donc être limitée...théoriquement...). Je passe sur la symbolique des flics robots (Lucas, étudiant, à dû tâter de la matraque comme tous ses confrères de l'époque) et sur le côté esthétique de l'œuvre, ce serait bien trop long...

Il réalise ensuite American Graffiti, un film plaisant mais pas très intéressant dans notre propos, c'est plus une nostalgie du "bon vieux temps" de sa jeunesse qui s'exprime. De bons acteurs, avec, déjà, Harrisson Ford qui point le bout du nez...

Enfin nous arrivons à SON œuvre, le space opéra mythique, celui qui alimente encore, 30 ans après, les jeux, merchandising et autres "économie du souvenir", la GUERRE DES ETOILES, avec son Vader qui fait peur, le vieil ObiWan qu'on aimerait avoir comme tonton, la princesse qui prouve que les filles peuvent diriger, Han Solo pour faire fantasmer les nanas et Chewbacca pour faire rêver aux mecs qu'un jour eux aussi feront peur avec leurs muscles puissants...
Alors STAR WARS nous présente un univers ultra-manichéen, d'un côté un Empire tout puissant, sur armé, dont les soldats et gradés sont presque anonymes, seul Vader a un semblant de personnalité, en face de l'Empire il y a les gens, qui sont victimes de la barbarie et qui n'y peuvent rien (on appelle ça "les innocents" au cinéma, ne cherchez pas c'est comme ça) et l'Alliance, on ne comprend pas trop son organisation au premier épisode, mais elle est gentille, pacifiste, républicaine (eh oui) et incarnée par la douce princesse Leia (qui est bien moins pacifiste dans The Blues Brothers...).

Bien que les politiques aient repris certains termes de la trilogie (pour un programme de bouclier anti-missiles par exemple) je pense que ce film est à peu près exempt de toute propagande politique, chose suffisamment rare dans les années 80 à Hollywood pour être notée. Bien sûr l'Empire ressemble un peu à l'URSS (d'ailleurs le terme Evil Empire était alors utilisé pour la nommer), mais il ressemble en fait à n'importe quel État totalitaire (ou en voie de le devenir); hormis une forte pression militaire sur le peuple il n'y a pas d'idéologie claire, l'Empereur est le Chef, Vader son disciple, le conseil des Moffs forme le gouvernement, si Vader a une croyance en "la Force" elle n'est partagée que par l'Empereur (et par ObiWan et Yoda mais on en parle pas encore), pas de consumérisme de masse, mais pas non plus de sentiment de pauvreté (Tattoine vit bien un peu à l'arrache avec du matos pourri mais c'est un monde "le plus éloigné du centre de l'univers" selon Luke, une grosse île déserte quoi, rien d'anormal qu'elle soit pas très riche). Même chose pour l'Alliance, ce sont les combattants pour la démocratie plus que pour la liberté, ils n'ont pas non plus de pensée politique. A ce titre l'Alliance est une sorte de "résistance" de bisounours du futur, on se regroupe face à la dictature mais on ne prévoit pas les jeux de pouvoir de "l'après" (à la différence de la vraie résistance ou chacun avait déjà prévu les jeux d'influence).

Les Jedis ne sont pas vraiment politisés non plus, ce sont les "gentils" mais au sens où ils défendent la démocratie (là encore c'est un concept Divin pour les américains, qui ne conçoivent pas d'autre système...théoriquement...), leur inaction politique de "La Menace Fantôme" le met en exergue : ils obéissent au Sénat sans discuter les décisions.

On a donc un paysage complètement aseptisé de pensée politique qui se contente de dire "la dictature c'est mal", pas vraiment de quoi nourrir mon poisson rouge tout ça...

On pourrait disserter sur l'organisation de tel ou tel peuple (par exemple les wookies) mais ce serait sur la base de "spin off", pas des films, donc on évacue la question.

Vient, dans la carrière de Lucas, la trilogie (tétralogie maintenant, mais le dernier épisode est une honte) du bel Indiana Jones, au chapeau et au fouet, à la cicatrice au menton qui plait aux filles et à la peur des serpents qui permet aux mecs de dire qu'ils sont finalement plus balèzes qu'Indy.

Là encore, pas l'ombre d'une réelle pensée politique, le héro lutte contre les nazis (ou les méchants thugs, et contre les communistes sur le dernier mais j'ai déjà dit que c'est une merde ce film), pas particulièrement pour défendre le système américain mais par des valeurs universelles telles que "sauver des enfants", "empêcher Hitler de détruire le monde" et "Sauver son papa qui a été blessé par un salaud de collabo". A noter un sarcasme sur le modèle américain dans le denier épisode (mais il est tellement nul que je vais arrêter d'en parler).


Au final, le seul film politisé de Lucas aura donc été THX1138, un film de jeunesse témoignage d'un vrai questionnement (du dernier vrai questionnement devrais-je dire) qui avait traversé les USA, rentré dans le market system du cinéma par la suite il a abandonné toute velléité politique pour se contenter d'être un "amuseur", il donne aux enfants des mondes simples à comprendre, aux ados des films permettant de dragouiller en paix et aux adultes une madeleine de Proust.

Voilà m'sieur le taulier, billet effectué, j'ai le droit de partir en Week End ?

PS : pour toute opinion contraire à mon étude, je suis preneur mais je souligne qu'en aucun cas je n'accorde de réelle importance à ce texte qui représente plus une masturbation cérébrale stérile (comme toute vraie masturbation non ?) qu'un réel exercice de pensée politique.

5 commentaires:

  1. Bravo. Je n'en attendais pas moins. Ce billet va faire date dans l'histoire de notre blog.

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  2. Fabrice, t'avais vus ces films où t'as passé l'après midi à les étudier?
    En tout cas t'es bon, on va faire quelque chose de toi mon fils.

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  3. @ Mathieu

    Je n'ai aucun mérite, je suis le fils spirituel d'Henry Chapier ;)

    @ Manuel

    J'avais vu tous les films mon cher, à ta différence je n'ai pas focalisé sur le cinéma d'art et d'essai à la Marc Dorcel ;)

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  4. Ca m'a bien amusée, ce billet !
    (et je n'ai pas vu et n'irai pas voir le dernier Indiana Jones).

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  5. @Audine

    C'était le but, alors je considère ma mission comme un succès !! (avec le bonus de savoir que tu n'iras pas voir le dernier Indy)

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