lundi 27 octobre 2008

Une autre élection primordiale au début de 2009 : législatives anticipées en Israël.

Il y a dans l'actualité internationale des faits qui peuvent parfois amener, cher lecteur, à une certaine forme d'optimisme. Ce week-end, la presse nous a appris la dissolution du Parlement israélien et la convocation d'élections législatives anticipées dans les 90 jours. Voici donc une nouvelle élection dans un pays important sur la scène internationale qu'il va falloir suivre avec attention.


En effet, depuis la séparation entre les deux parties des territoires occupées, puis les affaires de corruption touchant Ehud Olmert, la situation est figée dans cette région. Certes, des pourparlers s'étaient ouverts avec la Syrie grâce à l'intervention de la Turquie, mais n'ont abouti qu'à peu de choses. Cet état de fait vient sans doute aussi de la proximité des élections américaines, et de l'attentisme du gouvernement Bush dans cette région. Pour le moment, les États-Unis ont d'ailleurs des tendances inquiétantes, s'amusant à aller bombarder des pays voisins de leurs terrains d'intervention (Pakistan et Syrie) à l'encontre de la Charte de l'ONU. Certes, je suis suffisamment cynique pour savoir que les États-Unis peuvent se permettre cela sans trop de risques dans une période électorale, mais n'oublions pas que le Pakistan est un pays au gouvernement instable, truffé d'islamistes et doté de l'arme nucléaire...



Mais je m'égare. Les élections israéliennes, qui vont se dérouler trois mois après les américaines, pourraient singulièrement changer la donne. Deux visions vont s'affronter. D'abord celle de Tzipi Livni, partisane de négociations avec les Palestiniens et les voisins arabes et de la nécessité de faire des concessions mutuelles (ce qui veut dire que les Palestiniens vont aussi devoir lâcher des trucs) ; ensuite celle de Benyamin Nétanyahou, partisan de la manière forte et du statu quo, voire de la lutte à outrance avec le Hamas. Les Israéliens vont donc devoir se prononcer sur l'avenir de leur pays mais aussi de la région. Comme je le disais dans des billets récents sur l'Ukraine et le Québec, ce sont des moments historiques particulièrement importants. A ce sujet, j'espère que nos médias sauront retransmettre en entier tout le débat qui va travailler les citoyens israéliens dans les prochaines semaines. J'espère que ces mêmes Israéliens seront capables de faire le deuil de la Palestine : c'est tout ce que je leur souhaite, à eux comme aux Palestiniens.


Cependant, pour envisager l'ensemble de la situation, il y a deux problèmes qui pourraient bien polluer le débat et gêner les Israéliens :
  • Ce sera d'abord le cas des élections américaines. Si Obama l'emporte, Livni aura le vent en poupe, car il est clair que les États-Unis feront bouger les lignes de leur politique au Moyen-Orient. Si c'est McCain, il est sûr que le gouvernement US poursuivra sur sa lancée actuelle, et c'est Nétanyahou qui sera favorisé.
  • Il faut aussi faire jouer l'impact de la crise économique qui s'engage. Israël connaît depuis la fin des années 1990 de gros problèmes économiques, avec un chômage important et des politiques libérales destructrices, justifiées par l'effort de guerre. Ces problèmes économiques pourraient très bien ressurgir durant la campagne et être l'objet de nouvelles manipulations par des politiciens un peu manipulateurs.
Malheureusement, dans ce débat, la gauche, comme dans de nombreux endroits dans le monde, a du mal à émerger. Les sondages sont mauvais pour le Parti Travailliste. Dans ce pays, les progressistes n'ont pas réussi à gérer le lien entre libéralisme économique et guerre contre le terrorisme. Un vrai défi pour eux aussi.

En tout cas, entre le congrès du PS, la crise financière, les élections en Ukraine et en Israël et les élections européennes, l'année à venir s'annonce politiquement passionnante...


P.S. : source de la photographie de Tzipi Livni ici.

6 commentaires:

  1. Pourquoi une forme d'optimisme?
    La dissolution du parlement israélien est-il une bonne chose?
    En tout cas c'est donner une chance à Bibi Netanyahou de se faire élire, et à priori, il aurait les faveurs des sondages.
    J'ai espéré que Livni réussisse à former son gouvernement, et c'est une grande déception.
    Je ne connais pas les enjeux économiques de la future élections, enjeux économiques trop souvent ignorés en France mais qui ont toujours une importance capitale lors d'élections en Israël, il n'y a pas QUE le conflit qui compte.
    Je ne suis pas sûr que l'élection américaine ait une grande influence sur les élection israéliennes, par contre, j'espère que le proche orient ne fera pas la une des médias d'ici là.
    Pas d'attentats, de représailles, de morts, toute violence favorisera l'homme de la peur, Netanyahou.
    Nous verrons.

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  2. @ Manuel : alors, je réponds à tes réflexions :

    - J'ai entendu ce matin à la radio qu'un tout récent sondage donnait Livni gagnante, les Israéliens ayant changé d'avis depuis l'annonce des élections. C'est sur le site du Monde, si tu veux vérifier.
    - Pour l'élection américaine, je suis persuadé qu'elle aura un rôle. L'ampleur de l'impact reste à voir.
    - Pour les attentats, je reste persuadé que pour les extrémistes des deux bords, la victoire de Netanyahou est un avantage car cela veut dire que la paix s'éloigne. Je suppose que le Hamas ne se privera donc pas de tirer quelques roquettes, vu qu'ils font leur beurre là-dessus.

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  3. Le Hamas qui viendrait foutre sa merde, j'y pense très fort mais j'espère me tromper...
    Tant mieux si les sondages ont changé, pour ma part, j'ai entendu aujourd'hui sur Inter que Livni réduisait l'écart, la tendance est donc la même mais le résultat différent.
    Pour ce qui est de l'élection américaine, en quoi l'avis des israéliens serait il influencé par une élection outre atlantique?
    Faut arrêter de croire qu'Israël est une province américaine, ils ont leurs propres intérêts.
    L'élection américaine influera grandement sur la politique menée par Israël post élection, mais pas sur l'élection elle même.
    McCain=Bibi et Obama=Livni...?
    C'est un peu simple comme raisonnement.
    Si les israélien se sentent en relative sécurité ils seront enclins à voter pour la paix et le compromis, s'ils se sentent en danger, ils voteront pour la sécurité du statu quo.
    Pour les programmes économiques et sociaux des 2 candidats qui ont une importance capitale comme dans tout autre pays, je ne les connais pas. Car je me répète, mais il n'y a pas que le conflit dans les esprits israéliens, il y a la réalité économique du pays et les mesures pour enrayer la crise comme dans tout autre pays démocratique.

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  4. @ Manuel : finalement, il est assez normal qu'on est pas les programmes vu que les élections viennent d'être déclenchées. Peut-être Netanyahou va-t-il brusquement se convertir à l'étatisme, comme Sarkozy...

    Rien d'autre à ajouter, sauf qu'à mon avis, voter contre l'insécurité, c'est voter pour ceux qui veulent négocier. Les conservateurs sont utiles aux abrutis d'en face. Si Bibi passe, il sera dans son intérêt que le Hamas existe toujours, et inversement.

    C'est comme quand Al-Quaïda appelle les Américains à voter McCain. C'est le même type de raisonnement...

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  5. On est d'accord, j'espère de tout coeur que Livni passera et qu'elle fera un mandat de son prédécesseur féminin Golda Meir.

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  6. @ Manuel : on est d'accord sur ce point.

    Correctif : dans la première phrase de mon commentaire précédent, il fallait lire "ait" et non pas "est".

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