J'ai lu avec étonnement, en rentrant de la manifestation, ce billet de l'Hérétique concernant le terrorisme islamiste en France. Les Français n'ont semble-t-il pas mordu à l'hameçon de la menace terroriste. Notre éminent confrère affirme que le terrorisme islamiste est faible en France. Il a peut-être raison, mais on ne peut le savoir que le jour où l'attentat se produit.
J'ai davantage été attiré par ce passage :
La mouvance radicale ne parviendra pas à recruter, d'autant que l'Islam conservateur et réactionnaire a une voix officielle et légaliste avec l'UOIF. Or, cet UOIF-là, tout en cherchant à faire avancer ses vues (port du voile, notamment), s'est toujours montré légitimiste avec la République.
Je trouve très inquiétant le jeu de l'UOIF, et je voudrais dire qu'à mon avis, l'Hérétique sous-estime un adversaire.
Certes, cette organisation, totalement légale, n'est pas une association terroriste. Certes, elle respecte parfaitement les lois. Cependant, elle mène une stratégie de sape de l'édifice républicain en utilisant les arguments même de l'édifice républicain.
Lorsqu'on est face aux jeunes filles qui portent des voiles, on découvre avec intérêt que l'argument pour la légalisation du voile à l'école s'appuie sur des idées profondément républicaines, comme l'égalité entre les citoyens. L'idée numéro 1 est qu'il est anormal que les jeunes filles musulmanes ne puissent pas s'habiller comme elles le souhaitent, montrant du doigt les vêtements parfois assez baroques des autres élèves. Elles utilisent nos libertés pour miner la laïcité de l'intérieur.
Or, cette stratégie a des effets réels sur notre système, car elle installe l'idée chez les gamines qu'elles sont discriminées, alors que tous les signes religieux sont traités de la même façon par l'école. Le concept d'une discrimination générale des musulmans progressent, même dans des champs où elle n'existe pas.
Il y a peu, une élève m'a annoncé vouloir partir au Royaume-Uni pour pouvoir étudier en université avec son voile. Je lui ai signalé qu'on pouvait le faire en France, l'université n'étant pas laïcisée et étant un lieu ouvert, mais je pense qu'elle ne m'a pas crue.
Ces islamistes représentent aussi une vraie question posée à nos principes démocratiques. Ne les sous-estimons pas.