De nombreux blogueurs ont commenté, via Twitter, la difficile émission nommée "Mots croisés" qui est passé sur France 2 lundi soir. Elle annonçait en effet le traditionnel abandon des leaders syndicaux face au front uni de la bourgeoisie continuant à défaire progressivement le modèle social français, malgré le refus mollasson de la population et un mouvement de grève pourtant sans précédent depuis 2003.
Cette émission fut pénible à bien des égards et un moment la symbolise tout à fait.
Laurence Parisot était l'une des quatre intervenantes de cette joyeuse bande. Bien plus qu'Estrosi, définitivement un bien piètre défenseur de l'action du président de la République, elle a promu une réforme dont elle est l'inspiratrice. A un moment, elle s'est même permise de dire qu'elle se rendait bien compte que "les Français avaient du mal à joindre les deux bouts".
Là, dans mon cerveau de gauchiste qui ne comprend rien à la bonne et juste économie enseignée par nos élites, je me suis dit : "mais, dis donc, c'est pas toi qui représente les institutions appelées entreprises qui les versent, ces salaires ???"
Et j'ai attendu qu'une réaction se produise. Bien évidemment, je n'espérais rien d'Estrosi (qui a quand même réussi à citer "Nice" une dizaine de fois durant une émission sur un thème national) ni de Calvi, bien occupé à montrer qu'il était combatif tout en servant la soupe. Je n'attendais rien non plus de François Chérèque, qui avait déjà revêtu ses plus beaux atours pour proposer à Laurence de danser un slow à la fin de l'émission...
D'ailleurs, en aparté, je voudrais dire ici toute ma solidarité envers les militants de la CFDT qui ont eu le bonheur de se réveiller mardi matin avec une grosse douleur dans le bas du dos. Cher camarade, il est encore temps de changer de syndicat et de priver de tes subsides des dirigeants qui n'ont qu'une seule pensée en tête : signer un accord, quel qu'il soit, avec qui que ce soit. En France, les syndicats ne manquent pas, je t'assure. De l'UNSA à la CNT, tu peux largement trouver chaussure à ton pied.
Non, moi, j'attendais Thibault. Ce dirigeant de la CGT ne pouvait pas laisser passer une phrase pareille. Immédiatement, ses souvenirs de formation syndicale (mais néanmoins marxiste) allaient remonter à la surface. Un filet de bave devait se mettre à couler de ses babines et, pendant qu'il se saisissait de son couteau de léniniste toujours planqué dans son caleçon, il allait se jeter sur la mère Laurence en hurlant "Vive la Révolution", tout en assénant au camarade Chérèque un bon coup de tatane, pour marquer le côté "social-traître" de son allié en train de lui en mettre plein le dos...
Mais non... Rien de rien... Le secrétaire général n'a pas plus réagi que les autres. Bien au contraire, il s'est contenté de réponses vaseuses sur les retraites et s'est laissé enfermer dans le conflit des dockers marseillais, sans pouvoir dire quoi que ce soit.
Mais pourquoi ? Pourquoi refuser de leur rentrer dedans ? Qu'avait-il à y perdre ? Risquait-il sa décharge à la SNCF ? Allait-il se faire sermonner par le politburo parce qu'il aurait osé ébouriffer un peu la patronne des patrons ? Craignait-il de briser un front syndical que son voisin se préparait gentiment à massacrer 30 minutes plus tard ?
Je ne sais pas, mais franchement, il y a des moments où on aimerait mettre un grand coup de balai là-dedans.