mardi 18 novembre 2008

chaîne d'opinion interne, épisode 2 : la revanche des Siths (comment ça c'est le titre de l'épisode 3 ? et alors, je fais ce que je veux non ?)

Pour répondre au billet du jour de Manuel (qui reste mon adversaire de frittage préféré, un peu comme Didier Goux pour Nicolas, les libéraux n'ayant pas l'heur de provoquer chez moi une stimulation intellectuelle telle que je me sente pousser l'envie de mieux les connaître) je me vois obligé de faire à mon tour un billet (en fait non, c'est un copié/collé de commentaire sur le billet original de Manuel mais il m'a engueulé au téléphone, exigeant que j'en fasse un billet).

Le truc c'est que proposer un modèle alternatif c'est compliqué, parceque justement il y a tout à réinventer (c'est peut être là que se situe le refus des politiques de faire cet exercice : seraient-ils fainéants ?). Alors il va falloir s'employer à résumer mes aspirations, mais le changement économique et social ne peut se faire sans changement des courants philosophiques majoritaires, ce qui induit évidemment une redéfinition des rapports sociaux ce qui... tu vois le truc

Avant de parler de remettre en cause le système capitaliste, je crois qu'il faut revenir à la définition de réussite et d'accomplissement personnel, pour moi la réussite économique n'a de sens que jusqu'au moment où l'on atteint une qualité de vie confortable, évidemment "confortable" est sujet à interprétation, par soucis de simplicité je dirais qu'un couple avec 2 enfants qui dégagerait , factures déduites, 2 500 euros de revenus par mois vit confortablement, un ratio de 750 euros tous frais déduits (loyer, impôts, alimentation et transports) par individu me semble raisonnable. Une fois ce seuil de "raisonnabilité" défini, je considère que la poursuite de "plus" nuit forcément, à d'autres humains où à l'écosystème en général (les ressources naturelles de la planète ne sont pas infinies, si l'on prend plus que sa part c'est qu'on retire à un autre). En privilégiant la raison aux envies on se met De Facto en opposition au principe du capitalisme, qui, comme son nom l'indique, vise l'expansion du capital des individus, au détriment possible des autres... C'est une des bases du bouddhisme qui m'a beaucoup séduit : lutter contre l'envie par la raison, il n'y a aucune raison justifiable de vouloir mieux que son voisin, si ce n'est la poursuite absurde et néfaste de la vanité humaine.

En limitant ainsi la possibilité d'enrichissement personnel (je dis bien en limitant, pas en interdisant), on arrive forcément à un système basé sur la redistribution des richesses, ce qui est la base du système que j'appelle de mes vœux.


Mais répartition (ou redistribution) ne veut pas dire "prime à la paresse" comme le font croire si complaisamment les médias, l'Internationale même contient un passage souvent oublié "Ouvriers, Paysans nous sommes : le grand parti des travailleurs, la terre n'appartient qu'aux hommes, l'oisif ira loger ailleurs" : l'oisif, pas uniquement le riche, le confort de vie doit être conséquence du travail, pas de la rente ni de la charité.

Une fois la limite "haute" définie (le seuil "raisonnable" c'est déjà vraiment pas mal), et la limite "basse" (je n'allais pas faire un paragraphe sur la nécessité d'un revenu minimum, on est pas des chiens et on ne laisse pas crever nos semblables), se pose le problème des moyens de production : si personne ne peut les posséder, qui le peut ? C'est là que le principe collectiviste entre en jeu : ce qui n'appartient à personne appartient forcément à tous, et c'est à tous de décider ce qu'il convient d'en faire.

Parce que le collectivisme n'est au final qu'une contrainte qu'on s'impose volontairement pour éviter les volontés dominatrices, ce n'est qu'un système de contrainte temporaire qui espère qu'avec l'intelligence et la philosophie l'homme saura se débarrasser de ce besoin de domination de ses semblables.

Voilà donc le système dont je rêve :

Le règne de la raison, au sens philosophique du terme.

Le capitalisme ne peut s'y contraindre, c'est incompatible avec son essence.
Le communisme a montré que l'homme providentiel conduisait à la dictature.
Le collectivisme n'a encore jamais été tenté à grande échelle, son succès à taille réduite mérite qu'on essaie de voir si ça ne pourrait pas être la solution.

6 commentaires:

  1. Le changement philosophique induit par un changement de modèle de société serait la meilleure chose qu'il puisse arriver à l'humanité. D'ailleurs, il n'ya aurait rien à inventer mais juste à s'inspirer des courants philosophique déjà existants comme le Bouddhisme que tu cites.
    Mais bon, en partant de là on pourrait accomplir des miracles qui relèvent de l'utopie.
    Le modèle que tu expose me fait d'abord tilter sur un truc, si le plafond et le plancher de revenus raisonnables ne sont pas assez différents, où se trouve la motivation pour exercer une activité? Le libéral acharné dit que le RMI est déjà bien trop confortable et incite à la fainéantise.
    Dans les micros sociétés collectivistes que tu cites (Kibbutz je suppose), chaque habitant est impliqué, il y croit. a grande échelle, on ne peut supposer que chacun y croira, donc les abus risquent d'être fréquents.
    Finalement, espèce de communiste, je pense qu'on n'est pas si loin l'un de l'autre, on est pour la restriction de la richesse, mais à des seuils et plafonds différents. Je souhaite encore que la personne soit motivé par une réussite personnelle et je souhaite que chacun puisse accomplir son destin professionnel.
    Comme je l'ai déjà (mal) expliqué, je pense qu'il faut un plafond pour les très grandes richesses, car le couple qui gagne 120.000e par an n'est pas celui qui fout sa merde, c'est le mec qui gagne 1000.000€ par mois qui la fout

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  2. Alors dans ta liste de tics :

    1) Si on ne recherche pas le gain financier d'autres critères peuvent entrer dans la sélection d'un métier, comme l'intérêt que l'on a pour cette discipline, la facilité avec laquelle on effectue ce genre de tâche, la possibilité de rencontres ou que sais-je... Pour la même paie je pourrais faire beaucoup de métiers différents, j'ai choisi d'exercer le mien pour d'autres raisons que l'argent.

    2) C'est pour cela que le collectivisme doit d'abord passer par la phase de la contrainte, les kibbutz sont dans la phase d'après, je n'ai pas dit que ce serait facile ou rapide de généraliser le modèle, juste que ça valait le coup d'essayer (et si ça doit froisser les libéraux ben tant pis, leur modèle me froisse et ils s'en balancent alors je renvoie la politesse).

    Mais oui, je sais bien qu'on est pas très loin l'un de l'autre, je suis plus dur dans mon approche des principes c'est tout : pour moi le couple qui touche 120 000 euros par an, le mec qui émarge à 1 000 000 comme celui qui ne touche que le SMIC mais qui rêve de mieux sont tous dans le même système néfaste : plus d'argent, plus de luxe inutile, toujours plus, encore plus...
    Comme je suis pour l'égalité je met tout me monde dans le même sac : ceux qui nuisent, ceux qui peuvent nuire et ceux qui voudraient bien nuire.

    Et puis, au final, la réussite professionnelle et financière c'est pas celle qui compte le plus non ? Si tu réussis ta vie personnelle, peu importe ton échelle sociale, la marque de ta voiture et celle de tes pompes, tu es plus heureux qu'un mec pété d'oseille mais seul sur son île.

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  3. 1) Beaucoup voudront faire le même boulot et peu voudront balayer, nettoyer, servir et c...
    2) Rien compris à ton truc sur la nuisance.
    Sinon, contrairement à toi, je souhaite pouvoir transmettre quelque chose à mes enfants, je souhaite faire ne sorte que mon épouse n'aie pas besoin de se faire de soucis financier si je venais à décéder, donc j'ai besoin de plus, pas de plus de luxe, mais de plus pour assurer la pérennité de ma famille. Et ce sentiment est humain, donc pas facile à exclure de la société.

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  4. Bon, va falloir que je bosse moi. Vos billets sont trop longs pour y répondre en commentaire.

    A suivre...

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  5. Ben oui mon petit vieux, va falloir bûcher!

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  6. @ Manuel

    1) rien n'interdit de mieux payer les métiers difficiles, je vois peu de justification au fait qu'un administratif lambda gagne plus qu'un balayeur des rues, on a souvent tendance à considérer le monde du travail sur l'axe responsabilités=paie, on pourrait croiser un tableau sur le type "paie=fonction de la pénibilité" et "confort=fonction du degré de hiérarchie".

    2) Je mets un plafond bas pour la richesse parce que je considère l'ensemble de l'humanité rapporté à la production de richesses, il est mathématiquement impossible qu'un couple émarge à 120 000 euros par an sans que la part du gâteau revenant aux autres soit entamée. On appelle cela l'égalité.

    3) Relis mon billet sur l'héritage et ma définition du collectivisme, tu verras mon point de vue.
    3 bis) Très macho comme attitude ça, ton épouse serait incapable de se débrouiller si tu venais à mourir ? Image très progressiste de la femme... Quand à vouloir le bien de tes enfants, le système de redistribution leur garantirait un niveau de vie acceptable, il y aurait donc déjà pérennité, vouloir plus tombe donc forcément dans le luxe ;)

    @ Mathieu

    Oui, arrêtes de nous gonfler avec le PS dont on se contrefout et parles nous de tes idéaux plutôt que de ceux des leaders d'un parti moribond.

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