mercredi 24 septembre 2008

Le capitalisme bouge encore...

Depuis le déclenchement de la crise financière, les blogs de gauche sabrent le champagne. Les journaux les suivent de la même farandole festive, indiquant que l'intervention de l'État est de retour et que le néo-libéralisme est à l'agonie. Partout, les gauchistes se réjouissent et annoncent la mort du capitalisme et l'arrivée prochaine de la révolution prolétarienne. Il n'y a bien que les leaders de PS pour continuer à compter les voix de leurs six motions sans s'intéresser à ce qui se passe dans le monde.

Et pourtant, je résiste encore et toujours à ce positivisme nouveau. Certes, les États-Unis ont annoncé un plan de sauvetage inégalé de leur système bancaire. Cette réaction risque bien, d'ailleurs, de leur coûter très cher dans le futur. Ils devront soit réduire drastiquement la dépense publique (dans ce pays, c'est l'armée qui risque d'en payer le prix), soit augmenter considérablement les impôts, alors que l'administration Bush s'est échinée à les diminuer, soit décider de creuser encore leur abyssale dette en pompant l'épargne asiatique et moyen-orientale, ce qui risque de rendre de plus en plus dépendante de l'extérieur l'économie américaine. Doit-on se réduire de la crise à venir de la superpuissance américaine ? Je n'en crois rien. Le risque est plutôt le développement d'une instabilité grandissante des relations internationales et de conflits ressemblant comme deux gouttes d'eau à ce qui vient de se dérouler en Géorgie.

Les pays de l'Union Européenne vont bien être obligés d'intervenir aussi pour sauver les banques de dépôts des pays les plus touchés, particulièrement au Royaume-Uni et en Espagne. Le gouvernement de sa majesté est d'ailleurs déjà fortement intervenu en début d'année. L'Espagne, où l'inflation flirte avec les 7%, risque bien de suivre rapidement. La France a l'air épargné car les banques de dépôts sont très encadrées au niveau du crédit, mais peut-on en être sûr ?

Et pourtant, cher lecteur, et pourtant, est-ce que tout cela remet réellement en cause les idées néo-libérales de nos élites politiques ? La réponse est non. Si tu écoutes les discours qu'ont prononcé les chefs d'État, personne n'a annoncé de politique visant à remettre en cause la distribution inégalitaire des richesses entre les habitants de nos pays, et avec ceux du Sud. Bush a parlé deux minutes hier de la crise financière pour consacrer la majorité de son discours aux islamistes, qui ne sont absolument pour rien dans tout ce bordel financier. Sarkozy a certes parlé de moraliser le capitalisme, mais cela ressemble plus à une vision traditionaliste de l'économie qu'à une réelle volonté de changer les choses.

Pour tous ces gens, la vision de l'État ne change pas. Il est d'abord là pour assurer les services minimums (armée, police, justice), mais aussi pour protéger les actionnaires et les investisseurs des éventuels bêtises qu'ils font (toujours la socialisation des pertes). Il vise aussi à répartir de moins en moins les richesses, tout en disant que le libéralisme permet de les répartir davantage et mieux. Enfin, il retrouve de plus en plus un rôle répressif face aux pôles de résistance qui subsistent un peu partout dans notre monde développé.

En clair, ces interventions des pays développés, si elles se résument à sauver les banques, ne changent rien du tout au fond du problème. Ne nous réjouissons pas trop vite, mes amis, le libéralisme est encore bien vivant.

19 commentaires:

  1. Le libéralisme est vivant et il est de mauvaise foi, comme le montre cet article de R.F http://renefoulon.canalblog.com/archives/2008/09/23/10686081.html

    Cette crise est différente de celle de 1929 car à l'époque l'État n'avais pas levé le petit doigt pour sauver les banques du crash, et en toute logique tout s'est pété la gueule.
    Aujourd'hui, on nous clame haut et fort que le libéralisme capitalisme, c'est le top, j'ai lu ça et là que le libéralisme total amènerait une forme d'équilibre naturel...
    Il est beau l'équilibre! C'est la faillite d'un système, pas dans son ensemble, car le capitalisme n'est pas à jeter aux ordures, mais la liberté qu'on laisse aux traders et différents acteurs financiers amène la catastrophe.

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  2. Ce que refuse de voir la doctrine libérale c'est que l'être humain n'est pas intrinsèquement bon, il n'a pas comme volonté de rechercher l'équilibre ni la coexistence, on agit encore beaucoup sous l'influence de l'envie, qui pousse à vouloir toujours plus sans se soucier des conséquences.
    Alors forcément, quand on base une idéologie sur un présupposé bancal, on ne peut que finir dans une spirale d'auto-justification dans laquelle on réclame toujours plus en justifiant que donner moins est la cause de l'échec...

    Dans quelques semaines on nous expliquera que c'est l'interventionnisme de l'Etat qui est la cause de la crise, que sans elle l'économie aurait naturellement trouvé une solution et qu'il est normal qu'une fois les pertes épongées il faudra rapidement privatiser tout ce qui aura été nationalisé, car le privé, libéré des incapacités structurelles de l'Etat, et détenteur de la "sagesse du marché" est beaucoup plus efficace et légitime.

    Bref, on oublie que le fait de ne pas intervenir n'arrange rien (exemple de 29), que le fait d'intervenir en change rien (exemple : maintenant) et que c'est l'absence de vrai contrôle par les Etats (qui sont, rappelons-le, les seuls représentants légitimes des citoyens) qui conduit aux abus, certainement pas leur trop grande présence....

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  3. Oui, contrairement à ce que pensent nos amis libéraux, l'individu ne cherche pas à jouir des libertés dont il dispose, mais à se venger des contraintes qu'il subit.

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  4. En fait, l'intervention de l'État permet d'éviter une crise mondiale de grande ampleur, elle est quand même utile.
    Le problème, c'est qu'elle donne raison à ceux qui l'ont provoqué et leur donne carte blanche pour continuer, et c'est pas Sarkozy qui va les en empêcher...
    Il faut contrôler, réguler, même foulon le dit...
    Par contre ce qu'il ne dit pas, c'est que cette nécessaire régulation de l'état est la preuve de l'échec de ce monde libéral utopique. Car comme tu le dis, ils (les libéraux) imputent souvent les problèmes au manque de libéralisme, à l'interventionnisme de l'état. Ben là, c'est aps vrai, alors un peu de logique les gars!
    Et CC, ben oui les libéraux sont des rêveurs utopistes! Pour eux l'individu est foncièrement bon... sauf le musulman!

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  5. @Manuel

    Il n'est pas de logique dans un dogme, ça ne sert à rien d'y faire appel, c'est comme discuter religions avec un fondamentaliste (peu importe sa religion) quelconque, il est persuadé d'avoir raison et s'aveugle à ses incohérences

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  6. @fabrice : il y a une logique. Ce sont les postulats de base qui sont différents. Les postulats sont en dehors de toute démonstration ou logique puisqu'ils en sont la base.

    Par exemple, je peux prouver que 2+2=6 si je pars du postulat que 1+1=3. Ou bien, je peux justifier mes actions si je pars du postulat que Dieu existe et qu'il considère MA religion comme la bonne. Je peux aussi considérer que l'absence de règles ou d'état amènera un monde meilleur si je pars du postulat que l'homme réagira comme je l'ai prédit (rationnellement, avec le coeur sur la main et avec une perception raisonnable de son intérêt).

    C'est toute la difficulté des discussions de cet ordre : la logique s'enchaîne inexorablement à partir de postulats différents.

    Et amener la discussion sur les postulats oblige à aborder le sujet sous l'angle philosophique, psychologique, sociologique ou ontologique. Donc, pas du tout sur le même degré d'analyse. Discussion qui est d'ailleurs hors de portée de la plupart (je ne m'y risquerais certainement pas).

    Discussions traditionnelles à base de postulats invérifiables :
    - Dieu n'existe pas
    - Prouve-le !
    - Bin...
    - Dieu existe
    - Prouve-le !
    - S'il n'existe pas, alors comment expliques-tu tout ça ?
    ou
    - La foi est une preuve suffisante.

    - Si Dieu existe et est tout puissant, alors il n'est pas bien bon. S'il est bon, alors il n'est pas bien puissant.
    - Les voies du seigneur sont impénétrables.

    - Si on libère les entreprises du carcan de la régulation et des charges sociales, alors, elles produiront sans retenue, feront travailler tous les chômeurs, tous seront riches et heureux, la pauvreté et la faim disparaîtront, il n'y aura plus de guerre, l'épisode VII de Star Wars sortira et le monde va devenir bleu.
    - mé euh...et la marmotte ?
    (d'où on en conclut que George Lucas est libéral et ne sort pas sa suite pour protester contre le communisme des gouvernements US).

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  7. @ CC

    Je dirais plutôt que la preuve que Georges Lucas est libéral est dans les 6 épisodes de star wars : pas un seul arabe !! (ben oui, le libéral étant islamophobe j'exagère un peu en en faisant un raciste pour justifier ma vanne foireuse...)

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  8. Mais non, Georges Lucas est communiste. Vous avez vu l'organisation politique des Wookies ???

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  9. Propos de béotien !! hérésie !!

    La culture Wookie est sur le modèle tribal, la charge de chef est transmise par hérédité, aucun collectivisme...

    A la rigueur l'Empire est communiste, si l'on considère le conseil des Moffs comme le comité central, mais je les vois assez mal s'opposer à Palpatine....

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  10. Certes, les Wookies n'ont pas de contrôle sur le pouvoir politique, mais il me semble bien qu'il y a une collectivité des biens.

    A la rigueur, l'empire est marxiste-léniniste. Je ne crois pas que beaucoup de membres du politburo s'opposaient à Staline...

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  11. Merde, si l'Empire c'est des marxistes léninistes je suis un Sith !!!

    Mais alors, ça voudrait dire que René, Criticus, Lomig, Penthièvre et les autres sont tous des Jedi ??

    Je vais chercher la 501e compagnie (http://www.bothan-online.com/501eme.html) , Darth manuel tu viens avec moi régler ça à coups de lightsaber ?

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  12. Je sens que j'ai introduit une certaine dérive sémantique par rapport au sujet d'origine...^^

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  13. @CC

    Est-ce réellement dérangeant ? un peu de légèreté est parfois bon pour réattaquer les horribles réalités quotidiennes...

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  14. @ Fabrice : très bon !!!

    @ CC : je suis sûr que Georges Lucas avait un message politique par ailleurs dans son oeuvre. Je suis sûr que Fabrice pourrait nous en faire un excellent billet d'ailleurs, vu sa connaissance de l'oeuvre.

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  15. Pari tenu, je m'y mets tout de suite !!

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  16. L'état a le monopole de création monétaire, distribue els licences bancaires, fixe les taux d'interets, ...


    Nons sérieuseument vous n'êtes pas crédible, et encore plus avec le recul, l'état occupe de plus en plus de place dans nos vies:

    hadopi, edwige, cagoule, hétéronymat, 53.4% de dépenses publiques PIB, 1 taxe par mois avec le nain, ...


    Ouvrez un peu les yeux ;)

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  17. @ Anonyme : tu penses que la monnaie devrait être produite par qui ? Je te signale d'ailleurs que, en France, l'État s'est débarrassé de la création monétaire.

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  18. @Mathieu,
    Moi et les chiffres ne sommes pas bons amis. Pourtant ici, je comprends bien que le système libéral nous a démontré qu'il était le plus fiable.
    Ce qui le déshonore et le met même en difficulté, c'est la spéculation, sous toutes ses formes. L'ultra libéralisme de la Bourse est honteuse. Les salaires mirobolants... Je ne parle pas que des grands patrons - Je dirais même que pour eux, étant ceux qui créent de l'emploi ils me gênent moins que certains sportifs, acteurs etc... Tu sais ces gens que l'on appelle "bobo" et qui viennent nous donner des leçon de gauchisme à la télé ?

    En revanche, les primes de licenciements de ces riches Patrons, leurs parachutes dorés, et certains autres avantages, à mon avis, c'est largement exagéré.

    Maintenant pour leur imposition - Je ne pense pas qu'il faut en faire plus. Hélas, avec la mondialisation, cela ne dépend pas que de la gestion d'un Pays. Si nous les imposons trop, il y a pas mal de Paradis fiscaux qui ne demandent pas mieux que de leur ouvrir les bras.... Et qui peut les empêcher d'aller là où le soleil brille davantage pour leurs intérêts ?

    Alors tant qu'il n'y a pas accord tacite international, pour empêcher ces paradis fiscaux, ici, je trouve que Sarkozy a fait ce qu'il fallait.
    D'ailleurs pour la crise qui vient de frapper l'Occident, tous les gouvernants européens ont félicité notre Président, d'avoir su le mieux traverser la crise.

    On lui reproche d'aider les banques... Mais si il laissait des banques à la dérive, qui paierait si ce n'est l'actionnaire ou le simple client de la banque ?

    Non, le libéralisme, d'après moi est la bonne voie à suivre, avec beaucoup de balises cependant. Et néanmoins pour tout ce qui concerne le Social, je reste absolument d'accord pour que cela reste du domaine de l'Etat. Le problème, c'est que l'Etat, gère mal... Mais bon, cela reste pour moi, le meilleur des cas, car il englobe toute la Société, et ne doit pas faire des laisser pour compte.

    Voila, ce n'est que mon avis... Je ne prétends pas détenir quelque vérité que ce soit...

    Cordialement,

    MMlles

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  19. @ MMlles : je ne vois pas en quoi la situation actuelle a démontré la supériorité du libéralisme. D'autre part, je vous signale que le libéralisme n'est pas un système mais une idéologie. C'est le capitalisme qui est un système.

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