jeudi 14 mai 2009

Débat sur la légalisation du Cannabis

Hier soir, un zapping hasardeux m'a amené à regarder l'émission C dans l'air qui à mon grand étonnant relançait le débat oublié de la légalisation du cannabis.
Je me souviens qu'il y a une dizaine d'années, le sujet était brûlant et je m'attendais à l'époque à une légalisation imminente, aujourd'hui, nous en sommes loin...

Ce débat n’est plus vraiment à l’ordre du jour, toutefois les positions du représentant du gouvernement qui est président de la mission interministérielle de la lutte contre la toxicomanie étaient hier affligeantes. Monsieur Etienne Apaire tenait des propos d’une autre époque.
Entre le lien direct entre le cannabis et les drogues dures, la tragédie des familles ou conjoints de fumeurs quotidiens, on aurait presque crû qu’il parlait de crack ou d’héroïne…
Chaque argument (chiffres, idées) avancé par les partisans pro-légalisation butait contre le traditionnel, « c’est de la drogue, c’est dangereux, c’est mal »…
Fort heureusement il y a avait un invité de grande qualité en la personne de Michel Reynaud. Il connaissait le sujet et ses arguments peuvent être acceptés par la masse de fumeurs du pays.
Le fait que l’âge de la première fois baisse de plus en plus est très dangereux, on n’a pas la même solidité psychologique et physique à 12 ans qu’à 16 ou 20 ans. Mais j’ai tendance à penser que la première fois est de plus en plus précoce dans beaucoup de domaine, l’alcool, le sexe, le tabac, la violence, c’est plus un phénomène de société qu’uniquement un problème de drogue.
Francis Caballero avocat et président du Mouvement de Légalisation Contrôlée, par ailleurs un personnage atypique et assez drôle parlait de drogues du sud interdites (chanvre, feuilles de coca, pavot) opposées aux drogues du nord légales (médicaments, alcool, tabac).
On ne peut tout prohiber, mais la différence de traitement entre les différentes drogues est tout de même étonnante…
Bien sûr tout n’est pas à mettre sur le même plan, Cocaïne, Héroïne, drogues de synthèse sont très dangereuses et potentiellement physiquement addictives, tout comme l’alcool, le tabac et les médicaments.
Il y a toute un tas de raisons sociologiques et culturelles pour expliquer la différence de traitement de ces produits sans eu égard du danger réel de ceux-ci.
Enfin, je ne suis pas la pour militer pour ou contre la légalisation car de toute façon cela n’arrivera pas.
Mais la situation répressive actuelle, inefficace et hypocrite est complètement inadaptée à la situation réelle en France. La France est le premier consommateur de cannabis en Europe et il existe autour de cette consommation toute une économie parallèle illégale qui vient alimenter diverses organisations mafieuses. De plus le fumeur « raisonnable » n’a d’autre choix que d’être en contact avec ces réseaux de distribution potentiellement dangereux.
Celui qui veut vivre sa relation avec le cannabis en autarcie et faire pousser sa propre herbe chez lui pour sa consommation personnelle prend des énormes risques vis à vis de loi, car la production est durement réprimée.
Ce que j’ai compris de ce débat, c’est qu’au nom de la protection d’une minorité de consommateurs à risques, principalement les mineurs, tout le monde se voit placé dans l’illégalité sans pour autant être un danger pour soi-même ou les autres.
Je n’ai pas de solution miracles, mon métier n’est pas législateur, mais je peux reconnaitre un système qui ne fonctionne pas. La prohibition a des effets pervers, elle empêche de contrôler efficacement ce qui est consommé et par qui.

14 commentaires:

  1. Il y en a qui goûtent sans avaler la fumée. On les appelle des hypotesteurs ou quand la fumée s'est dissipée, des hypocrites. C'est bien de nourrir la discussion, c'est un moyen d'informer et de poursuivre la réflexion à une époque où qu'on le regrette ou pas, c'est vrai, le débat n'est pas à l'ordre du jour.

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  2. Insinuerais-tu qu'il existe un occidentalisme de la drogue ?

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  3. Ce n'est pas moi qui insinue cela mais l'intervenant d'hier. Et elle est rigolote et intéressante cette insinuation.

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  4. @Mtislav, en effet on a d'autres chats à fouetter en ce moment...
    Entre les bandes, les sans papiers, les islamistes, les ultra gauche terroristes et les étudiants grévistes dangereux, notre petit roi n'a pas le temps de nous emmerder avec ça.
    Car tant qu'il est là, j'aime autant qu'on oublie un peu ce sujet...

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  5. Manuel, si tu aimes autant qu'on oublie un peu ce sujet, pourquoi en fais-tu un billet ?

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  6. J'ai de sérieux doutes sur l'influence que pourrait avoir ce billet sur les priorités et décisions de Nicolas Sarkozy, donc j'en parle sans avoir peur qu'il légisfère durement.
    Maintenant si tu crois que nous sommes lus au plus haut point du gouvernement, je suis flatté.

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  7. Je partage entièrement ton avis sur la question, comme des organes de presse très sérieux : http://aurel.hautetfort.com/tag/cannabis

    je vois deux risques majeurs dans la tête de nos gouvernants :
    - le risque d'émeutes dans des cités qui vivent en partie de commerces illicites de cette nature.
    - les arguments qui s'appliquent au cannabis s'appliquent aussi à la cocaïne, au LSD, etc. Une fois le curseur en mouvement, où et comment l'arrêter ?

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  8. Je me demande si le cannabis est plus dangereux que l'alcool ? Surtout lorsque l'on voit le fléau qu'est ce dernier poison.
    J’ai toujours été étonné que les cigarettes et l'alcool soient en vente libre.
    Aussi est il nessecaire d'introduire plus de choix dans des moyens de s'echapper, de se detruire?

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  9. dsl pour la jolie faute d'ortografeeeee ;)(nessecaire au lieu de necessaire)

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  10. Aurélien, quand tu parles de risques d'émeutes dans les banlieues comme frein à une législation plus souple, j'espère que tu te trompes, ce serait encore une fois une expression terrifiante de notre incohérente démocratie.
    Je ne suis pas tout à fait d'accord sur le fait que les arguments applicables au cannabis le soient automatiquement également aux autres drogues. Contrairement au opiacés, le cannabis n'engendre pas d'addiction physique.
    Ensuite, je suis ne pas expert, mais je me permettrai de dire que les dégâts sur le corps et l'esprit occasionnés par la prise de THC sont minimes, comparables au tabac et nettement moins graves que l'alcool ou les drogues dites "dures".
    Myu, le problème, ce sont les jeunes, car un adulte peut fumer, bosser, être en couple, faire du sport, comme tout le monde.
    Quand à l'échappatoire dont tu parles, la moindre des choses c'est de laisser le choix aux gens de s'échapper ou non.
    Franchement s'échapper avec un pétard ou une bouteille de Rhum...

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  11. Franchement, qu'on légalise ! Au moins, on pourra contrôler la qualité de ce que les gens fument. De plus, je suis persuadé que le cannabis n'est pas plus dangereux que l'alcool.

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  12. Je suis bien d'accord avec toi, mais tu m'accorderas qu'un verre de vodka tous les soirs ou un rail de coke, ça ne doit pas améliorer tes veines dans un cas comme dans l'autre. La dépendance physique de la coke ou de l'ectasy semble faible, et celle des produits cannabiques est certes plus psychologique, mais elle peut être réelle.

    Quant à l'argu de l'achat de la paix sociale, je l'ai entendu de la bouche de hauts responsables de la PN, pas certain qu'ils soient les experts de la question, mais ils semblaient bien informés tout de même.

    Ma position est claire, je suis pour une légalisation encadrée, et cela n'engage que moi. Mais cela dit, je préfère connaitre les argus du débats avant qu'on me les sorte.

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  13. Rien à ajouter, on est d'accord.
    Je suis tout de même éberlué par ce que tu me dis sur la paix sociale.

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