Depuis le milieu du mois d’août, on peut constater que la campagne électorale de 2009 se prépare, à droite comme à gauche. Ainsi, le Modem est-il en train de constituer ses listes, pendant que LO essaie d’exclure une de ses tendances, l’étincelle, décidée à faire alliance avec le NPA d’Olivier Besancenot.
Une affaire m’intéresse nettement plus. Daniel Cohn-Bendit, ancienne tête de liste des Verts aux élections européennes, tente de monter à nouveau une liste de candidats, mais nettement différente cette fois. L’ancien leader étudiant de mai 68 veut réunir une liste écologiste unitaire, regroupant les Verts, mais aussi José Bové, CAP 21 de Corinne Lepage, et les personnes orbitant autour de Nicolas Hulot, celui-ci ayant déjà décliné l’invitation à s’engager en politique. A ce jour, les Verts semblent accepter dans le désordre la dynamique, de même que José Bové. Si Corinne Lepage va plutôt se présenter sur les listes du Modem, les amis de Nicolas Hulot seront sur la liste, puisque l’un de ses adjoints, Jean-Paul Besset, devrait être en position éligible.
Cohn-Bendit bénéficie d’un contexte politique très favorable pour réussir son pari. D’abord, les candidats écologistes marqués politiquement à gauche ont fait des scores ridicules aux dernières présidentielles, sans doute à cause de la peur de le Pen. D. Voynet a été quasiment inaudible et José Bové n’a pu faire émerger les idées alter-mondialistes, après avoir fait exploser, avec d’autres, la tentative d’un candidat unique de la gauche de la gauche. A eux deux, ils ont fait moins de 4%, ce qui a pu faire penser que l’écologie politique était morte et enterrée.
Pourtant, cher lecteur, au contraire, les idées écologistes ne se sont jamais aussi bien portées. Nicolas Hulot, en obligeant les différents candidats de 2007 à signer son pacte écologique, a bien montré que les électeurs y tenaient fortement. Jamais Sarkozy n’aurait organisé le Grenelle de l’environnement sans cette forte pression de l’opinion. De plus, les questions environnementales reviennent sans arrêt dans tous les débats de société que les médias diffusent en ce moment. Finalement, tous les partis font un peu d’écologie, ou feignent d’en faire.
Amenés à la crise, les écologistes sont sur le point de remettre au goût du jour une de leurs vieilles questions politiques : faut-il être autonome ou se raccrocher à l’une des deux grandes familles politiques françaises pour exister ? Je ne sais pas si tu te souviens, cher lecteur un peu âgé, mais lorsque les écolos ont percé dans les scrutins électoraux (entre 1989 et 1992), leur mouvement était dominé par deux leaders : Antoine Waechter et Brice Lalonde. Ces deux dirigeants se sont écharpés à l’époque, d’abord, il est vrai, pour des questions d’ambitions personnelles, mais surtout, pour cette question que j’évoquais plus haut. Waechter défendait l’idée du « ni-ni » et essayait de faire de l’écologie politique un courant en soi. A l’inverse, Brice Lalonde prônait un rattachement à l’une des deux grandes familles politiques. Si ces deux leaders n’ont plus d’audience politique aujourd’hui, Cohn-Bendit est en train d’essayer de repasser les plats, mettant en difficulté les Verts qui ont fait le choix de la gauche en 1993.
En fait, j’ai toujours eu beaucoup de mal à saisir si les écologistes portaient une véritable vision du monde et une idéologie ou s’ils essayaient simplement de teinter les idées politiques existantes d’une consonance environnementale. Le ralliement des Verts à la gauche n’a pas résolu cette question, car on pourrait très bien considérer que l’écologie est une idéologie plutôt à gauche, à cause de son côté réformiste et progressiste. L’évolution de Corinne Lepage, très chiraquienne au départ et aujourd’hui au Modem, le démontrerait plutôt. Or, de nombreux hommes politiques de droite ont inclus dans leurs discours des logiques environnementales, même si elles ne sont pas dominantes dans leur camp. Il existe bien quelques mouvements politiques d’extrême-gauche, proche de l’écologie sociale, qui regroupent quelques militants.
Malgré tout, je reste persuadé que les Verts avaient fait le bon choix dans le passé. La logique écologiste impose une certaine forme de contrôle sur l’économie, et donc un Etat fort. Les libéraux, qui estiment que le marché régulera de lui-même les choses, ne peuvent l’accepter, et les blogs libéraux tentent d’ailleurs régulièrement de démonter l’existence de la crise environnementale. En clair, les écolos ne peuvent s’allier qu’avec des mouvements interventionnistes, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Là est, à mon avis, la solution à la crise du positionnement écologiste. Les réformes écologistes ne peuvent s’appuyer sur un Etat faible et sur un système de libre-régulation, puisque ce système est celui d’aujourd’hui sur la majorité de la planète. Les écologistes ne peuvent que se rallier à des mouvements qui imaginent un Etat interventionniste. S’ils font le pas dans ce domaine, pourquoi ne le feraient-ils pas dans le social ou en économie ?
En 1993, le choix des Verts de se coller à la gauche ne m’avait pas semblé incohérent à cause de cela. Cependant, si le PS continue sa virée vers le libéralisme, il est clair que les écolos n’ont plus rien à faire dans cette alliance. La logique est la même avec la droite. Cohn-Bendit pose une question intelligente, mais reste à savoir comment il va y répondre.
Pour moi, une liste d’union Cohn-Bendit ne peut être intéressante que dans une configuration : il faut que les participants acceptent tous que le pouvoir politique est le moteur de la transformation écologiste et de la croissance verte à construire derrière. Cette logique peut s’accompagner d’une réelle démocratisation du système politique, car les choix à faire pour protéger l’environnement tout en essayant de maintenir notre mode de vie méritent qu’on en débatte. Si tous les candidats de cette liste, de droite comme de gauche, ne le font pas, elle ne sera qu’une opération de communication, sans réel intérêt politique. J’espère que les écologistes seront enfin capables de dégager une logique cohérente à tout cela.
Une affaire m’intéresse nettement plus. Daniel Cohn-Bendit, ancienne tête de liste des Verts aux élections européennes, tente de monter à nouveau une liste de candidats, mais nettement différente cette fois. L’ancien leader étudiant de mai 68 veut réunir une liste écologiste unitaire, regroupant les Verts, mais aussi José Bové, CAP 21 de Corinne Lepage, et les personnes orbitant autour de Nicolas Hulot, celui-ci ayant déjà décliné l’invitation à s’engager en politique. A ce jour, les Verts semblent accepter dans le désordre la dynamique, de même que José Bové. Si Corinne Lepage va plutôt se présenter sur les listes du Modem, les amis de Nicolas Hulot seront sur la liste, puisque l’un de ses adjoints, Jean-Paul Besset, devrait être en position éligible.
Cohn-Bendit bénéficie d’un contexte politique très favorable pour réussir son pari. D’abord, les candidats écologistes marqués politiquement à gauche ont fait des scores ridicules aux dernières présidentielles, sans doute à cause de la peur de le Pen. D. Voynet a été quasiment inaudible et José Bové n’a pu faire émerger les idées alter-mondialistes, après avoir fait exploser, avec d’autres, la tentative d’un candidat unique de la gauche de la gauche. A eux deux, ils ont fait moins de 4%, ce qui a pu faire penser que l’écologie politique était morte et enterrée.
Pourtant, cher lecteur, au contraire, les idées écologistes ne se sont jamais aussi bien portées. Nicolas Hulot, en obligeant les différents candidats de 2007 à signer son pacte écologique, a bien montré que les électeurs y tenaient fortement. Jamais Sarkozy n’aurait organisé le Grenelle de l’environnement sans cette forte pression de l’opinion. De plus, les questions environnementales reviennent sans arrêt dans tous les débats de société que les médias diffusent en ce moment. Finalement, tous les partis font un peu d’écologie, ou feignent d’en faire.
Amenés à la crise, les écologistes sont sur le point de remettre au goût du jour une de leurs vieilles questions politiques : faut-il être autonome ou se raccrocher à l’une des deux grandes familles politiques françaises pour exister ? Je ne sais pas si tu te souviens, cher lecteur un peu âgé, mais lorsque les écolos ont percé dans les scrutins électoraux (entre 1989 et 1992), leur mouvement était dominé par deux leaders : Antoine Waechter et Brice Lalonde. Ces deux dirigeants se sont écharpés à l’époque, d’abord, il est vrai, pour des questions d’ambitions personnelles, mais surtout, pour cette question que j’évoquais plus haut. Waechter défendait l’idée du « ni-ni » et essayait de faire de l’écologie politique un courant en soi. A l’inverse, Brice Lalonde prônait un rattachement à l’une des deux grandes familles politiques. Si ces deux leaders n’ont plus d’audience politique aujourd’hui, Cohn-Bendit est en train d’essayer de repasser les plats, mettant en difficulté les Verts qui ont fait le choix de la gauche en 1993.
En fait, j’ai toujours eu beaucoup de mal à saisir si les écologistes portaient une véritable vision du monde et une idéologie ou s’ils essayaient simplement de teinter les idées politiques existantes d’une consonance environnementale. Le ralliement des Verts à la gauche n’a pas résolu cette question, car on pourrait très bien considérer que l’écologie est une idéologie plutôt à gauche, à cause de son côté réformiste et progressiste. L’évolution de Corinne Lepage, très chiraquienne au départ et aujourd’hui au Modem, le démontrerait plutôt. Or, de nombreux hommes politiques de droite ont inclus dans leurs discours des logiques environnementales, même si elles ne sont pas dominantes dans leur camp. Il existe bien quelques mouvements politiques d’extrême-gauche, proche de l’écologie sociale, qui regroupent quelques militants.
Malgré tout, je reste persuadé que les Verts avaient fait le bon choix dans le passé. La logique écologiste impose une certaine forme de contrôle sur l’économie, et donc un Etat fort. Les libéraux, qui estiment que le marché régulera de lui-même les choses, ne peuvent l’accepter, et les blogs libéraux tentent d’ailleurs régulièrement de démonter l’existence de la crise environnementale. En clair, les écolos ne peuvent s’allier qu’avec des mouvements interventionnistes, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Là est, à mon avis, la solution à la crise du positionnement écologiste. Les réformes écologistes ne peuvent s’appuyer sur un Etat faible et sur un système de libre-régulation, puisque ce système est celui d’aujourd’hui sur la majorité de la planète. Les écologistes ne peuvent que se rallier à des mouvements qui imaginent un Etat interventionniste. S’ils font le pas dans ce domaine, pourquoi ne le feraient-ils pas dans le social ou en économie ?
En 1993, le choix des Verts de se coller à la gauche ne m’avait pas semblé incohérent à cause de cela. Cependant, si le PS continue sa virée vers le libéralisme, il est clair que les écolos n’ont plus rien à faire dans cette alliance. La logique est la même avec la droite. Cohn-Bendit pose une question intelligente, mais reste à savoir comment il va y répondre.
Pour moi, une liste d’union Cohn-Bendit ne peut être intéressante que dans une configuration : il faut que les participants acceptent tous que le pouvoir politique est le moteur de la transformation écologiste et de la croissance verte à construire derrière. Cette logique peut s’accompagner d’une réelle démocratisation du système politique, car les choix à faire pour protéger l’environnement tout en essayant de maintenir notre mode de vie méritent qu’on en débatte. Si tous les candidats de cette liste, de droite comme de gauche, ne le font pas, elle ne sera qu’une opération de communication, sans réel intérêt politique. J’espère que les écologistes seront enfin capables de dégager une logique cohérente à tout cela.
Je ne pense pas qu'un parti écologiste doivent se rallier plutôt à gauche qu'à droite ou à personne.
RépondreSupprimerJe vois un parti écologiste neutre, tentant d'influencer les partis au pouvoir ou en accession au pouvoir comme a tenté de le faire N. Hulot pendant la campagne présidentielle.
Premièrement la gauche est faible, et s'allier à un parti en plein déroute...
Et puis comme le dit Hulot, l'écologie est un problème qui dépasse largement les clivages politiques et qui tôt ou tard finira par rattraper tout le monde. Alors il faut agir là ou ça bouge, de toute façon il n'y aura pas de bouleversement radical, il y aura tout au plus des ajustements dans notre rapport à l'énergie, aux déchets et c...
Alors, que petit à petit les choses bougent, quelle que soit la couleur politique de ceux qui décident le changement.
Manuel,
RépondreSupprimerNicolas Hulot et l'exemple même de l'impossibilité pour un parti "neutre" d'influencer les politiques de manière efficace, ils disent oui, font des promesses, un grand show médiatique pour montrer qu'ils sont super concernés et.... plus rien...en tout cas jusqu'aux prochaines élections, où le show recommencera.
Seul aucun parti écologique ne peut espérer avoir une réelle présence sur l'échiquier politique, il lui faut trouver un allié en position de faiblesse pour que l'addition des voix obtienne une majorité, c'est là qu'on monnaie le mieux ses électeurs, le PS et le NPA ont besoin de voix, l'UMP non, qui va acheter d'après toi ?
Comment ça une politique de marchands de soupe ? mais non.....
Je dis juste que si on place l'écologie d'un côté ou de l'autre de l'échiquier politique, le mouvement écologiste perd sa crédibilité auprès de l'autre côté.
RépondreSupprimerL'écologie doit faire parler d'elle, sensibiliser les gens, gagner des voix, forcer les partis en faire quelque chose.
@ Manuel : je ne suis pas convaincu par ton raisonnement. Lors de la dernière campagne, Nicolas Hulot a fait son petit effet. Tous les candidats ont signé le pacte écologique et le grenelle de l'environnement a semblé aboutir à des choses. Finalement, quelques mois après, rien ! Il est clair qu'une nouvelle stratégie politique est à trouver. J'attends de voir les effets de la stratégie Cohn-Bendit.
RépondreSupprimer@ Fabrice : je ne suis pas si sûr que cela que les écologistes choisissent la gauche si le PS continue sa virée libérale. Et avec le NPA, la base électorale sera insuffisante. Il faut voir ce qui va se passer.