mardi 28 octobre 2008

Barack Obama fait campagne en utilisant les artistes : quelles conclusions en tirer ?

Je voudrai, cher lecteur, te faire partager aujourd'hui quelques considérations sur la campagne que mène actuellement Barack Obama aux États-Unis. Grâce à une de mes collègues d'anglais, j'ai découvert le clip que tu peux voir ci-dessous. Il a été inspirée par un discours prononcé par le candidat durant la campagne des primaires démocrates le 8 janvier 2008. Il est réalisé par Will.i.am, le chanteur des Black Eyed Peas, un groupe qui a un certain succès dans la jeunesse américaine, mais aussi, j'ai pu m'en rendre compte au lycée, chez les jeunes Français. Le groupe s'est résolument positionné pour Barack Obama, et réunit ici toute une brochette de stars américaines qui s'engagent elles aussi en participant à ce clip.






La vidéo est à l'évidence assez bien faite. Cependant, je voudrai m'interroger, et t'interroger par la même occasion, sur l'impact de ce type de document. En France, nous n'avons pas encore eu l'occasion d'assister à ce type de chose, mais je pense que vu l'influence du modèle politique américain en France, cela ne va pas tarder.



Tout d'abord, on peut se demander qui est la cible de cette vidéo, largement diffusée sur Youtube mais aussi sur de nombreux blogs nord-américains et sur certaines chaînes de télévision. Personnellement, la vidéo ne me touche absolument pas, même si je reconnais la bonne facture du clip. En tant que passionné de politique, il en faut plus pour m'atteindre et me convaincre de voter pour un candidat. Je peux donc logiquement en déduire que les personnes visées sont plutôt des non-politisées. Ma collègue m'a tout de suite dit que cela visait les jeunes, très peu mobilisés en général aux États-Unis par la vie politique, y compris nationale. J'ai remis en cause tout de suite l'impact réel de ce type de vidéos, mais ma collègue, qui ne se laisse pas démonter facilement, m'a affirmé que les élèves français, avec qui elle avait travaillé sur la campagne électorale américaine, était très touchés par elle. Dont acte, mais nos élèves ne sont pas des Américains.


Quel est ensuite l'intérêt pour Barack Obama de mobiliser des artistes et des acteurs pour sa campagne ? S'il s'agit de mobiliser des jeunes, je trouve que le clip démontre la crise que connaît le monde politique dans son ensemble. Même un personnage charismatique comme Obama sait que son discours sera relativement inaudible chez les jeunes : le voilà obligé de mobiliser le ban et l'arrière-ban du monde des stars américaines pour tenter de bouger les jeunes. C'est d'autant plus étrange finalement qu'on peut douter de la capacité de McCain à attirer ces électeurs-là. Peut-être que le déséquilibre important entre jeunes et vieux (naturellement davantage républicain), qui a tant joué en France en 2007, effraie le candidat démocrate, qui cherche tous les moyens possibles pour se trouver une audience chez les post-ados. Comme cette population se mobilise peu, on essaie ici de la pousser au maximum à aller voter.


Quel est l'intérêt du chanteur et des autres artistes de s'engager là-dedans ? On peut d'abord penser que ce clip peut avoir un impact sur la campagne et faire gagner Obama, pourquoi pas... Je pense aussi que les chanteurs peuvent y trouver un impact financier personnel. Cet ancrage chez les démocrates peut amener de nouveaux auditeurs, même si les Républicains pourraient aussi quitter les salles. Il peut aussi donner une forme de respectabilité à des artistes considérés comme superficiels et sans grand intérêt dans leur production artistique habituelle : tu as peut-être reconnu dans ce clip la chanteuse des
Pussycat Dolls dans la deuxième partie de la chanson...


On peut se poser une dernière question : qu'est-ce que cette chanson exprime de l'état réel de la politique ? A l'évidence, le clip joue sur l'émotion bien plus que sur la raison indispensable à l'analyse politique. Obama fait référence à quelques grands moments de l'histoire américaine : la guerre d'indépendance, l'abolition de l'esclavage ou Martin Luther King. Il fait appel à l'espoir de changement des jeunes et martèle les mots
hope et yes, we can, mais que reste-t-il du programme du candidat, des propositions concrètes ? Au final, peu de choses... L'électeur jeune et adolescent devra se contenter des émotions et de voter pour un vague espoir. Finalement, tout cela n'est guère rassurant sur la politique américaine.

Bon, d'un autre côté, je ne pense pas qu'un tel clip aurait pu être fait en France pour Ségolène Royal en 2007. Peut-être sur de la musique hippie : Fraternité, fraternité, fraternité yeeaahhh...

10 commentaires:

  1. Tu as la mémoire si courte que tu as oublié les Cali, Grande Sophie, Renaud qui appelaient au vote pour la poitevine pendant que Gynéco, Faudel, Enrico, Johnny et les autres battaient le rappel pour le mètre étalon ?

    Allons, ça fait déjà un moment que pour pallier au manque programmatique on appelle le show-bizz qui remplit l'espace laissé vacant... Et ce n'est pas juste bon pour mobiliser la jeunesse, chaque "artiste" ramène son public (ou du moins une partie), y'a qu'à regarder le dernier album de Sardou, c'est un piège à vioques !!

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  2. Oui, d'accord, mais là, c'est une grosse production, bien plus importante qu'un concert de Cali à Charléty. Quand je parlais de la jeunesse, c'était de ce clip-là. Maintenant, je n'ai pas regardé ce que faisaient les Républicains de l'autre côté...

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  3. Grosse production.... c'est pas non plus le top of the pop qu'on retrouve sur le clip, avec tout hollywood dans la poche y'avait certainement mieux à trouver que Kareem Abdul-Jabar (qui a pris un énorme coup de vieux)... je sais pas moi, Kravitz a fait une chanson contre Bush, Clooney est aussi assez virulent sur les républicains, toutes proportions gardées (on parle du pays du show-bizz par excellence) le concert de Cali (ou Diam's) et les appels de Gynéco (ou Faudel)c'est aussi pour toucher la jeunesse...

    Quand aux républicains, je crois que toute la tendance "bling bling" du rap bosse pour eux, la règle des 3P ;)

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  4. Ce clip n'est qu'un exemple. J'admets en pas avoir fait de recherche stricte pour regarder tous les autres. J'ai eu accès par hasard à celui-là, et j'ai trouvé prétexte pour en faire un billet.

    Je le trouve quand même assez efficace. Comme je l'ai regardé deux fois pour faire le billet, j'arrive pas à me débarrasser de la mélodie depuis. C'est pénible...

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  5. Ça t'étonne Mathieu?
    T'as pas eu l'occasion de voir un meeting électoral américain?
    T'as jamais vu un débat entre candidats?
    ShowBiz, sensationnel, fric, ça se joue la dessus.
    Alors le clip, c'est dans la lignée.
    J'espère qu'en France on y arrivera le plus tard possible, mais celle qui a voulu placer le "débat" dans l'affectif plutôt que le projet, c'est la mère Royal, elle nous a fait une campagne "imitation U.S", mais avec moins de moyens.
    Je suis malheureusement persuadé que l'absence de fond va venir chez nous et que nos futurs présidents seront élus à gueule et à la tchatche.
    Quand au profit de participants au clip, je pense honnêtement qu'ils n'ont pas envie de voir McPalin à la tête de leur pays et qu'ils s'engagent comme ils peuvent.

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  6. Tout à fait d'accord avec Manuel !!

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  7. 27 octobre 2008, une date à retenir!

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  8. @ Manuel : non, cela ne m'étonne pas, mais n'empêche pas de réfléchir sur le sujet malgré tout.

    @ Fabrice : tu suis de plus en plus François Fillon. Faisons l'union nationale...

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  9. @ Mathieu

    J'y peux rien, les sourcils de notre premier ministre me rappellent Ken le Survivant... Et on m'a toujours dit qu'il fallait éviter de contredire Ken (comme Chuck Norris d'ailleurs) !

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  10. @ Fabrice : travailler avec Sarko, c'est vrai que cela doit faire penser qu'on survit à l'enfer...

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