dimanche 5 octobre 2008

Il faut assumer nos responsabilités : l'exemple de l'équipe de France de football.

En sortant hier soir, j'ai découvert, cher lecteur, cette affiche disséminée dans le métro parisien. Il s'agit d'une publicité pour le prochain match de l'équipe de France de football, qui aura lieu le 14 octobre 2008. Elle nous appelle à soutenir l'équipe de France. Elle a été financée par la Fédération Française de Football (FFF).

Sur le moment, j'ai réagi avec une certaine incrédulité. L'emploi du terme "reconstruire" laisse à penser que toute l'équipe de France est à reconstruire, alors qu'il s'agit plutôt de l'intérêt du public et de la confiance de nos concitoyens envers elle. Le vocabulaire me fait penser à la "Reconstruction" de l'après-guerre : on est quand même pas dans une telle situation.

Faisons un petit retour en arrière, lors de la dernière coupe d'Europe de football. Durant cette compétition, notre équipe nationale cale en poule, ne parvenant pas à gagner un seul match. On attribue cette piètre performance au départ de Zidane, à l'arrogance des joueurs français. Me remémorant les matchs, j'ai plutôt eu le sentiment que notre équipe avait raté le train de l'évolution de ce sport. L'équipe de France a appliqué la recette qui nous avait permis de remporter la coupe du monde en 1998 et la coupe d'Europe en 2000, mais qui avait aussi réussi à la Grèce lors de la coupe d'Europe de 2004 : une défense très solide, un milieu de terrain redistributeur et une attaque assez réduite mais qui marque lorsqu'elle a un ballon dans les pieds. Cette stratégie a bien marché pendant une période, même si le jeu était assez chiant, et il a permis de menacer des équipes très offensives mais faibles défensivement, comme le Brésil par exemple (en 1998 et en 2004).

Or, en 2008, il est apparu que les équipes européennes avaient changé. L'Espagne présentait un visage hyper-offensif, avec un jeu très ouvert : ça marquait et ce n'était pas chiant. Au contraire, la défense française était en baisse de forme, et l'attaque ne suivait pas. Personnellement, je ne parviens pas à incriminer complètement les joueurs. Je crois qu'il y a eu un gros problème de stratégie, et que l'ensemble du staff se devait de se remettre en question.

Là, le soir de la dernière défaite, Raymond Domenech a focalisé l'agressivité de tous avec sa demande en mariage à Estelle Denis. Sur le moment, cela m'a bien fait rigoler, et j'ai trouvé qu'il y avait là une forme de dédain pour la presse et de rejet des critiques du public qui ne manquait pas de panache. Cependant, cela avait un sens s'il y avait une démission derrière, ce qui ne fut pas le cas. Le sélectionneur focalise maintenant la contestation des joueurs, la haine des supporters et le mépris de l'ensemble de la population française intéressé par le football.

Pour moi, cette situation bizarre focalise la tendance actuelle de l'ensemble de nos concitoyens de ne plus assumer leurs responsabilités sur rien. Dans ma culture, lorsqu'une situation grave se présente pour un groupe, une entreprise, un service public, une équipe, il est nécessaire d'essayer de comprendre les causes du problème. Parfois, l'équipe parvient à se ressouder autour du chef et à surmonter ses difficultés. Parfois, le chef doit démissionner pour permettre à l'équipe de repartir, pour sauver le groupe. Or, de plus en plus, les chefs se refusent à jouer ce rôle. En France, depuis François Mitterrand en 1986, plus aucun chef ne démissionne en cas de défaite électorale, préférant faire sauter le piston du premier ministre. De même, les chefs de grandes entreprises sont certes parfois virés, mais avec des parachutes dorés qui les dédouanent de leurs responsabilités.

L'équipe de France est dans cette situation : un chef décrédibilisé et une équipe qui ne parvient pas à se ressouder autour de lui, un public indifférent voire agressif. Avec une situation pareille, comment "reconstruire" ? Comment redevenir numéro un ? Franchement, je ne sais pas, et les membres de cette équipe vont devoir trouver de sacrées ressources. Finalement, cette campagne de pub ne manque pas de sel...

11 commentaires:

  1. Quand ils disent que toute l'équipe de France est à reconstruire, ils devraient dire que les instances du football français, en l'occurrence la fédération française de football dont dépend la sélection nationale est à reconstruire. Elle est dirigée par des politiciens septuagénaires qui n'ont jamais tapé dans un ballon, et le lobbying et le fric passent avant tout, même au détriment des résultats. Maintenant ce n'est pas aux supporters d'assumer cette reconstruction car de toute façon son avis avis n'est pas écouté. Voir reconduction plus qu'impopulaire de Domenech.
    Si l'équipe de France a eu du succès en 98, 2000 et dans une moindre mesure 2006, c'est qu'à cette époque on avait Zidane, et un ensemble de cadre de haut niveau qui était capables de tirer vers le haut toute l'équipe. Ils ne sont plus là, et comme Domenech a soigneusement éliminé le joueurs de caractères de l'équipe (ceux qui ouvrent leur gueule), à savoir Pirès, Trézeguet, Giuly ou encore Mexès (revenu dans les pires conditions), il n'y a plus d'âme, plus de leaders comme le furent Deschamps ou Blanc. Et une équipe sans génie (Zidane) et sans aboyeurs, ne gagne pas.
    Ta comparaison avec Sarkozy est rigolote, j'y avait pensé moi aussi, un chef égocentrique et omniprésent, ne supportant pas la contradiction, à la différence près que Sarkozy propose des nouveautés, il n'arrête pas de nous pondre une nouvelle connerie tandis que Domenech s'enferre dans sa manière de faire et ne bouge pas d'un poil.
    Mitterrand et ses descendants font sauter le premier ministre? Domenech a fait sauter le kiné et le directeur de la communication... Ça devait être de leur faute...
    Et le parachute doré, c'est un contrat jusqu'en 2010 avec 2 millions pour sa poche en cas de rupture de contrat.
    Le problème du patron n'assumant pas ses échecs en ne démissionnant pas est un problème bien français, dans un autre contexte on a vu Olmert démissionner, en football, on a vu Donadoni (sélectionneur italien) quitter son poste pour avoir atteint les 1/4 et non pas les demies comme prévu.
    Chez nous, on se plante et on a droit à un bonus!
    Je ne dis pas que Sarkozy doit démissionner, ses résultats sont plus difficilement vérifiables que ceux d'un entraineur de foot, et la démission d'un président est autrement plus lourde que celle d'un entraineur national, mais les dirigeants français (ou belges...) devraient être poursuivis pour avoir échoué lamentablement et non pas indemnisés.

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  2. Que d'emballement pour 11 gugusses qui sont payés (cher) pour courir 90 minutes après un objet de forme ronde en plastique fabriqué par des enfants asiatiques...

    Et si toute cette polémique n'existait que pour faire parler de l'équipe de France et inciter les gens à rester bien sagement devant leur TV pendant le match (faisant ainsi augmenter les recettes publicitaires pour la FFF) au lieu de sortir faire des trucs inutiles comme voir des amis, aller au cinéma ou au musée (et, ce faisant, provoquant une baisse des recettes publicitaires pour la FFF) ?

    Parcequ'au final ce soit Domenech, Deschamps, Zidane ou mon voisin de palier M. Djebali le sélectionneur, tout ça se résume à 22 blaireaux surpayés qui donnent une magnifique image du sport et du fairplay pour occuper le naïf de base pendant qu'on s'occupe de son avenir ailleurs....

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  3. Pour remplir le stade de France pour le dernier match contre la Serbie, plus d'un quart des places ont été offertes car le gens ne veulent plus aller supporter l'équipe de France. Le audiences télé pour l'EDF n'ont jamais été aussi faibles. Cette polémique donne lieu à un désintérêt et donc à un manque à gagner.
    Pour le reste, ton intervention cynique est celle de la population bienpensante trop évoluée pour tomber dans le panneau des jeux du cirque. sauf quand la France gagne, là t'es à fond.
    Faut arrêter avec cette attitude pseudo intellectuelle dénigrant le sport surtout quand on est, à ses heures, supporter devant son écran.

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  4. @ Manuel : si, on peut vérifier l'échec de Sarkozy, le non-respect de son programme et la catastrophe de son idéologie. Sarkozy, démission !

    @ Fabrice : je ne sais pas ce que t'a fait M. Djebali, mais je ne sais pas si la comparaison avec Domenech, voire Sarkozy, est flatteuse...

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  5. Chirac n'avait pas respecté son programme non plus, pour Mitterand j'étais trop jeune, mais mes grands-parents rêvaient d'une démission...
    Je ne crois pas qu'un non respect de programme doit aboutir à une démission, un président doit pourvoir adapter sa méthode à la situation du moment.
    "La catastrophe de son idéologie"
    C'est subjectif, même si je suis d'accord, les gens l'ont élu pour son idéologie, et ce pour 5 ans.
    On pourrait parler de l'absence de résultats, mais il dira que les réformes mettent du temps avant de montrer leurs effets et que la crise actuelle vient bouleverser les plans.
    Une démission doit intervenir pour faute grave, entorse à la loi. Les erreurs de politique doivent être sanctionnées par un vote à la fin d'un mandat.
    Mais quoi qu'il arrive, les gars, la gauche étant ce qu'elle est en ce moment, c'est à dire, de la merde, qui sera réélu la prochaine fois? Devinez...

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  6. @ Manuel

    Je ne dénigre pas le sport, je dénigre le football nuance... Mais en effet, comme tout le monde j'aime bien quand l'équipe qui représente mon pays gagne, je ne suis pas hermétique au chauvinisme... Tout comme je me fais un plaisir de fêter la victoire de l'espagne en foot, au tennis ou en cyclisme (ah, que tu aimerais que la france fisse de même...), tout comme j'ai plus kiffé Totti que Zidane parce qu'il a un vrai sens de la loyauté et que c'est un chacal d'orgueil (je me souviens du petit lob d'enculé en quart contre les pays bas)... Par contre critiquer le sélectionneur, défendre tel ou tel joueur, préférer la tactique X à celle Y, c'est plus un jeu que j'ai avec toi qu'une réelle passion, avec toi mater un match c'est rigolo, sans toi c'est d'un ennui mortel.

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  7. Zizou il en a fait une pas mal pour son péno en finale contre l'Italie... Dans le jargon footballistique, on appelle ça une "panenka", du nom d'un joueur d'antan à avoir fait ce geste en premier.
    Critiquer le sélectionneur, c'est l'apanage de ceux qui aiment le foot (moi), toi tu mates certains matches en écoutant la musique et en jouant au Scrabble. Maintenant le discours à 2 balles des 22 gugusses qui tapent dans le ballon et c... Ça m'ennuie.
    Les jeux ont toujours fasciné les gens, c'est comme les putes, il y en a toujours eu.
    C'est tellement facile de se placer au dessus de la population beauf et supportrice et de dénigrer cette stupide passion pour des couillons surpayés qui tapent dans un ballon. Le beauf primitif a le droit de se divertir et les supporters occasionnels peuvent montrer un petit peu de respect pour ces derniers, quand il sont, comme moi ni racistes, ni violents.

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  8. Ok, je note le nom, ça me permettra de faire "celui qui s'y connait' de temps en temps ;)

    Quand à se foutre le la gueule des footeux, c'est toi qui as commencé en nous faisant partager l'œuvre de l'ancien stéphanois vendredi... Combien de supporters ont clamé son nom quand il était vêtu de vert pour ensuite réaliser qu'en Jeans/T-shirt c'était juste un fou ?

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  9. Il y avait aussi Boli/Waddle qui avaient sorti un "tube" et le rap de Djorkaeff. Faudrait faire une playlist un jour des tubes les plus pourris par des (ex)footeux.
    HS, mais bon, je fais ce que je veux.

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  10. Franchement, je pensais pas qu'après ce petit billet sans grande prétention provoquerait un tel débat.

    D'accord sur l'essentiel mais en divergence sur l'accessoire. Rassurant ou pas, messieurs ?

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  11. We've got a feeling, yeah yeah !!!!

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