mardi 14 octobre 2008

Quand FIP fait de la lèche à Carla Bruni-Sarkozy...

Était-ce de l'ironie ou une information franche ? Je ne sais.

Après mon travail, cher lecteur, je revenais dans mon automobile vers mon domicile. Comme souvent le mardi soir, je covoiturais quelques collègues, histoire de me déculpabiliser de polluer et de détruire un peu plus la planète. Quand je suis dans cette configuration, je branche FIP, radio idéale quand, en voiture, on papote avec des amis.

Après avoir abandonné mes trois collègues à une bouche de métro, je reprends ma route lorsqu'arrive le flash de FIP, bulletin souvent très condensé qui résume l'actualité du jour. Après m'avoir mis en rogne sur le vote de l'Assemblée nationale sur le plan de sauvetage des banques, le journaliste annonce nonchalamment que Le Monde, dans son édition de demain, présente ses excuses à Carla Bruni pour l'avoir appelé Cécilia dans son édition d'aujourd'hui...

Sur le moment, j'ai réagi de manière un peu incrédule : pourquoi le Monde prend-il cette peine ? Après tout, cela n'a rien de grave. Un courrier adressé à la première dame aurait sans doute largement suffi. Un simple erratum dans le journal n'aurait pas choqué plus que cela, l'erreur est humaine après tout. Je me suis donc logiquement dit que la presse était décidément totalement écrasée par le poids du pouvoir sarkozyen, pour s'humilier à ce point.

Et puis, pendant que la radio relançait un sympathique morceau de jazz, j'ai commencé à m'interroger sur ce qui avait bien pu pousser ce journaliste à annoncer cette nouvelle. Je sais que FIP n'est pas une radio très écoutée, à part dans les bouchons du soir sans doute. Cette proclamation est pourtant étrange : on annonce ainsi à la France entière que le méchant journaliste qui avait osé faire ce lapsus est obligé de s'écraser comme une galette tombée de la poêle. Oh, le vilain...

Et si c'était plutôt de l'ironie ? D'abord, si je n'avais pas entendu ce flash, je n'aurai jamais su que Le Monde s'était amusé à ce type d'erreur. Surtout, voilà que j'apprends que le pouvoir en est réduit, pour se faire respecter, à exiger des excuses publiques de n'importe quel gugusse journaliste qui fait une erreur, répercutant l'information originelle à une échelle beaucoup plus vaste. Enfin, pourquoi exigerait-on des excuses sur ce sujet-là ? Une sensibilité, Monsieur le Président ?

Lorsque le pouvoir devient ridicule, surtout dans la bouche de ceux qui le défendent, c'est peut-être qu'il est sur le point de basculer, non ?

4 commentaires:

  1. Considérant que les journalistes de la rédaction du Monde ne sont pas des imbéciles (pas tous) et qu'ils ressentent sans doute mal la main mise de l'état et de leur actionnaire sur la ligne rédactionnelle, on peut avoir une autre lecture : ils font exprès de publier cet erratum en étant assuré qu'on en parlera plus que de l'erreur (la preuve...).

    RépondreSupprimer
  2. @ CC : ah, vision intéressante. En tout cas, c'est toujours un très mauvais signe sur l'état de la presse aujourd'hui.

    RépondreSupprimer
  3. J'aime bien la thèse de l'ironie, mais j'en doute.
    Je crois simplement que la pire des thèses me semble la plus cohérente.
    Le journaliste s'est planté, Sarkozy s'est mis en colère et Le Monde baisse la tête et rentre la queue.
    Alors oui, le pouvoir est ridicule, mais ça fait déjà plus de 2 ans, on commence à avoir l'habitude et puis il a perdu le ridicule de très haut niveau du début de son règne, ça stagne en ce moment.

    RépondreSupprimer
  4. @ Manuel : c'est justement en ce moment, quand il essaie de faire de la vraie politique, que je trouve ce pouvoir ridicule...

    RépondreSupprimer