jeudi 23 juillet 2009

De la situation actuelle du PS et des moyens d'en sortir.

J'admets que je reste assez interloqué devant les grandes manœuvres qui se déroulent dans les couloirs du Parti socialiste. La semaine dernière, j'ai été coupé pendant plusieurs jours de l'actualité. J'ai pu, à une ou deux occasions, me plonger dans la lecture de journaux régionaux, mais du type de ceux dont la rubrique « faits divers » est bien plus longue que la rubrique « politique française ». Je suis donc passé totalement à côté de l'espèce de conflagration touchant l'intérieur du PS, jusqu'à mon retour, où j'ai eu la chance d'écouter Ségolène Royal massacrant ses petits camarades à la radio.

Il y a d'abord eu les offensives de Manuel Valls. Franchement, cher lecteur, je ne te cache pas que je verrais bien ce cadre du PS aller au Modem ou à l'UMP, où il s'y trouverait très bien. J'ai été totalement estomaqué par l'interview qu'il a accordé à Libération le jeudi 9 juillet 2009, où il a indiqué, dès les premiers mots, qu'il ne croyait pas à la possibilité de socialiser (sûrement un synonyme de nationaliser, mais ce mot doit être trop dur à prononcer...) les moyens de production aujourd'hui. Cela montre d'abord que le sieur Valls est totalement ignorant de la situation actuelle de l'économie, alors que la droite n'hésite pas à nationaliser dans l'ensemble des pays développés dès que les intérêts des plus riches sont menacés. Cela montre ensuite qu'il n'y a pas d'échappatoire au système actuel selon ce cadre du PS.

La polémique sur le nom du parti est du même tonneau. Contrairement à ce que j'ai beaucoup lu, le fait de s'appeler « socialiste » a un vrai sens politique. Renier ce nom pour celui de social-démocrate signifie clairement l'abandon de toute une série de concepts auxquels les citoyens de gauche sont encore réellement attachés, comme l'idée de redistribution des richesses, de mise en commun des moyens de production ou de démocratie sociale. Les cadres du PS qui souhaitent changer le nom se placent forcément hors de ces champs politiques. On comprend alors qu'ils veuillent sortir de cette définition. Déjà que le vote PS est difficile, il ne manquerait plus grand-chose pour nous dégoûter définitivement de lui apporter nos suffrages.

Reste le pire, à mon sens : Ségolène Royal est sortie renforcée de cet épisode tragi-comique. Elle n'a, jusqu'à ce jour, jamais réussi à être crédible, et n'a pas cessé de participer à la déconfiture de son parti. Là, en se plaçant au-dessus de la mêlée, elle s'invente une rôle de sage qui pourrait la servir pour son futur leadership.

J'espère qu'on en arrivera pas là. Comme je l'avais déjà dit, je pense que le PS n'est plus viable du fait de son association entre une gauche sociale-libérale et une gauche étatiste et interventionniste qui ne peuvent plus travailler ensemble. De plus, le PS est davantage un parti d'élus cherchant à se faire réélire qu'un parti visant à transformer la société. Malgré les claques successives, le PS reste en l'état : peut-être qu'une défaite aux régionales lui ferait du bien, mais je doute de plus en plus de la capacité des dirigeants socialistes à sortir de l'ornière dans laquelle ils sont embourbés aujourd'hui.

10 commentaires:

  1. Je connais certainement moins l'histoire du PS que toi, mais il me semble qu'à l'époque mitterandienne, le parti ratissait large. Dans le discours d'Epinay, Mitterand parle même de se rallier les libéraux. Dans ses gouvernements, il a fait rentrer des communistes et des UDF.
    Le gouvernement Jospin de "gauche plurielle" était également une alliance un peu bizarre.
    Donc, dans quelle mesure peux tu affirmer que le PS va mal parce qu'il est comme un fil tendu entre l'extrême gauche et le centre ? Ce n'est pas plutôt son destin d'essayer de rassembler tous les opposants à une politique conservatrice de droite ?

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  2. Vous devriez repartir en vacances...

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  3. @ Paul : mais à cette époque, ce parti avait un leader et un programme qui faisait rêver. Sans ces deux éléments, impossible de tenir ce globiboulga politique.

    @ Didider : ne vous inquiétez pas. En tant que bon privilégié, je repars vite. Dans quatre jours, direction l'Aubrac.

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  4. Juste une remarque sur le "PS, parti d'élus". Il faut nuancer. Ce n'est pas le PCF, dont on dit plaisamment qu'il a plus d'élus que d'électeurs.

    Simplement, la dérive idéologique totale du PS met en lumière les égoïsmes, les petits calculs et les petites phrases, etc. Mais ce n'est pas mieux à l'UMP.

    Le problème pour le PS, c'est la fracture idéologique profonde qui le traverse. Ce qui laisse deux options. Une scission (panade assurée pour les 10 prochaines années) ou l'attente d'un leader providentiel (panade assurée pour encore plus longtemps. Cf les conservateurs britanniques).

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  5. Dommage qu'on ne puisse reproduire ici des documents.
    Car je trouve que notre hôte ne donne que certains éléments du dossier qu'il traite.
    Il passe sous silence la déclaration de Mme Royal (sans doute parce que cette déclaration ne colle pas avec sa démonstration).
    Notre hôte semble avoir zappé la déclaration des Députés PS lors d'une réunion de leur Groupe à laquelle, comme par hasard n'étaient pas présents (alors que c'est leur boulot !) ni M. Valls, ni M. Montebourg et encore moins M. Fabius.
    Et c'est sans compter avec les récentes déclarations de Jean-Louis Bianco.

    Bien cordialement,

    jf.

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  6. @ Jacques : je ne vois pas en quoi cela change ma démonstration.

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  7. C'est quand même bien vous qui avez écrit que Mme Royal n'a jamais été crédible (merci pour le 17 millions de Français qui ont voté pour elle...).
    C'est quand même bien vous qui avez écrit qu'elle n'a de cesse de participer à la déconfiture de son parti alors même
    - que sa déclaration récente est tout inverse,
    - qu'elle a recueilli les suffrages de plus de 47% de ses concitoyenbs,
    -qu'elle a battu un premier ministre....Si vous appelez cela "participer à la déconfiture"......
    jf.

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  8. Oui et en 2002, 82,21% des français avaient voté pour Chirac.

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  9. @ Jacques : je maintiens tout. En 2007, les Français ont voté Ségolène au second tour parce qu'il n'avait pas le choix. Ce qui compte, c'est le premier tour : elle a fait moins que Jospin en 1995 ou que Mitterrand en 1981 ou 1988.

    De plus, oui, elle a pleinement participé à la déconfiture. C'est elle qui a fichu le bordel au congrès de Reims aussi, comme les autres. C'est elle qui a décrédibilisé Martine Aubry dès le départ. C'est elle qui n'a cessé de mettre son parti en difficulté avec des déclarations problématiques.

    Je ne crois pas à Ségolène Royal, et pour moi, c'est la défaite assurée en 2012.

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