Insérurité ferroviaire

Comme je suis un bon petit citadin je n'ai pas encore, à l'aube de mes 32 ans, pris la peine de passer le permis de conduire. Dans la vie quotidienne d'un métèque banlieusard ce la n'a pas de gros inconvénient : transports en commun et marche à pied constituent d'excellents moyens de déplacement, souvent plus rapides que la voiture et bien moins onéreux.

Le seul handicap survient lors de mes déplacements en province. Passé la grand ceinture parisienne j'ai la joie de devoir raquer les tarifs légèrement exagérés de la SNCF, et de vivre certaines expériences, parfois amusantes (partager le wagon d'une colonie de vacances c'est une aventure que je vous souhaite) parfois beaucoup moins, comme par exemple la récurrente présence de perturbateurs que je me fade à chaque retour du dimanche soir.

A chaque fois c'est la même danse : fortement alcoolisés avant même d'arriver à la gare ils sont bruyants, grossiers, très insistants auprès des jeunes femmes qui ont le déplaisir de les croiser et très agressifs lorsqu'ils se font (à chaque fois faut-il le préciser) éconduire.

Encore dimanche dernier j'ai pu à loisir contempler cette suprême expression du bon goût et de la culture française que certains kévins de la blogosphère semblent considérer comme remarquable : les militaires en goguette...

Et comme à chaque fois je n'ai pas été déçu par le spectacle, avec toutefois une variante assez navrante : la malchance a voulu qu'un couple "pas assez blanc" prenne place en face de ce charmant groupuscule d'intellectuels de haut vol. Comble de la poisse ce couple, au demeurant fort discret, n'avait pas jugé utile de camoufler ses inclinaisons religieuses et si la femme ne portait aucun foulard l'homme était absorbé dans la lecture du coran. Je vous laisse imaginer la vitesse avec laquelle l'agressivité stupide des bons petits français de souche (vichyssoise d'ailleurs, comme quoi certaines valeurs ne se sont pas forcément perdues) a trouvé moyen de s'exprimer, et je vous ferai grâce des diverses insultes à caractère raciste qui n'ont pas manqué de fuser, venant toutes du petit groupe, si fier de sa force dans le nombre...

L'intervention des contrôleurs, mâtinée de quelques amendes (comble de l'ironie ces "défenseurs de la france" avaient oublié de s'acquitter du prix de leur billet, estimant certainement que leurs origines suffisaient à régler le voyage) n'aura eu qu'un court effet pacificateur et le petit cirque a repris, alternant tentatives ridicules de drague et ventilation de la grogne de s'être pris des bâches sur les malheureux qui ont l'incorrection d'être différents.

Par bonheur le trajet est assez court et le temps de finir ma partie de PSP l'annonce de l'arrivée sur Paris venait sonner la fin du calvaire général, la petite bande décidant comme un seul homme qu'ils devaient sortir les premiers du wagon.

Par curiosité j'ai jeté un oeil à l'état de leur "campement". Sans surprise les nombreuses bouteilles de mauvaise bière étaient restées en l'état, ainsi que les restes alimentaires que, bien sûr, revenait à d'autres le soin de nettoyer...

Souvent j'ai lu des commentaires chez nous dénonçant la supposée incivilité des affreux banlieusards "pas de chez nous", le risque de violences ethniques ou religieuses et toute ces sortes de conneries en barre que raconte TF1 mais que ni Mathieu ni moi (pourtant habitants de ces "zones de non-droit où l'islam et la délinquance juvénile règnent en maîtres") ne semblons vivre au quotidien, et bien en me basant sur mon expérience je fais un constat bien différent : les plus gros fouteurs de merde ne sont pas des basanés mais de petits connards bien pâles, avinés, mysogines, complètement abrutis par une idéologie nationaliste nauséabonde.