Depuis 2 jours, Jérôme Kerviel, le plus fameux de nos traders français fait un retour remarqué dans
l'actualité avec la publication de son livre "L'engrenage, mémoire d'un trader".
Ce personnage n'a certainement pas les faveurs de l'opinion publique française, toutefois, après avoir entendu son
interview sur France Inter hier matin, je suis moins catégorique que pourraient l'être certains.
Comment en effet imaginer qu'un seul homme puisse déjouer tous les systèmes de contrôle d'un acteur majeur du monde financier sans que personne s'en aperçoive?
Je travaille moi-même pour une société dont les clients sont les traders, les banques, les gestionnaires de patrimoine et c...
Et les contrôles sont drastiques dans le monde financier.
Nous sommes contrôlés régulièrement en tant que fournisseur d'outils financiers permettant au traders d'exercer leur activité, tout est soigneusement règlementé, le
Sarbannes-Oxley Act est passé par là pour éviter de nouveaux scandales Enron et Worldcom et de l'intérieur du système, je peux vous dire que je n'ai pas l'impression que la dissimulation de transactions soit chose aisée.
Les gros clients, tels que la Société Générale, sont généralement extrêmement pointus concernant leurs dépenses à l'encontre de fournisseurs tels que mon employeur. Chaque utilisateur de logiciel est repertorié, chaque € sur chaque facture est analysé, et je n'imagine pas qu'ils puissent être si chiants avec nous d'un côté et de l'autre laisser des traders déconner à pleins tubes à coup de milliards sans le savoir.
Alors oui, la version Kerviel me paraît plausible, logique. La banque savait, elle laissait faire tant que ça rapportait, et quand ça a dérapé, elle s'est retournée contre le trader.
Je vais d'ailleurs peut-être lire son bouquin, je suis curieux de découvrir leur monde pourri...
Sans vouloir exempter Kerviel, il ne faut pas non plus se cacher derrière un bouc émissaire aussi parfait, ce système demande aux acteurs d'une salle de marché de prendre des décisions très lourdes sans sourciller avec une énorme pression sur leurs épaules, c'est le commercial à l'état pur. Après on récolte ce qu'on mérite.
Les contrôles du monde financier à l'international peuvent être davantage vérrouillés pour éviter de nouveaux scandales et fraudes, mais à l'interne, les boîtes doivent se contrôler elles-mêmes, et vu les enjeux, je suis certain qu'elle laisseront encore leur employés prendre des risques, quitte à les clouer au pilori en cas d'échec...