Je suis moins actif que d'habitude sur ce blog, mais ça va revenir, l'actualité va bien recommencer à me titiller.
Je vais vous raconter mon histoire d'amour avec la préfecture de Bobigny, après vous avoir narré mon amourette avec ma mairie sur le même thème de l'obtention d'un permis de séjour pour mon épouse.
Je m'étonne d'ailleurs ne m'être encore jamais vraiment exprimé sur ce sujet...
En fait, je discutais avec mon collègue russe frontalier qui, comble du hasard a vécu le même bonheur que moi sur cette place magnifique donnant sur l'arrêt de métro Pablo Picasso.
Après avoir vécu 3 ans au Japon, mon épouse et moi avons décidé de venir de nous installer en France. Pendant ces 3 ans, je racontais à ma femme qu'en France, l'obtention de son titre de séjour était une formalité car nous étions un pays "foreigner friendly"...
Je m'aperçois que j'avais quitté mon pays depuis trop longtemps, et logiquement mon souvenir embellissait la triste réalité.
Nous voici donc mariés, prêt à entamer nos démarches légitimes pour avoir le droit de vivre ensemble dans mon pays.
Ce fut tout sauf facile.
Cela n'a peut-être rien à voir, mais juste pour placer le contexte, j'étais, à l'époque, chef de rang dans un restaurant parisien et je travaillais entre 60h et 70h par semaine avec un jour de congé par semaine.
Après ce billet vous saurez où je profitais de ce jour de repos mérité...
Première visite, la préfecture ouvre ses porte à 8h ou 8h30 (je ne souviens plus exactement), nous y sommes à l'ouverture, (naïfs que nous étions) et quelle est notre surprise quand nous découvrons une file d'attente interminable...
Nous avons pu prendre un ticket aux alentours de midi et passer au guichet vers 14h00.
Arrivés au guichet, la nana nous dit que nous sommes arrivés trop tard, qu'il fallait être là à 11h00, ce à quoi je rétorque que nous étions là à 8h00.
En fait il fallait arriver au guichet avant 11h00, donc elle nous dit gentiment de venir plus tôt la prochaine fois. Quand j'essaie de lui expliquer que je travailler tous les jours et que je ne peux pas venir avant la semaine prochaine, elle me dit d'envoyer ma femme (qui ne parle pas encore français) seule et ensuite elle dit: "au suivant".
Passablement énervés, nous rentrons profiter de notre demi après-midi chez nous.
La semaine suivante, nous arrivons à 6h00, même queue, résultat final identique, ticket vers 10h-11h, passage au guichet 12h00... Différente guichetière, même réponse. Je m'énerve, montre mon désaccord en ne cachant pas mon exaspération, mais tout en restant poli, quand elle fait signe à la sécurité!
Nous commencions à comprendre que notre situation était très mauvaise...
16h de queue pour 10mn stériles au guichet.
Alors la fois suivante (sympa mes jours de congé), nous sommes arrivés vers 4h, immense file d'attente mais moins que les autres fois, je suppose que ceux là ont dormi sur place, ticket vers 9h et passage au guichet vers 10h30...
On a réussi!
Nous sommes redirigés vers un banc, ou nous attendons encore 1h avant d'être reçus dans un petit bureau. La femme nous y explique qu'il faut que mon épouse retourne au Japon pour y faire une demande de "visa conjoint de français" et qu'ensuite elle pourrait obtenir le sésame.
Nous retournons chez nous, mon épouse appelle l'ambassade du Japon en France pour demander le délai d'obtention pour un tel visa afin de réserver son billet d'avion selon la durée de l'attente. Et là commence notre histoire avec le mur français de l'absurdité.
Ce visa n'existe pas entre les deux pays. Croyez moi, elle a insisté, mais les accords bilatéraux entre le Japon et la France ne prévoient pas ce visa et "normalement" un visa touriste suffit.
Rebelote à la préfecture, 4h et c.. Nous annonçons la nouvelle à la dame de la préfecture qui nous réponds qu'elle se fout de ce que raconte l'ambassade du Japon, qu'ici on est en France et qu'il faut ce Visa.
Je lui demande de vérifier, que mon épouse est bien japonaise et non chinoise, mais elle le prend mal et nous envoie chier. Je m'énerve vraiment et elle nous fout dehors.
Quels souvenirs fantastiques!
A partir de ce moment, je comprends que c'est peine perdue, je pense d'abord demander à l'ambassade de nous fournir un document attestant que ce visa n'existe pas, ma femme les rappelle, leur explique, mais nous en restons là.
Je pense même écrire à Chirac pour lui demander s'il trouve cela normal, mais je ne le fais pas.
J'abandonne, je sais que nous allons déménager dans 6 mois, alors je laisse courir.
A cette époque, j'avais sincèrement honte de mon pays, je voulais jeter ma carte d'identité par terre et cracher dessus. Je me sentais volé de mes droits de citoyens. On ne m'accordait pas le droit légitime de vivre avec mon épouse sur le sol de mon pays. On était traité comme des sous-merdes, des chiens, entourés de flics. C'est pour moi la honte de notre démocratie.
Nous avons des lois inappliquées, nous dans un pays où le bon droit est refusé. Nous étions dans notre bon droit mais étions mis dans le même panier que les sans papiers, les clandestins.
Quand nous sommes arrivés à Saint Nazaire, les démarches ont duré 2 mois, 2 visites, 30 minutes d'attente.
Saint Nazaire et Bobigny, c'est pourtant le même pays!?
Fabrice m'a dit que les préfecture reçoivent des consignes d'en haut, et que l'étranger du 93 doit en chier pour rester.
Mais je m'en fous de ça, je suis un citoyen français, j'ai des droits.
Je vous conseille de faire un tour par la bas, histoire de voir à quoi peut ressembler notre beau pays.
Jamais m'a t-on parlé aussi mal que la bas, j'étais assimilé aux étrangers, et apparemment il est normal de parler aux étrangers comme à des chiens la bas.
Tout ce que je demande c'est que les lois soient appliquées, que celui qui a une requête légitime, soit traité en circonstance.
Que l'on applique la lois, que l'on fasse son boulot correctement.
Il est inadmissible que l'on vous demande un papier qui n'existe pas.
J'appelle cela une faute professionnelle, minant le quotidien de mon couple pendant des mois.
Voilà.
Bon week-end.
Je partage la honte que tu exprimes, et ce depuis les années 90 lorsque j'ai perçu "des bruits de bottes" sur les pavés parisiens !
RépondreSupprimerAvec mes amitiés nantaises.
et pourtant c'est très exactement le genre d'arbitraire que notre cher président veut augmenter en déplaçant les pouvoirs de décision vers les préfectures dans le cas des demandes de naturalisation.
RépondreSupprimerIl est pas beau notre si cher pays ?
Y'a pas à dire, les libéraux (inutile de citer les noms) devraient être heureux : mais non, nous sommes encore trop "communistes" à leurs yeux...
Sur ce je retourne glander dans le jardin, les vacances c'est sacré !
Très beau billet. En tout cas, je remarque que je ne suis pas lu du tout. J'avais parlé de cela ici, et de la déconcentration des naturalisations ici.
RépondreSupprimerTsss tsss...
Je ne lis plus personne, d'ailleurs, j'ai du mal lire notre propre blog...
RépondreSupprimer@ Manuel : asocial !
RépondreSupprimerPour répondre à Fabrice, certaines personnes sympathiques de certaines mairies provinciales m'ont confirmé que tout devenait de pire en pire avec les directives de notre petit.
RépondreSupprimer@Ted, je ne comprends pas le bruit des bottes...
Pas asocial, mais employé dans le privé et surtout... Marié.
RépondreSupprimer@ Manuel : ah, la France et son mois de mai plein de jours fériés.
RépondreSupprimerC'est quoi le rapport?
RépondreSupprimer@ Manuel : ben, moi, en ce moment, j'ai plein de jours de libre. Donc, je blogue...
RépondreSupprimercela fait cinq jours que je me réveille pour etre laba a 6h du mat, le guichet ouvre a 9h pour que la femme nous donne notre papier A 9h45 elle ferme plus de tickets revenez demain !! foutage de gueule, j'en ai marre !
RépondreSupprimerJe compatis.
RépondreSupprimerje vous met un reportage audio.
RépondreSupprimerj'ai passé une nuit à recueillir les témoignages des personnes faisant la queue dans ce que j'appelle " la file d'attente de la honte".
En ligne sur télé liberté:
http://bitin.fr/deux/la-file-d-attente-de-la-honte.html
may
Merci pour ton lien et bravo!
RépondreSupprimerla merde vraiment on vous traite comme des animaux, on vous demande des doc que vous n'avez pas.et quant vous demandé a voir un responsable le vigile vous dit que cela est un privilège, le pire c'est un étranger aussi!!!!!!!!
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