J'ai un jour publié ce billet, qui a réveillé une fibre patriotique inattendue et surprenante chez mon ami Fabrice. Il m'avait alors expliqué que si les japonais avaient fait preuve d'un civisme exemplaire pendant les jours suivant la catastrophe de Sendai, c'était en partie dû à la présence active des yakuzas, qui faisaient office de maintien de l'ordre dans les régions affectées par le séisme/raz de marée.
Je ne vais pas refaire le débat ici, mais plutôt parler un peu des mafias japonaises.
En fait, les grands groupes de la mafia japonaises n'ont pas seulement contribué au maintien de l'ordre, ils ont secrètement apporté de l'aide matérielle et financière aux victimes de la catastrophe.
Des camions remplis de soupes instantanées, de couches pour bébés, de piles, de lampes torches, boissons (et c...) ont été envoyés dans les régions sinistrées, le plus anonymement possibles pour ne pas être refusés par les autorités.
Cette aide se compte en tonnes de matériel mais est difficilement estimable précisément.
Les yakuzas sont des criminels, mais des criminels utiles. Ils concentrent les crimes autour des leurs organisations et évitent que la criminalité ne soit hors de contrôle (comme chez nous...).
Ils font partie de la société japonaise.
Lorsque je vendais dans les rues de Tokyo, j'avais régulièrement affaire à eux étant donné que nous devions leur payer un loyer pour le bout de rue sur lequel je bossais. Ca a toujours été cordial et souvent drôle, ça blague, un yakuza...
J'ai un jour assisté à une scène surprenante et assez représentative.
Une bande de jeune emmerdait un couple à l'entrée d'une convenience store, en fin de soirée. Je venais d'arriver et ne comprenait rien à la langue, mais le ton n'était pas des plus doux et le couple n'avait pas l'air très rassuré. Un type d'une trentaine d'années passait par là et a commencé à hurler sur les jeunes en roulant des "r" et en faisant des gestes menaçants, ces derniers sont partis la queue entre les jambes. J'ai aimé. La police française a un jour répondu à un ami dont la femme venait de se faire agresser par la bande du Quick à Pantin qu'ils ne pouvaient rien faire, et bien j'aurais aimé un petit Yakuza à la place...
Une autre histoire vient de ma femme qui roulait avec son frère dans les rues de Tokyo. Devant eux, une voiture roule très lentement, il la double... Manque de pot, ce sont des jeunes yakuzas défoncés qui redoublent immédiatement la voiture de mon beau frère et lui ordonnent de s'arrêter. Il s'exécute et un jeune yakuza s'approche, passe la main par la fenêtre et l'attrape par le col de la chemise en l'insultant. Il n'avait pas vu ma femme qui se met à lui gueuler dessus (probablement proche de l'hystérie...). Le jeune mafieux s'arrête net, s'excuse et repart avec ses potes.
Ca ne veut rien dire, sauf que si les criminels ont des règles de bonne conduite, c'est qu'ils sont des interlocuteurs crédibles et potentiellement utiles.
Impossible de reproduire ça chez nous, c'est certain, mais cela permet de relativiser un peu. La main de fer est moins efficace que la compréhension et la collaboration, même secrète.
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