dimanche 4 octobre 2009

Les votations citoyennes pour la Poste sont un succès, mais la question n’était pas la bonne.

Indéniablement, les votations sur la Poste sont un succès. Au début du mois de septembre, le collectif était très pessimiste sur le succès d'une opération peu médiatisée et peu relayée par les acteurs locaux. D'ailleurs, les grands médias n'ont commence à en parler que depuis deux ou trois jours, lorsqu'il est apparu que la réussite était une possibilité.

Ce vote est un succès, avec près de deux millions de votants décomptés ce soir. Cependant, il pose un véritable problème : seuls les anti-privatisations ont participé. En effet, la question insinuait que la Poste allait forcément être privatisée, ce que le gouvernement s'évertue à rejeter depuis le mois de juillet, sans que personne n'y croit : depuis 1983, aucune privatisation n'a été mise en échec. Les personnes préférant la privatisation se sont donc abstenues.

Pour moi, le vrai défaut de la consultation est dans sa question même. Il aurait fallu demander, non pas si on était contre la privatisation, mais si on souhaitait un référendum sur la question. Là, la participation aurait pu être beaucoup plus massive et les pours comme les contres auraient eu la possibilité de s'exprimer.

Je suis pour un référendum sur ce sujet, pour au moins deux raisons :

  • Nicolas Sarkozy n'a jamais avancé cette réforme dans son programme de 2007 comme une mesure-phare de sa présidence. Il n'a donc pas une légitimité forte sur ce point.
  • Jamais on n'a consulté le peuple français sur une nationalisation ou une privatisation. Or, il me semble normal de demander à ceux à qui le service public est rendu ce qu'ils souhaitent. Ainsi, les libéraux comme les socialistes et les autres tendances politiques auront tout le loisir de développer leurs théories sur les services publics et la place du collectif et de l'individuel dans notre société.

Ce soir, la droite nie la légitimité de cette votation, et elle a raison ! Finalement, c'est elle qui refuse au peuple le droit de s'exprimer. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les textes d'application de la réforme constitutionnelle, sur le point du référendum d'initiative populaire, traînent toujours dans les tiroirs.

Tiens, les sondages (dont la légitimité est encore plus à caution que celle d'une votation mais que nos politiques trouvent plus représentatifs) disent que les Français veulent un référendum. Et si on osait, pour une fois, demander l'avis des citoyens ?

Pas sûr que nos gouvernants y soient prêts. Alors, les gars, on a peur de perdre ?

15 commentaires:

  1. Bien vu !
    Sarkozy s'il est sûr de sa légitimité et s'il tient si bien le pays qu'il le croit, doit s'adonner au referendum. Qu'a-t-il à craindre ?
    :-))

    RépondreSupprimer
  2. Il sait qu'il risque fort de perdre, il ne va certainement pas jouer au con... Pour une fois.

    RépondreSupprimer
  3. La question ne laissait aucun doute sur le fait qu'il s'agissait d'un acte militant. Une autre démarche aurait été trompeuse.

    RépondreSupprimer
  4. Je vois mal comment le gouvernement pourrait demander au pays par voie de referendum s'il veut ou non privatiser la Poste, alors que ce même gouvernement a déclaré qu'il n'était pas question de privatiser la Poste : c'est du grand n'importe quoi ! (L'honnêteté du dit gouvernement à ce sujet étant une autre question.)

    RépondreSupprimer
  5. @ M. Poireau : Sarkozy, sûr de sa légitimité ? J'aimerais bien qu'on revote sur la question...

    @ Manuel : malheureusement, c'est un pleutre.

    @ Mtislav : oui, mais elle a fait fuir beaucoup de monde.

    @ Didier : quoi, le gouvernement est malhonnête ??? Gauchiste, va !

    RépondreSupprimer
  6. J'ai l'impression que tu mets un peu la charrue avant les boeufs : le gouvernement n'est pas en train de privatiser la Poste, et rien n'indique qu'il ait le courage de le faire in fine.

    En revanche, la transformation en SA est rendue quasiment indispensable par le droit communautaire. Nulle part je n'ai lu le moindre argument contre cette mesure, qui est la seule réellement à l'ordre du jour.

    (Au fait, merci pour le lien.)

    RépondreSupprimer
  7. @ Rubin : je te trouve assez naïf là-dessus. Je ne vois pas pourquoi changer le statut de la Poste si ce n'est pas pour ouvrir, à terme, le capital au privé.

    Personnellement, je suis totalement contre la mise en concurrence des services publics que le droit communautaire met en œuvre, et dans lequel la transformation en SA s'inscrit totalement. Quant au droit communautaire, il est le résultat de décisions politiques orientées idéologiquement, mais qu'on pourra transformer un jour.

    (De rien.)

    RépondreSupprimer
  8. faire croire aux citoyens que La Poste ne s'achemine pas vers la privatisation alors qu'on tente de la transformer en scoiété anonyme, donc à statut privé à caractère commercial est la véritable escroquerie démocratique, n'en déplaise à Samuel...

    RépondreSupprimer
  9. Bon, tu n'as pas tort sur le fond, l'efficacité de la question, mais le précédent d'un authentique référendum rebelle, malgré toutes ses imperfections, est une grande nouveauté. J'en voudrais d'autres.

    RépondreSupprimer
  10. @ GDC : entièrement d'accord.

    @ Manuel : Samuel Authueil, l'auteur de Authueil.

    @ Le Coucou : je suis d'accord, mais cela ne doit pas nous empêcher d'espérer mieux.

    RépondreSupprimer
  11. @ Aux hôtes de ce bloc-notes.
    Bien votre billet.
    Avec une toute petite précision que l'on connait depuis, il y a quand même trente et un mille personnes qui ont été voté OUI.
    Ca fait tout de même un peu la nique à tous ceux qui publiquement (Lefebvre et consorts) et les "libéraux" sur leurs blogs qui n'ont eu de cesse de baver contre cette initiative ...à laquelle ils ne croyaient d'ailleurs pas !

    @ Rubin
    Là encore petite précision.
    le Canard Enchaîné du 23/9 (EN PREMIERE PAGE) a indiqué que la semaine précédente, la Commission Européenne a publiquement rappelé que pour elle, la concurrence dans le service postal n'impliquait NULLEMENT le changement de statut juridique de "La Poste" et que d'ailleurs elle ne l'a jamais réclamé.

    Mais fait étrange pour moi (enfin pas tant que ça..) LA PRESSE n'a jamais diffusé cette prise de position de la Commission.
    Mais encore plus étrange pas plus les organisateurs de la votation.
    Espérons que la Gauche parlementaire ressortira ça de sa poche au moment du débat à l'Assemblée et au Sénat.

    jf.
    Voir le billet que j'ai moi même consacré à cette votation.

    RépondreSupprimer
  12. @ Jacques : 31 000 sur 2 000 000, c'est quand même peu de chose...

    RépondreSupprimer
  13. Trouvez les résultats par départements de la votation citoyenne pour ou contre la privatisation de la poste du samedi 3 octobre 2009 :

    http://www.bureaudevote.fr/votationposteresultats.htm

    RépondreSupprimer