mardi 27 octobre 2009

Que faire des banques ?

La polémique sur le secteur bancaire fait à nouveau rage, suite aux débats budgétaires auxquels se consacrent les députés en ce moment. Cet aspect polémique ne me passionnant pas, je vais plutôt me rediriger ici sur des aspects plus idéologiques.

L'an dernier, les gouvernements des pays développés sont massivement venus en aide au secteur bancaire, rattrapé par ses spéculations et ses produits pourris. En France, cette aide a été faite sous forme de prêts aux organismes bancaires, qui commencent d'ailleurs à être remboursés, sans aucune condition autre pour les banques que le remboursement avec taux d'intérêts. Toute cette crise n'a finalement permis aucune réflexion forte sur le rôle des banques et sur leur impact sur l'économie, et c'est vraiment une occasion ratée.

Je vais me placer ici dans la position qui est la mienne, mais aussi celle d'une bonne partie des Français : je ne suis pas une entreprise, je ne suis pas un bourgeois, je ne suis pas une personne en grande difficulté financière. Je fais partie de ce qu'on appelle communément la classe moyenne. Pour moi, une banque a des missions très précises : stocker mon argent dans un espace théoriquement sécurisé, me permettre de dépenser cet argent avec le même niveau de sécurisation, et parfois, me faire un crédit qui me permet de mettre en œuvre un projet que mes revenus ne m'autoriseraient pas de réaliser tout de suite. Une banque ne devrait pas me prêter de l'argent pour aller faire mes courses, mais c'est un autre débat. C'est par exemple le cas si j'achète une automobile ou un bien immobilier.

Ces activités, très basiques finalement, n'ont aucun rapport avec ce que font les banques pour les entreprises et pour les capitalistes. Cependant, depuis la fin de la séparation entre banques d'affaire et banques de dépôt, ces activités sont réalisées avec mon argent, comme avec celui de tous les clients de banques ayant des revenus moyens ou étroits. Cette situation explique aussi que les Etats aient agi. En France, si les banques avaient fait faillite, l'Etat aurait dû assurer chaque Français à plus de 70 000 €, ce qui représente quand même des sommes importantes et aurait mis en danger à la fois un budget de l'Etat en difficulté, mais aussi toute l'économie.

Depuis, en regardant ce qui se passe, je ne peux que m'étonner de l'évolution des banques. Actuellement, je suis en train de prospecter pour un crédit. M'intéressant, en tant que blogueur politique, à l'actualité, je sais que la Banque Centrale Européenne vend son argent aux banques à un taux très bas : 1%. Au même moment, la Fed est à 0% de taux d'intérêt. Or, les différentes offres de prêt que j'ai pu recevoir se situent à des taux entre 3,85% et 4,05%. Ces taux ont certes un peu baissé depuis le début de la crise, mais ils restent tout de même importants par rapport au coût de l'argent. En clair, quelqu'un est encore en train de se sucrer sur mon dos, et à priori, il s'agit bien des organismes bancaires.

Il y a différentes manières de concevoir le crédit. Il s'agit avant tout d'une avance sur des revenus futurs qui permet de construire un projet tout de suite. En soi, on est bien face à un outil économique indispensable pour tout le monde, acteurs importants comme particuliers. Or, les banques privées dégagent un bénéfice important sur ces crédits, et peuvent parfois en bloquer l'accès aux plus fragiles.

La constitution d'un service public bancaire devrait donc, à nouveau, apparaître sur la table. Ce service devrait proposer des services de dépôt et des crédits à taux abordables, collant au plus près à ce que pratique la BCE. Sur le blog du Gaulliste Libre, on découvre que Frédéric Lordon propose de confier cette mission de socialisation du crédit à un organisme non-public, estimant que les scandales des années 1980 ont démontré que l'Etat était incompétent sur la question. Je me demandais, en lisant ce billet, si on ne pouvait pas plutôt confier cette mission à une nouvelle caisse de la sécurité sociale, qui aurait l'avantage de ne pas avoir besoin de prélever des cotisations sociales mais simplement de détenir un capital au départ, sans avoir besoin de dépenser des milliards pour nationaliser les banques.

Après, si des particuliers préfèrent aller prendre des risques avec les banques privées, tant mieux pour eux, mais il faudra que l'Etat cesse de garantir ces mêmes banques dans cette configuration.

PS : et pendant ce temps, alors que l'économie va soi-disant beaucoup mieux, le chômage est en pleine croissance, mais apparemment, cela n'intéresse que peu les médias

7 commentaires:

  1. Il y a une autre alternative aux banques qui pourrait devenir de plus en plus importante dans les années qui viennent: le "peer-to-peer lending", i.e., le prêt conso de particulier à particulier. Au lieu de passer par l'intermédiaire d'une banque on peut passer par une plateforme web: les épargnants peuvent prêter aux demandeurs de prêts (y compris des petits montants à plusieurs demandeurs de prêt pour diversifier les risques). Au passage la plateforme prend une commission mais qui est beaucoup plus faible que celle des banques.
    En sommes, il s'agit d'appliquer les principes de décentralisation du web 2.0 aux prêts conso. En France, la législation est plus compliqué qu'ailleurs de sorte que ces services ont de nombreuses contraintes pour se développer...

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  2. @ Julien : n'empêche que les particuliers fortunés n'auront jamais les moyens de prêter de grosses sommes, et devront se faire rémunérer par ailleurs.

    Si j'emprunte 150 000 € pour acheter un appartement, ce n'est pas un particulier qui pourra faire cet effort.

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  3. Sujet compliqué, car si tu crées cet organisme public, il sera nécessairement financé par "le public" ne serait-ce que pour couvrir le risque.

    Or il serait mis en place pour aider les gens qui en ont les moyens à acheter un bien immobilier. Or la priorité devrait bien être le logement, pas la propriété du logement.

    En outre, cet organisme public serait là pour "faire face" à au problème de la "spéculation immobilière" et d'une manière générale au scandale du coût du logement.

    Enfin, les banques font de la marge. Comme tout commerce. Cette marge permet non seulement de gagner de l'oseille mais aussi de payer des frais de fonctionnement (front et back office, services centraux, ...) et de couvrir le risque...

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  4. @ Nicolas : ce financement pourrait venir de l'intérêt versé par les contractants. Concernant le logement, tu as raison, mais il me semble que le livret A est censé financer le logement social. Je ne crois pas qu'il faille loger tout le monde en logement social. Concernant les banques, elles font surtout de l'oseille, non ?

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  5. miroir déformant mon beau miroir déformant dit moi qui aime le plus l'argent;
    oui les banques aiment l'argent et en veulent toujours plus oui tu aime l'argent et tu veux toujours qu'on t'en vole moin ; le miroir réflechit notre image ,le miroir déformant lui réflechit notre âme .et si on réflechissait a la vrai richesse sans se laisser déformer par l'argent

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  6. ( sans avoir besoin de dépenser des milliards pour nationaliser les banques) Mais on dépense des milliards pour l'armement ...

    Ton propos est intéressant je le partage presque ;-)

    Ce n'est pas la gestion des banques par l'Etat qui a été une catastrophe, c'est la politique de contrôle de cette gestion qui a été une catastrophe.


    Concernant la spéculation, il faut l'interdire ... on ne doit pas négocier avec le vice.

    Je vais poursuivre ma série.

    @ +

    Bésitos

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  7. @ Anonyme : les banques sont comme toutes les entreprises. Elles font du profit.

    @ Eric citoyen : la question de la nationalisation est à double-tranchant. Si tu nationalises, tu donnes des milliards aux actionnaires pour les soulager de leurs biens. Si cela peut se faire autrement, je préfère autant.

    Je vais lire la suite de ta série avec intérêt.

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