jeudi 30 décembre 2010

La protection sociale doit rester un système de solidarité pour tous.

Un commentaire sur un vieux billet de ce blog m'amène à aborder un sujet revenant un peu sur le système des retraites, mais pas seulement.

Lors du dernier mouvement social, plusieurs membres de la gauche ont proposé d'établir une limite par le haut des pensions de retraite. Qu'est-ce que cela signifie ? Simplement, on ne pourrait pas toucher au-dessus d'un certain montant de la part du régime de retraites. Cette idée avait déjà surgi avec les allocations familiales, qu'on pourrait aussi réserver à des personnes ayant un revenu limité.

Je trouve cette idée totalement contradictoire avec la logique de notre système de sécurité sociale.

Aujourd'hui, nous contribuons tous en fonction des priorités définies par les partenaires sociaux et par les autorités. Par exemple, nous contribuons tous au système de retraite, au système d'assurance-chômage ou au système de protection familiale, alors que nous ne serons parfois pas concernés. C'est par exemple mon cas avec le chômage : en tant que fonctionnaire, je ne suis à priori pas soumis à ce risque, mais je soutiens mes compatriotes qui ont besoin de se protéger contre celui-ci.

Si je le fais, c'est que je sais que le système me protège sur d'autres points, comme la santé ou la retraite. D'autre part, je suis assuré de toucher une retraite qui correspond à ce que j'aurai versé. J'ai permis à un certain nombre de vieux de s'en sortir convenablement, et je pourrai donc vivre convenablement plus tard.

Si on limite les pensions de retraite par le haut, comme si on limite les allocations familiales par exemple, toutes les personnes ayant un peu de revenus vont immédiatement contester très fortement le système social, bien plus qu'ils ne le font déjà aujourd'hui. Dans ce cas, pourquoi contribuer autant à la solidarité nationale et ne pas soi-même en bénéficier ?

Ce qui pose problème n'est pas la manière dont le système social est organisé, mais les grilles salariales et les écarts très importants existants entre riches et pauvres dans notre société. On demande au système social, si on adopte cette logique, d'être uniquement un palliatif pour les personnes fragiles et non plus un système de solidarité.

Il faut rappeler que le système de protection sociale est à la fois un système de solidarité et un système d'épargne forcée. Son objectif n'est pas de corriger les inégalités sociales mais simplement de les atténuer.

En faire un système de solidarité uniquement à destination des pauvres, c'est savonner encore plus la planche bancale sur laquelle il repose et l'achever définitivement.

L'action doit se faire sur l'organisation de la distribution des richesses, et non pas sur la redistribution de celles-ci. Soit on lutte réellement contre les inégalités, soit on les atténue. Actuellement, on a choisi la seconde option.

8 commentaires:

  1. Oui, notre problème est celui du financement...

    RépondreSupprimer
  2. Et comment tu penses que l'on puisse "lutter réellement contre les inégalités"?
    Tu le dis toi-même, retirer de la retraite aux plus riches pour en refiler aux plus pauvres, ça ne peut pas marcher et c'est complètement injuste, alors comment peut-on faire?

    RépondreSupprimer
  3. Comme tu le dis, c'est la façon de distribuer les richesses produites qui pose problème. Peut être que d'insuffler une bonne dose de "justice sociale" dans nos politiques serait un bon début...

    RépondreSupprimer
  4. @ Stef : oui, le problème reste une question de financement.

    @ Manuel : ce qui est problématique, c'est la répartition des richesses à la base, en particulier la répartition capital-travail et les écarts salariaux. On peut largement intervenir au niveau de l'Etat là-dessus, voire même dans chaque entreprise. Est-il normal que le patron d'un grand groupe gagne 50 fois plus que la moyenne de ses salariés ?

    RépondreSupprimer
  5. @Mathieu L.

    Je ne suis pas d'accord avec ton analyse, mais tu t'en doutes.
    Le système de protection sociale à la française est très faiblement redistributif.
    D'autre part je conteste la comparaison faite entre les allocation familiale, que personnellement je modulerais avec le revenu (afin que le montant versé dépende asymptotiquement du revenu net fiscal du ménage, par exemple, afin d'englober revenu+patrimoine).
    En effet l'activité "retraité" est une activité qui est la même pour tout le monde. Elle consiste à ne rien faire de productif et consommer. A partir de cette analyse économique assez basique, il semble que la seule variable juste (autant moralement, qu'économiquement) soit le nombre d'années cotisées et non pas le montant cotisé. Ainsi, en se fondant sur cette analyse, il me semble logique que la retraite fournie par l'état se trouve dans un corridor compris entre fraction(smic) et 1+fraction(smic) de sorte que soit récompensé les travailleurs à la mesure du nombre d'années productives réalisées.

    Bref un peu de justice sociale, à même activité, même salaire :-)

    C'est dommage que tu pointes vers mon compte twitter plutôt que vers mon commentaire (je ne viens pas ici pour me faire de la pub...)

    RépondreSupprimer
  6. @ Fabrice_BM : je trouve cette vision sur les annuités très restreintes. En effet, une année travaillée n'est pas identique pour chacun. Il n'y qu'à voir les espérances de vie au départ en retraite. Simplement prendre en compte cette variable pour définir la pension est très réducteur.

    Ton commentaire était pointé.

    RépondreSupprimer
  7. @Mathieu L.
    En effet !
    C'est un oubli fâcheux de ma part.
    Dans mon esprit on rattache toute fonction a une des 250 CSP - celles de l'Insee - avec un accord syndicats (salariés /patrons) et caisse. Et ce que j'appelle une "annuité", est une annee cotisee ajustee de la duree d'esp de vie a l'age d'exercice des droits.
    Simple, facile a equilibrer et financé par l'impot.
    Je le disais dans mon commentaire, d'ailleurs.

    RépondreSupprimer
  8. @ Fabrice_BM : vu comme cela, c'est différent. Cependant, cela ne résout pas notre différend sur le montant de la pension. Un point d'accord et un autre d'achoppement.

    RépondreSupprimer