dimanche 27 juin 2010

Conversation à la Poste

Samedi, juste avant midi, mon épouse et sommes allés à la Poste pour récupérer un courrier en recommandé. Pendant qu'elle terminait sa cigarette devant l'entrée, je me suis mis dans la queue réservée aux professionnels et aux types comme moi venant chercher (ou envoyer) du courrier.
Je n'ai pas eu besoin d'attendre bien longtemps avant que le show ne commence, une discussion entre une cliente et une employée de guichet de la poste a en effet rapidement dérapé.
J'ai pris la conversation en cours de route, en fait j'ai simplement raté une phrase.
La cliente, encore dans la file d'attente, téléphone à l'oreille s'est plainte de la Poste à son interlocutrice (on apprendra qu'il s'agissait de sa soeur). Entendant cela, la guichetière lui a balancé qu'elle ne faisait pas le règles.
Ca n'a pas l'air bien méchant comme échange de civilités, et je ne me doute pas, alors que je vais assister à un show particulièrement excitant pour un samedi matin.
La cliente interpelle la guichetière d'un ton assez agressif, celle-ci ne répond pas, mais la regarde d'un air surpris, on pense alors que tout va retomber, que ça va s'arrêter là. Mais non, la cliente s'énerve de plus belle devant le silence postal et hausse encore le ton, outrée par l'attitude irrespectueuse de la guichetière...
Je vous passe les détails, mais pour vous donner le niveau de conversation:
"Ouais, vous m'avez manqué de respect devant tout le monde!
Comment elle m'affiche devant tout le monde! Oh, z'avez pas honte de m'afficher devant tout le monde?!"
La guichetière fait alors l'erreur fatale de se justifier, et nous basculons alors dans le tutoiement et l'insulte.
Le responsable de l'agence va donc voir la jeune femme, la queue entre les jambes, et d'une petite voix lui demande de se calmer et d'éteindre son téléphone, car l'usage d'un portable est apparemment interdit dans un bureau de poste; celle-ci l'ignorant complètement, il retourne à ses occupations et laisse sa guichetière se débrouiller.
La cliente, furieuse se met alors à hurler, si bien que les autres clients commencent à se plaindre, à commencer par le petit vieux devant moi dans la queue qui lui dit d'un ton ironique la phrase choc: "Certains ont tous les droits ici".
Et là, j'assiste à un moment de courage inoubliable quand le mari de la jeune femme (il y a aussi une poussette) s'avance vers le petit vieux, en roulant des mécaniques...
"Oh, vous dites quoi là, pourquoi vous parlez à ma femme? Vous vous taisez, moi je la calme, alors vous mettez pas de l'huile sur le feu et vous dites rien!"
J'ai crû à ce moment que j'allais devoir sortir de mon rôle de spectateur amusé, si d'aventure le jeune courageux attentait à l'intégrité physique du petit vieux, mais alors, sa femme, toujours hystérique, lui lance:
"Non, arrête, François, laisse tomber, c'est tous des cons, laiiissse!"
Ca marmonne dans tous les sens, je souris, intérieurement, mort de rire.
A ce moment, la clientèle trouve l'argument choc contre tous ces vilains postiers et clients...
"De toute façon, vous êtes tous racistes! c'est mon foulard qui vous emmerde, c'est ça?! C'est toujours pareil dans ce pays!"
Franchement, je n'avais pas fait le rapprochement entre son mini foulard et sa religion ou ses origines, surtout avec un mari prénommé François, mais bon.
On atteint alors le summum du ridicule, ma malheureusement, mon tour arrive et je récupère mon courrier et dois donc quitter cette merveilleuse salle de spectacle.
Une nana hystérique et un mari lâche, encore plus stupide.
J'ai pitié pour les employés de la poste, car franchement, ils n'ont absolument rien à se reprocher. Le responsable de l'agence, est à foutre dans un placard, la manière dont il s'est caché est absolument indigne d'un responsable.
La morale, c'est que sur la dizaine de personnes ayant assisté à ce court métrage en mauvais français, certains étaient déjà racistes et seront confortés dans leur connerie, et d'autres ont fait un pas dans cette direction. La faute à cette petite connasse qui évoque un racisme complètement absent de cette scène mais qui en est ressorti plus fort.
Ma femme, qui a assisté, curieuse à cette petite représentation, était dégoutée par ce mari lâché, je lui ai dit que je l'aurais sortie par les cheveux si elle avait fait une scène comparable, elle m'a répondu que de nous deux, celui capable de ce genre de scènes, c'était moi, pas faux, mais en utilisant un langage un peu plus soutenu.

4 commentaires:

  1. Moi, c'est toujours ma femme qui va à la Poste. Je me demandais pourquoi, maintenant je le sais...

    RépondreSupprimer
  2. Cela dit, vous pointez un phénomène très juste. Il y a quelques mois, dans un billet, je disais qu'à force de hurler au racisme à propos de tout et de rien, les antiracistes (et certains étrangers eux-mêmes) allaient finir par fabriquer des racistes "pour de vrai". Et c'est ce qui a commencé de se produire, sans doute. Et malheureusement, vous ne pourrez jamais, je le crains, empêcher les hommes de réagir toujours de la même façon :

    Si, dans un pays donné, un natif se comporte comme un connard, les gens autour de lui vont penser : « C'est vraiment un connard ! » Mais si c'est, mettons, un Turc, ils vont avoir tendance à penser : « C'est bien un Turc, celui-là... »

    Et ce, dans n'importe quel pays de cette planète. Et même à l'intérieur des pays (« c'est bien un Marseillais » si on est à Lille, ou un Parisien si on se trouve à Nice, etc.)

    RépondreSupprimer
  3. Dans ce cas précis, il n'était pas évident du tout que cette femme soit musulmane ou encore d'origine maghrébine, et les ronchonnements que j'ai pu entendre des autres clients exaspérés étaient ceux qu'on réserve aux cons. Alors quand elle a réveillé le spectre du racisme pour expliquer le traitement (trop laxiste) inhumain qu'on lui faisait subir, je pense que beaucoup, et moi le premier, sont tombés des nues.

    RépondreSupprimer
  4. Et oui la vérité quotidienne...
    "Le responsable de l'agence, est à foutre dans un placard, la manière dont il s'est caché est absolument indigne d'un responsable." merde on a le même responsable d'agence.

    Dans la mienne d'agence, une annexe, on a le droit à un gars surnommé droopy: gentil, très gentil, même béta, il ne ferait pas de mal à une mouche mais pas au point d'être handicapé
    Non juste le niais.
    L'autre jour, il va chercher une boite au fond de la boutique et me demande le type de boite: forcément ma voix ne porte pas de là où il est.
    Je lui dis simplement: "vous pouvez vous rapprocher?"
    Une vieille rombière, style conseillère municipale sur le déclin, commence à m'engueuler:"mais vous avez vu comment vous lui parler?"
    2 bonnes minutes de dialogue ridicule.

    100% pathétique.

    RépondreSupprimer