jeudi 11 décembre 2008

Christine Lagarde annonce un projet de loi sur le crédit revolving.

Ce matin, le journal Aujourd'hui a annoncé que Christine Lagarde préparait un projet de loi sur le crédit revolving. Il s'agirait d'obliger les professionnels du crédit à être plus clairs concernant les conditions des prêts qu'ils accordent. La loi, selon Martin Hirsch, devrait amener à un "taux d'intérêt faible, une probabilité de taux de surendettement faible, et des possibilités d'avoir des mensualités supportables". J'avais, il y a quelques semaines, fait un article pour dénoncer les abus des grandes surfaces avec les cartes de crédit revolving. Je devrais donc me réjouir, cher lecteur, de ce projet de loi qui devrait amener à limiter un peu les choses.

Je trouve pourtant que l'on se moque de nos compatriotes avec ce type d'annonce. Depuis le début du mandat de Sarkozy, le gouvernement ne cesse d'insister sur l'idée de gain et de consommation. La crise a accru le phénomène : cela se retrouve dans les raisonnements sur le travail du dimanche par exemple. Les politiciens de droite poussent donc les Français à consommer en augmentant leur temps de travail, mesure pénible car elle oblige à une dégradation des conditions de vie. Nos amis de droite refusent toujours d'envisager un quelconque mouvement des salaires : ce terme reste un mot tabou. Au contraire, les économistes autorisés ne cessent de dire qu'il ne faut surtout pas distribuer du salaire maintenant. Cela ne servirait à rien car nos concitoyens dépenseraient leur argent pour acheter des produits étrangers.

Coincés dans cette situation, nos concitoyens sont cohérents : ils cherchent du pouvoir d'achat ailleurs, sans avoir à dégrader leurs conditions de travail, et voilà que des organismes bancaires leur proposent des crédits assez facilement sans que d'importantes conditions soient requises. Certes, il y a un peu d'endettement, mais après tout, si on consomme...

Il semble que le projet de loi vise surtout les organismes bancaires, mais je voudrais ajouter quelque chose. Depuis les années 1970, l'apparition du chômage de masse a brisé la logique des Trente Glorieuses qui avait permis une hausse régulière des salaires et de la consommation. Pour remplacer cela, les politiques nous ont vendu le crédit ou le travailler plus. On ne permettra aux gens d'arrêter de s'endetter au-delà de leurs possibilités que si on cesse de leur faire croire que tout le monde peut tout acheter, et que l'on se relance dans une politique de hausse des salaires, permettant finalement la vraie redistribution : celle qui vient du travail et de la production de richesses, de quelque forme qu'elle soit. La hausse du salaire est le seul moyen d'accroître son revenu décemment, sans dégrader ses conditions de vie et en construisant son avenir sereinement.

N'oublie pas, cher lecteur, qu'il vaut mieux que les richesses aillent vers les salaires que vers les capitaux. Les pauvres et les classes moyennes dépensent, alors que les riches épargnent. Même les économistes les plus libéraux le disent, alors, mettons ce beau principe en œuvre.

5 commentaires:

  1. Mathieu... tu nous fais une anti-droitite aigüe, là...
    Christine Lagarde s'attaque à des prêts à la consommation terriblement dangereux pour les personnes à faibles revenus car plus t'es pauvre, plus le taux est élevé. Toi, si j'ai bien compris tu dénonces l'existence même des crédits à la consommation, pourtant ils sont là, et fort heureusement, notre société n'est pas une société de crédit comme les US par exemple.
    Vouloir harmoniser ces crédits, faire baisser les taux d'intérêts (qui montent jusqu'à 20%!), c'est plutôt bien, je trouve.
    Concernant le sur endettement, on est théoriquement autorisé à aller jusqu'à 33% des ses revenus salariaux. Le problème est que les organismes de crédit (ce ne sont pas les banques nationales) ignorent ces plafond d'endettement, donc faisons respecter la loi existante, ça serait déjà pas mal.

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  2. @ Manuel : je pense que remplacer le salaire par le crédit à la consommation n'est pas que le résultat de l'inepsie des consommateurs, mais bien le résultat d'une politique. Je suis peut-être un peu fatigué par la fin de l'année : les élèves sont pénibles en ce moment, ce qui me rend un peu aigri.

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  3. Mais justement ce projet de loi vise à réguler l'accession à ces crédit, empêcher les crédits assassins qui n'aident pas à la consommation mais enfoncent les consommateurs.
    Sur le fond, je suis d'accord, notre société n'est pas une société de crédits à la consommation, et il faut qu'il le reste. D'ailleurs, contrairement à la situation des US, les banques n'aiment pas les crédits à la conso au moment de décider d'accorder ou non un crédit immo.

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  4. @ Manuel : n'oublie pas que la majorité actuelle avait vanté le crédit hypothécaire l'an dernier...

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  5. Je n'oublie pas. Le gouvernement aime ce contredire, selon la direction du vent, mais en l'occurrence, ce projet est plutôt positif.

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