jeudi 30 avril 2009

De la grippe et de ses conséquences possibles.

Je vais pour une fois me placer un peu en décalage avec l'un de mes coauteurs. Comme lui, au départ, j'ai été un peu agacé par ce déferlement de cris autour de la grippe mexicaine. L'interprétation me semblait simple : encore les politiques qui jouent sur les angoisses pour faire oublier les vrais problèmes comme la crise économique ou la manifestation du 1er mai de demain, et les entreprises qui poussent à consommer avec la peur.

Et puis, on peut aussi évoluer. Hier soir, l'OMS a décidé de passer en état d'alerte de niveau 5, sur une échelle de 6, indiquant que nous étions à proximité d'une pandémie. L'OMS n'étant pas un organisme à s'énerver pour rien, cela pose question.

Evidemment, on peut encore se rassurer en se disant que ce n'est pas la première fois qu'on essaie de nous faire peur : on se souvient tous du virus ebola, du SRAS et de la vache folle, sans oublier la grippe aviaire. Toutes ces maladies n'ont eu que des impacts très limités. Il n'y a bien que le SIDA qui reste une vraie épidémie virale dangereuse aujourd'hui pour l'ensemble de la population mondiale et de manière systématique.

Mais ce matin, sur France Inter, étaient invités deux scientifiques. Je t'invite à écouter l'émission. L'un des deux, Antoine Flahault, épidémiologiste, était un spécialiste de la grippe justement. Je dois dire qu'il m'a un peu rendu moins sûr de moi. Il a aussi expliqué que la grippe touche des personnes qui ne développent pas la maladie mais qui continuent à répandre le virus, ce qui explique les cas chez des individus n'ayant pas été au Mexique. C'est d'ailleurs intéressant : je suis sûr qu'on pourrait étudier les flux de personnes en détectant les foyers de la maladie et décrire ainsi assez fidèlement l'état de la mondialisation.

Il a annoncé que l'épidémie viendrait sûrement de manière forte au début de l'hiver prochain, serait violente et tuerait 5 à 6 fois plus de personnes que lors des grippes classiques. Certes, cela fait assez peu de monde, mais nous promet des moments assez tendus dans les prochains mois. Moi qui me moquait hier, à la République des Blogs, de l'inquiétude de Vogelsong, me voici rattrapé par l'inquiétude. Bon, d'un autre côté, le scientifique a confirmé que les personnes à risque seraient les vieux et les jeunes enfants. Je ne suis ni l'un ni l'autre, mais on ne peut s'empêcher de se poser des questions sur ses proches.

Maintenant, il ne s'agit en rien d'une angoisse pour mon compte, mais d'une prise en compte du risque réel. Ce genre d'émission fait du bien car elle ne nous traite pas comme des enfants. C'est tout de même appréciable.

Par contre, une réflexion de ce scientifique va largement dans le sens de mon coauteur : jamais, dans ce type de crise, les pays riches n'ont offert gratuitement de l'aide aux pays du Sud. Et justement, dans un cas comme celui-là, les pays pauvres manquent cruellement de moyens. Voilà un nouvel exemple du poids des inégalités de notre merveilleux monde mondialisé.

PS : bon, malgré la jubilation de la droite, cela ne va pas m'empêcher de manifester demain...

2 commentaires:

  1. D'un autre côté, des pauvres qui meurent, cela fait MOINS de pauvreté sur la planète, ce qui constitue une bonne nouvelle.

    (Smiley, hein ! pas la peine de dépoussiérer le pilori...)

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  2. Ben écoute Mathieu, on verra bien de quel bois cette "pandémie" se chauffe!
    Pour moi c'est beaucoup de bruit pour pas grand chose.

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