mercredi 8 avril 2009

Après la polémique, les ruptures et la phraséologie de la bien-pensance.

J'admets, cher lecteur, que j'hésitais à exploiter le filon de la polémique plus longtemps, mais il est temps pour moi d'en tirer un petit bilan. C'est la première fois qu'avec mes petits camarades des Gueules, nous avons lancé une vraie polémique blogosphérique. Le débat a rapidement pris une ampleur que nous n'imaginions pas, sans doute parce que nous n'avions pas évalué certains paramètres (comme l'intervention de blogueurs développant des discours insultants ou très violents, et les tensions internes au réseau LHC). Je voudrais résumer cela en quelques points.

Tout d'abord, nous avons sorti un billet, poussé par la colère. Certes, nos motivations étaient diverses, mais pour une fois, nous étions parvenus à un accord de fond. Nous avions décidé de dénoncer davantage que d'argumenter, tout simplement parce que nous étions tous d'accord pour être impitoyable face à des idées que nous réprouvons. Ce choix nous a attiré de nombreuses critiques, en particulier sur notre manière de procéder et d'accuser sans réellement démontrer. J'admets pleinement que c'est un fait. Si le réseau Renovatio Occidentalis avait poursuivi sa carrière, nous aurions sans doute été obligés de nous y mettre. Finalement, Rubin l'a fait beaucoup mieux que nous, et a largement poursuivi le raisonnement que nous avions entamé, et de nombreux blogueurs nous ont rejoint, y compris parmi ceux que nous mettions en cause. Pour moi, cela suffit à justifier notre démarche. Je n'en tire cependant aucune gloire : il va maintenant falloir expliquer pourquoi cette vision occidentaliste du monde est un problème. Manuel a commencé hier, je m'y mets aussi. Heureusement que quelques billets drôles nous ont permis de nous détendre un peu, dans ce maelström.

Cette manière de procéder a provoqué un raidissement général. D'abord, nous avons attiré les spécialistes du débat violent et de l'insulte. Ensuite, les ruptures traditionnelles se sont imposées rapidement : la gauche s'est mise à affronter la droite, tout le monde s'est accusé des pires maux, pour finalement finir par des billets de synthèse assez généraux et qui rationalisent le débat, billets où nous avons été mis à l'index, étant caractérisés comme représentant de la morale d'extrême-gauche (ou gauchiste, c'est selon).

En relisant les billets, y compris les disparus, il m'est apparu évident qu'on ne peut toujours se montrer gentil et indulgent avec tout le monde. Même si j'adore le débat et que je préfère largement débattre avec des opposants avec qui je vais apprendre des choses qu'avec des personnes avec qui je suis toujours d'accord, parfois, il est aussi important de dire ses convictions profondes. Certaines idées me font bondir, et même si c'est de manière stupide, je ne peux pas m'empêcher de réagir. Aucun homme ne peut être parfait et toujours se tenir à la discussion molle. Je donne là-dessus un point à Fabrice, même si je crois que la radicalité permanente a aussi ses mauvais côtés.

Ce débat m'a aussi fait découvrir la stratégie de la bien-pensance. Pour défendre des idées loin d'être majoritaire dans la société, certains utilisent ce moyen. Il s'agit de dire qu'un défenseur d'une idée, par exemple, est forcément un bien-pensant parce qu'il reprend les idées de la majorité, surtout des élites. Globalement, en lisant les billets des contradicteurs, j'ai pu comprendre que, dans cette affaire-là, les idées dominantes à gauche étaient taxées de bien-pensance, histoire de les décrédibiliser. Le problème, c'est qu'avec ça, on peut faire passer n'importe quoi. Si j'affirme un jour que « la démocratie est le meilleur des systèmes et je dénonce ceux qui s'y opposent. », on me dira « ouh, qu'il est bien-pensant celui-là ! La démocratie a plein de défauts, et il ferait bien de s'en rendre compte, ce benêt. En plus, tout le monde pense ça, et c'est d'un conformisme… » Derrière, l'anti-bienpensant est persuadé que la démocratie n'est pas le meilleur des systèmes et il diffuse ainsi des idées nauséabondes (rien que pour Didier Goux puisse en faire un billet).

Pour déjouer ce raisonnement pourri, il faut s'affirmer avec ses valeurs et ses idées, et essayer de ne pas tomber dans la bien-pensance soit même à l'égard de l'autre. En clair, il faut rester structuré, cohérent et honnête dans ses raisonnements et dans ses interventions. Parfois, il est aussi important de dénoncer.

Un avantage dans cette histoire : je sais que ceux que nous avons attaqué n'hésiteront pas à nous, et à me flinguer si, un jour, j'ai moi-même de la sympathie pour des idées débiles et totalitaires. Au moins y ai-je sans doute gagné quelques anges-gardiens, et ça, c'est très positif.

14 commentaires:

  1. Si je comprends bien, ils n'ont même pas dit un "merci"... Ce sont vraiment des gens mal élevés ! Alors je le dis pour eux, merci. Vous avez dépensé beaucoup d'énergie... J'ai relevé quelques perles et je prépare un petit billet là-dessus (concernant un des commentateurs que je nommerai de la manière suivante : "retenez-moi ou je fais un malheur").

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  2. @ Mtislav : non, pas de merci, sauf de la part de Nicolas, mais beaucoup de "merde" et de "gauchiste". Par contre, je ne sais pas si j'en rajouterai d'autres. Cette polémique nous a tous épuisé, autant l'achever tranquillement...

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  3. Ce billet est génial ! Pearltrees est utilisé !

    Un truc m'échappe ! Je tombe sur ce billet ce soir alors qu'il a deux jours, ce n'est pas mon style... (j'ai vu son apparition sous Twitter ce soir, et je l'ai lu au bistro sur l'iPhone) et il n'y a aucun commentaire.

    Soit vous trichez sur la date soit vous avez un problème de flux. Il n'empêche qu'il m'inspire deux commentaires négatifs, ce qui n'est pas, non plus, mon style.

    1. Sa publication est maladroite. A la base, on a foutu la merde dans un groupe de copains, les LHC. On peut, maintenant, les laisser laver leur linge sale en famille, sans avoir besoin d'en rajouter. On a fait notre boulot : Occident Machin n'existe plus.

    2. Il manque d'exhaustivité sur les événements, exhaustivité qu'il est bon de prendre en cause dans ce genre de billet avant de s'élever au rang de chevalier blanc. Il faut analyser froidement les événements. Taulier, tu m'as envoyé un mail samedi dernier pour me montrer votre trouvaille. Hasard du calendrier, je n'avais pas la tête dans le cul, je me suis dit : "tiens ! je vais en faire un billet". Si j'avais déjà été au bistro ou si j'avais été en week-end en Bretagne, je n'aurais pas fait ce billet.

    J'en ai fait un billet (de dix lignes). Hasard ou pas, l'actualité de ce jour était un peu creuse... Les blogueurs politiques ont repris mon truc (en me tapant dessus devant le manque d'argumentation : j'en ai pris plein la gueule, beaucoup plus que vous, ma place de number one du machin est plus exposée). C'est parti en mayonnaise ! Avec le résultat qu'on connait.

    Il faut quand même rétablir une vérité : si je n'avais pas été un copain de Didier Goux, l'affaire n'aurait jamais éclaté et Occident Machin vivrait sa belle vie. Je ne dis pas ça pour me vanter, n'en ayant rien à cirer, mais ce billet laisse à penser que vous avez gagné je ne sais quelle croisade.

    Bof. J'avais rien diffuser sur PMA, tu m'envoies un mail et ça part...

    Je n'ai pas l'habitude de me vanter de ma place au machin, mais c'est comme le Tour de France : c'est le maillot jaune qui est le patron du peloton... Ne vous donnez pas une importance que vous n'avez pas (malgré l'importance du boulot que vous avez fait, ce que je ne renie pas). Le hasard a fait qu'un des tauliers de ce blog est pote avec le type qui a la première place dans le classement du truc mais qui n'avait fait aucun billet ce jour là.

    Hop.

    Je vais profiter de ce commentaire pour répondre aux andouilles qui ont critiqué mon argumentation. Ce sont des pitres. Quand un blog s'appelle "rénovation de l'occident" et que c'est exprimé en latin, c'est NECESSAIREMENT un truc à tendance d'extrême droite.

    Je me demande pourquoi et comment un débat a pu éclater. Votre billet, et le mien, aurait du se limiter à ce simple constat ! On a totalement merdé et fanfaronner maintenant est une erreur grotesque. Tu te vantes, dans ce billet, d'être arrivé un accord entre vous trois pour faire un joli billet mais, en ne partant pas sur ce simple constat ("rénovation de l'occident" exprimé en latin est forcément d'extrême droite), on a ouvert une tribune pour permettre à tout le monde se surenchérir !

    On a merdé. On laisse la place ouverte à la reconstruction de l'occident.

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  4. @ Nicolas : en fait, j'avais fait le billet il y a plusieurs jours. Blogger publie dans l'ordre des brouillons et non pas dans l'ordre de publication. Or, Manuel et Fabrice ont dégainé entretemps. Cela t'explique le machin. Un blog collectif a plein de petits défauts...

    1) Le but n'était pas de foutre la merde chez LHC. Je crois que cela a déraillé chez LHC alors que nous ne pensions pas à cela. C'est d'ailleurs ce que je dis dès le premier paragraphe. Je crois que ces billets, et les conflits que nous avons eu samedi dernier, ont réveillé des trucs chez LHC qui ne nous concernaient pas.

    2) Mon but n'était pas d'être exhaustif, d'autant plus que Fabrice prépare un billet-récit, mais plutôt de dégager des enseignements sur ce que nous avions fait. Je ne suis pas non plus un chevalier blanc, et je le dis bien ici.

    Je ne nie pas ton rôle dans cette affaire, loin de là (tu es en lien). Je sais aussi que tu en as pris plein la gueule.

    D'une certaine manière, je dis aussi dans ce billet qu'on a merdé, mais je crois que cela aurait été encore pire si on s'était accroché au latin uniquement.

    Au final, c'était un conflit. Un conflit n'est jamais propre, et pour aucun des protagonistes, même si certains en prennent bien plus dans la gueule que d'autres. Finalement, quand je vois ce que certains se sont pris dans la tronche, j'estime qu'on ne s'en tire pas trop mal...

    Pour ma part, je pense fondamentalement que ce type d'initiative reviendra autrement. L'occidentalisme n'a pas besoin de la blogosphère pour vivre.

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  5. Tiens ! Je n'étais pas abonné aux commentaires.

    1. Le but n'était pas là, je le sais ! Mais ça en fut une conséquence.

    2. L'Extrême droite n'est pas morte...

    N.B. : Tu noteras l'heure tardive de mon commentaire et tu devineras d'où je sortais. La soirée a été calme mais il semble que les quelques bières goulument avalée m'aient enlever un principe de base : fermer ma gueule quand un sujet ne me regarde pas (ce qui est le cas du contenu éditorial de ce blog) ! Désolé...

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  6. Si ça peut vous rassurer ;-), je confirme que vos billets n'y sont pas pour grand chose dans ce qui s'est passé chez LHC.

    Certains ici savent que je songeais à quitter le réseau depuis un bon bout de temps. Le nouveau réseau mort-né aura été la goutte d'eau.

    Sinon, je suis assez d'accord avec toi, Mathieu, sur la nécessité de parfois quitter le terrain de l'analyse pour accepter de dénoncer avec promptitude. Comme tu l'écris, l'un n'empêche pas l'autre, de toute façon.

    D'accord avec toi aussi sur la bien-pensance : personnellement, le plus important pour moi, quand j'écris, est de respecter mes convictions et de tenir des raisonnements aussi clairs que possible. Après, si on vient me dire que je suis bien-pensant (ou quand on vient me dire que je suis complètement barré, ce qui revient au même, au fond), je m'en tape un peu.

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  7. Curieux ce problème temporel...
    Après avoir relu votre billet, déclencheur de la polémique, je réitère ce que j'avais dit en premier commentaire. Tout ça aurait pu être abordé avec plus de pondération.
    Je redis également que je trouve faux de mettre Criticus à l'extrême droite : son discours n'est pas extrémiste, et lui-même est attaché aux valeurs démocratiques.
    La création de RO était d'une évidente maladresse, certains passages fleuraient bon les thèmes d'extrême droite (pas étonnant qu'elle ait attiré quelques fachos).
    Mais est-ce que cela justifiait d'en arriver immédiatement à "QG raciste", "intolérance et totalitarisme" ?

    Du coup le débat sur l'occidentalisme n'a pas lieu, puisqu'on ne débat pas avec l'extrême-droite... Dommage.

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  8. @ Nicolas : j'espère au moins que ce fut une bonne soirée.

    @ Rubin : on avait bien noté vos tensions internes, mais de là à imaginer un tel éclatement... D'autant plus que, si nous avions des points de désaccord avec certains membres de votre réseau, nous y avons aussi des copains maintenant. On peut être de droite, même proche de la droite conservatrice, et sympa ! (Smiley ! Smiley !)

    @ Paul : je ne dirais plus rien sur Roman lui-même, et je n'irai plus discuter avec lui puisqu'il a dit ne plus vouloir discuter avec nous et nous mépriser. Chacun peut se faire son idée en allant lire son blog. Je crois en effet qu'il n'est pas d'extrême-droite, mais sur RO, les fondateurs se sont associés avec des blogs d'extrême-droite, ce qui mettait forcément le doute sur les signataires et sur le texte lui-même.

    Sur l'occidentalisme, je pense que les élections européennes seront une occasion de débattre de ces sujets. Je suppose que Roman ne discutera plus avec nous, mais les autres n'hésiteront pas à venir en débattre, j'en suis persuadé.

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  9. Pour commencer, Criticus, je m'en bats le steak.
    @Nicolas... On s'en fout de qui est l'origine de quoi, nous, on s'est bien marré avec ce billet et tout cet excitement qui s'en est suivi.
    Personnellement je ne veux plus faire de billet la dessus, c'est fini, mais si les deux autres veulent, ça me permettra de rigoler un peu.
    Et puis, on veut se dire ou dire qu'on a été à l'origine de ce ... tumulte, je suis étonné que tu t'empresses de venir nous raconter que le chef c'est toi et que sans toi on serait des merdes...
    Si ça te fait plaisir, ok, mais je n'en vois pas l'utilité.

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  10. Manuel,

    Mathieu me connait et sait que je m'en fous ! J'ai d'ailleurs fait un deuxième commentaire pour dire que j'étais à moitié plein pour le premier.

    Je n'ai pas dit ce que tu m'accuses d'avoir dit, j'ai juste fait remarquer à Mathieu que son billet était un peu maladroit.

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  11. Bon, de toute façon c'est pas bien grave et nous, on t'aime bien, alors...
    Je ne voulais pas faire de billet à ce sujet car je ne sentais pas le coup, j'ai juste trouvé ton argumentation (alcoolisée...) un peu rude, mais bon.

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  12. Manuel,

    Moi aussi, je vous aime bien mais la question n'est pas là. Mais j'en ai pris plein la gueule dans cette histoire !

    A+
    N.

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  13. @ Manuel et Nicolas : pas la peine de se battre, les choses sont résolues et claires.

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  14. Je crois qu'on n'a pas été épargné non plus nous trois... Et si ton billet faisait 10 lignes non argumentées, le notre était long, non argumenté et agressif...
    Pas très habile mais bon.
    Bonne journée.

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