Hier soir, avec quelques amis, nous avons été au Spoutnik, cinéma original genevois.
On va chercher un bière au bar, et on s'installe dans le canapé pour mater son film, tout ça pour vraiment pas cher...
Bon, donc hier nous avons été voir "Chomsky et Cie" d'Olivier Azan et Jacques Mermet.
C'était la dernière séance, il ne fallait pas la rater, d'autant qu'on était tous assez curieux et demandeurs de la pensée de Noam Chomsky.
Je ne vais pas m'aventurer dans une critique ou un résumé du film, il suffit d'aller le voir et de trouver des infos sur le net.
Disons qu'il veut nous permettre d'être capables de penser plus librement en décortiquant pour nous certains mécanismes de propagande utilisés par les États et les grandes multinationales.
Il n'entre cependant pas dans les théories de complot habituelles qui m'intéressaient pendant mon adolescence, mais il montre que chaque organisation (la Presse, les États, les multinationales) œuvrent selon leurs propres intérêts et que souvent ces intérêts convergent.
Il nous explique que les grandes démocraties sont obligées d'utiliser des méthodes douces pour atteindre le même résultat qu'un régime totalitaire, l'acceptation de ses idées par le peuple.
Les régimes totalitaires utilisent la violence, la répression; pour les démocraties, Chomsky parle de "manipulation par le bien", grossièrement, faire croire qu'une action va améliorer la vie des gens, va les protéger.
Comment l'Amérique est entrée en guerre en 1917 avec le consentement du peuple alors que son président avait été élu sur un programme de paix et que le peuple ne voulait pas de guerre.
Comment on a fait fumer des cigarettes aux hommes, puis et surtout aux femmes, Lucky Strike...
On va dire, que petit rebelle que je suis, je pensais déjà que nous étions victimes de ce genre de manipulations, comme la plupart d'entre vous, je suppose.
Ce qui m'a particulièrement intéressé c'est sa comparaison de couverture médiatique entre deux faits similaires mais dans des contextes différents, en l'occurrence les meurtres de l'évêque Oscar Romero au Salvador en 1980 et celui du père Jerzy Popieluszko, aumônier du syndicat Solidarité, en 1984.
Le premier fut assassiné pour avoir été un opposant au régime totalitaire salvadorien mis en place et soutenu par les États Unis, et le second pour avoir été un opposant au régime communiste.
Le second meurtre, note Chomsky, a été cent fois plus couvert par les médias d'Occident que le premier. On se demande pourquoi...
Je vous conseille également de jeter un œil à ce lien, ou l'on parle d'un drame peu connu mais horrible qui a eu lieu dans la fin des années 70' au Timor Oriental. Édifiant, consternant.
Pour ces exemples concret, ce film m'a plu, également pour sa trop brève analyse de l'influence américaine destructrice en Amérique latine.
Mais j'aurais aimé plus de détails, j'aurais aimé un film pour chaque évènement, mais un film de 5h, c'est difficilement vendable...
Les amateurs de l'émission de Mermet, "Las bas si j'y suis", aimeront, ses détracteurs n'aimeront probablement pas, en tout cas je vais me lancer dans la lecture de Chomsky, ce qui comblera certainement le manque ressenti à la sortie du film.
Finalement, comme prévu, il ne donne aucune solution, mais ce n'est pas son but, il nous laisse un sentiment mitigé.
On est partagé entre le dégoût et l'espoir.
Dégout, car c'est toujours douloureux de s'entendre dire qu'on se fait berner à chaque instant, espoir, parceque les gens bougent, les gens communiquent mieux et comprennent mieux.
Un point de désaccord, la liberté d'expression. Comme j'ai pu en discuter avec certains, je ne pense pas que l'on puisse tout dire.
Je reste persuadé que certaines choses, si elles sont dites, sont dangereuses, peuvent attiser la haine ou faire oublier certains faits historiques à ne jamais oublier.
Ne flippez pas, Chomsky en réalité n'existe pas : c'est une invention d'Ignacio Ramonet, qui a usurpé l'identité d'un linguiste mort depuis longtemps.
RépondreSupprimerHeureusement que Didier est là pour nous sauver de la manipulation médiatique!! Merci!
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RépondreSupprimerPersona non grata
RépondreSupprimerbah ? il disait quoi Scheiro..?
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Chomsky, mais si j'en crois Didier Goux, je n'ai pas du tout envie de le lire, car Ramonet est quelqu'un de particulièrement manipulateur et malhonnête.
Je plaisante.
J'ai eu un aperçu de la pensée de Chomsky dans un ouvrage appelé "Manuel d'autodéfense intellectuelle" (Bergeron). J'ai eu l'impression d'un esprit puissant, mais doutant de tout. Et comme le dit si bien Poincarré :
"Douter de tout et tout croire sont deux moyens commodes, qui tous deux nous dispensent de réfléchir."
à bientôt
Il peut dire ce qu'il veut, mais ailleurs.
RépondreSupprimerJustement, la pensée de Chomsky est issue de réflexion et d'analyse, il ne balance pas de théories de complot en l'air, il argumente, il montre l'articulation de la manipulation de l'information selon les intérêts de chacun.
Par ailleurs, c'est un fervent défenseur des libertés, de la liberté d'expression, il est à sa façon libéral. Je te conseille de t'y intéresser, le libéralisme peut avoir différentes formes, différentes les unes des autres.
@ Manuel et LOmiG : un bon moyen d'aborder Chomsky, si je peux me permettre :
RépondreSupprimerN. Chomsky, "Dominer le monde ou sauver la planète", éd. 10/18, Paris, 2005.
Merci Mathieu.
RépondreSupprimerc'est une des rares qui permet de comprendre le monde médiatique et politique dans lequel nous vivons
RépondreSupprimerD'accord peuples, il peut aider à ouvrir les yeux semi-clos de beaucoup, pour les yeux fermés à double tour, c'est certainement peine perdue.
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