lundi 1 juin 2009

La gauche, divisée, en route pour une nouvelle défaite électorale.

Nous sommes maintenant, cher lecteur, à quelques jours des élections européennes. Je ne vais pas te refaire ici la litanie de l'analyse des pseudo-sondages qui nous annoncent à la fois la victoire de l'UMP mais la défaite de l'ensemble de la droite face à l'ensemble de la gauche.

Je suis nettement plus étonné devant la violence des débats qui ont précédé, à gauche, cette élection. Certes, la campagne a mis du temps à démarrer. Elle a été dominée, de ce côté de l'échiquier, par la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, et il n'est pas rare de trouver des blogueurs de gauche séduits par la personnalité de tribun du sénateur ex-socialiste.

Pour t'illustrer cet état, je t'invite à consulter ce billet de Nicolas. Il s'y désole du risque que Benoît Hamon puisse risquer de ne pas être élu. Très vite, la tension est montée dans les commentaires.

Ce qu'illustre ce billet est l'état de désordre qui se maintient à gauche, et les grosses difficultés du PS. A l'évidence, alors que certaines listes ont pris acte de l'évolution du monde et, en particulier, de sa situation économique (comme Europe Ecologie ou le Front de Gauche), le PS est resté assez atone, malgré l'avantage de disposer d'un programme européen. Il aurait pu se lancer dans une opération forte. A mon sens, la meilleure aurait été d'annoncer la rupture du pacte de gouvernance avec le PPE. En effet, le contexte est bon : la droite est plutôt en difficulté de par la crise financière ; il n'y a aucun intérêt pour les sociaux-démocrates à maintenir une quelconque alliance avec eux, alors qu'il serait possible de constituer une majorité avec les centristes et certains mouvements de gauche plus radicaux. Enfin, il y a là une belle occasion de virer Barroso de la Commission.

Malheureusement, rien de tout cela n'est venu. Le PS est resté sur la ligne qu'il tient sur l'Europe depuis 2002. En appeler au vote utile, à cette occasion, est une grosse erreur, vu que le PS a gagné les élections de 2004 et que rien n'a changé dans le PSE en fonction de cela. Le fait même que Barroso ait pu rester commissaire est une illustration des difficultés de la gauche européenne à ressortir la tête du trou.

Sur ce point, je ne crois pas que le PS soit encore englué dans des questions d'égos. Cela est démontré par le meeting de Rezé, durant lequel Ségolène et Martine ont tenu les mêmes discours. Or, dans le contexte, il y avait de quoi se montrer innovant et novateur, et proposer de vraies ruptures avec le passé de la gauche européenne.

On pourrait considérer qu'il faut laisser le temps à la gauche de mener sa reconstruction idéologique. Certes, mais les Européens souffrent en ce moment, et la victoire annoncée du PPE nous relancerait pour cinq nouvelles années de stagnation libéralo-conservatrice à l'échelle européenne.

C'est dommage : encore une belle occasion ratée...

9 commentaires:

  1. Tiens ! Tu as lu les commentaires chez moi ? Il va falloir que j'y aille aussi.

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  2. @ Nicolas : si je lis plus mon blog que toi, il faut que je me calme...

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  3. Je crois que le PS est surtout englué dans un PSE qui votera la reconduction de Barroso et qui lui a imposé une dérive bien à droite... Il n'y a qu'à lire le Manifesto...

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  4. "le PS soit encore englué dans des questions d'égaux" => égos ?

    Parler de politique et ne même pas savoir écrire correctement les mots qu'on utilise... on reconnait bien là la blogosphère politique, qui n'a pas les moyens de ses ambitions...

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  5. @ Pas perdus : ben oui, c'est quand même malheureux...

    @ Halmer : merci de m'avoir signalé la faute.

    Pour le reste, je n'ai aucune ambition politique, et rien ne t'oblige à me lire. Va lire les blogs de la droite réactionnaire : pour eux, tout se juge à la bonne orthographe...

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  6. Un des avantages de la proportionnelle est de pouvoir multiplier la représentation des différentes sensibilités. Je préfère cette nébuleuse de petites listes à une opposition de deux blocs UMP/PS. C'est plus démocratique non ?

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  7. @ Paul : certes, mais cela rend difficile la constitution de majorité pour gouverner. Il faudrait mixer les deux systèmes...

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  8. Je ne crois pas trop au "mix" et j'aime bien la proportionnelle intégrale. Il suffit de se sortir la quête d'une majorité absolue de la tête. Regarde le fonctionnement du parlement européen : les deux (ou trois) gros mènent la danse, et votent ensemble sur des consensus (par exemple ils se partagent la présidence du parlement). Mais ce monopôle des gros n'empêche pas qu'il y ait beaucoup de petits qui participent aux débats, font entendre la voix de ceux qu'ils représentent, et participent au vote.

    Je trouve ce mode de fonctionnement plus démocratique, avec certes des inconvénients, mais pas du tout le chaos dont nous menacent les détracteurs de la proportionnelle.
    C'est sûr qu'en France, c'est pas trop notre culture politique. On préfère les gouvernements forts, et on fait taire les voix divergeantes au sein des partis de masse.

    Mais le parlement européen est une expérience unique de démocratie, et je pense que le plus grand bien qu'on puisse lui faire est de ne pas vouloir y copier nos habitus politiques nationaux. Une démocratie européenne indépendante de la nationale pourrait alors exister.
    Cependant, ce n'est encore une fois pas dans nos coutumes de faire coexister plusieurs strates de pouvoir. L'obsession centralisatrice et monarchique française imagine mal les pouvoirs conccurents.
    Bref, les français ont du mal avec l'Europe, c'est certain.

    Pour le reste du sujet, je suis d'accord avec toi. Une grande alliance gauche et centre est le seul moyen de contrer la "révolution conservatrice" (l'expression est de Ivan Rioufol). L'émiettement et la discorde font le jeu de la droite, qui s'installe aisément au pouvoir. Le PS (et c'est le cas d'autres partis socialistes européens) est pris en étau entre la social-démocratie et la gauche plus radicale. Du coup, vu qu'il n'arrive pas à faire le pont entre les deux, il voit ses conccurents des deux cotés (NPA/FG et Modem) le dépouiller.
    La question qui se pose est de savoir si cette conciliation, qui permettrait de prendre le pouvoir à la droite, est rendue infaisable par des querelles d'égo ou bien par un insurmontable fossé idéologique.

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  9. @ Paul : certes, mais cela impose cette collaboration contre nature entre PPE et PSE.

    Pour le PS, je pense que la question des personnalités a une vraie importance. Cependant, elle n'est pas seule en cause. Si cette situation peut s'imposer, c'est aussi parce que l'idéologie n'est pas au rendez-vous...

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