mardi 11 novembre 2008

Vive Ségolène Royal à la tête du PS !

Ça y est, cher lecteur, Ségolène Royal est enfin sortie du bois : elle annonce aujourd'hui sa candidature à la tête du Parti Socialiste. Comme nous sommes un jour férié, la blogosphère est assez endormie, mais les blogueurs ont déjà commencé à réagir. Nicolas se demande, assez justement à mon avis, si ce choix est judicieux. Olivier Porret dénonce le refus de Ségolène d'aborder les questions idéologiques.

Je souhaiterai, cher lecteur, rebondir sur ces deux interventions. Le PS a beaucoup souffert, ces dernières années, pour préserver son unité, de se refuser à aborder les questions idéologiques. Il y avait d'abord les querelles d'hommes qui empêchaient ce processus. Il y avait aussi, cependant, le risque de voir apparaître des ruptures très profondes entre les membres de ce parti, qui sont tout de même assez visibles dans les différentes motions qui nous sont proposées pour ce congrès. François Hollande, jouant toujours sur cette bonhommie assez calme, est parvenu à déjouer ce débat, mais l'émergence de Ségolène remet ce statu quo en cause.

Définir le positionnement idéologique de Ségolène Royal est très difficile. On voit autour d'elle les libéraux du PS tous regroupés, et on a pourtant entendu très récemment l'ancienne candidate à la présidence demander le contrôle des licenciements économiques par la puissance publique. D'ailleurs, elle drague ouvertement Benoît Hamon et ses fans. Ce comportement peut sembler assez schizophrène, mais je crois qu'il n'en est rien. Ségolène a simplement pris en compte la personnalisation de plus en plus forte de la politique (voir Barack Obama), et doit faire le calcul que c'est sa personne qui est importante. En évacuant la question du Modem, "prétexte" selon elle, elle marque bien le fait que finalement, les idées, on s'en fout.

Alors, cher lecteur, je vais te dire la chose suivante : je souhaite que Ségolène Royal soit élue à la tête du PS, et ce pour plusieurs raisons très cyniques au total :
  • D'abord, Ségolène va devoir vider toute la vieille garde du parti pour affirmer son autorité et s'entourer de jeunes. Cela ne peut être que positif.
  • Ensuite, les vrais femmes et hommes de gauche qui pensent encore que l'idéologie est importante vont bien être obligés de quitter ce parti. Au moins, le PS apparaîtra alors pour ce qu'il est vraiment depuis 2002 : un parti social-libéral.
  • Enfin, dans deux ans, vu que Ségolène n'a, à mon humble avis, pas les qualités de leader nécessaire à incarner la femme providentielle que certains attendent au PS, le parti va se casser la gueule, les sociaux-libéraux rejoindront la droite ou Alternatives Libérales, et on aura enfin clarifié la vie politique française.
C'est quand même dommage d'en venir à faire des articles pour souhaiter la mort du principal parti de gauche, mais j'aimerai bien qu'on avance un peu, et dans le cadre actuel, cela n'a pas l'air d'être possible...

6 commentaires:

  1. J'aime beaucoup le vocable actuel "vider la vieille garde", "chasser les éléphants" et toutes ces belles images d'Épinal...

    Le problème c'est que la réalité est un peu plus compliquée que cela :
    - D'abord les "éléphants" ne sont pas forcément uniquement ceux que l'on dénonce, pour rappel Ségolène Royal et Bertrand Delanoé ne sont pas vraiment moins anciens au PS que ne le sont Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn (78 pour SR, 74 pour LF, 71 pour BD et DSK), ils sont donc tous issus du même corpus idéologique, ont connu les mêmes transformations issues des mêmes renoncements partagés, égalité entre les "newbies" et les "oldies" finalement...
    - ensuite les "jeunes lions" sont tous de pimpants quinquagénaires (ou vraiment près d'en être), Montebourg, Peillon, Dray, tous sont nés au début des années 60 et ont commencé leur militantisme au début des années 80, quand Tonton siphonna l'extrême gauche étudiante de l'UNEF-ID. Profitant de l'explosion du militantisme associatif ils y ont fait leur place au soleil, avant d'entamer une carrière plus stable au sein du PS (le dernier en date, Malek Boutih, à peine âgé de 4 ans de moins que Julien Dray aura dû attendre 2003 pour sa place au soleil, mais il a fini par l'avoir)

    Au final, 10 ans de militantisme séparent le plus "ancien éléphant" (DSK) du plus "pimpant jeune lion", pas vraiment de quoi parler de relève new generation, juste un énorme foutage de gueule, on nous fait passer pour "neuf" de vieux regatons complètement intégrés au système néfaste du fonctionnement du PS, et les gogos sortent les banderoles pour fêter d'être pris pour des imbéciles.

    A quand un cours d'histoire politique pour les militants PS ?

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  2. @ Fab : si on était optimiste, on se dirait que rajeunir de dix ans, c'est pas si mal. Malheureusement, on ne l'est pas.

    Non, c'est dommage, mais faut foutre tout ça par terre, puis réorganiser l'ensemble.

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  3. Ce n'est pas l'âge des "candidats" qui m'intéresse mais celui de leurs idées, hors (et c'est bien là le drame) tout ce sont bien les idées socialo-libérales que représentent tous ces petits soldats au garde à vous, il n'y a aucun renouvellement idéologique dans cette relève, pas le bout d'une pensée innovante, rien qu'un packaging plus ou moins bien ficelé.

    Tout foutre par terre ? Oh que oui, mais c'est impossible venant d'une usine comme le PS, trop d'intérêts personnels, trop de carrières à sauver pour des gens qui n'ont jamais eu d'autre métier que la politique. Pour reconstruire le bâtiment il faut d'abord s'assurer que les fondations sont saines, et c'est le problème du PS : ses fondations impliquent forcément ses déviances...

    Moi aussi je rêve de la désignation de SR, pour que le PS finisse enfin d'exploser, qu'il entraîne avec lui les ruines du PCF (qui a réussi le tour de force de me faire me sentir mal d'être coco, chose que ni Lajoinie ni Marchais n'avaient obtenu...), que tous les "militants professionnels" et autres "permanents" disparaissent de mon horizon, qu'on applique une vraie limitation des mandats (j'aime bien l'idée de limite de deux mandats électifs, quel qu'en soit le type, dans une vie), c'est ça qui induira le renouvellement des hommes et des idées, pas le jeunisme imbécile scandé comme solution à tout.

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  4. @ Fab : on ne sait jamais. Si elle gagne, peut-être qu'ils vont se prendre une volée aux européennes et aux régionales, perdre leurs postes d'élus puis, progressivement, s'étioler. La SFIO a bien connu ce sort autrefois, avant d'être reprise par Mitterrand. Quand au PCF, sous sa forme actuelle, il ne survit, au niveau des élus, que parce que le PS le veut bien, sauf dans quelques bastions. Là aussi, un réel besoin de renouvellement...

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  5. Avec ou sans elle ça risque d'être difficile pour le PS de toute façon, décrédibilisés, illisibles, reniant les résultats référendaires... tout pour plaire !!

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  6. @ Fab : une vraie femme politique, mais sans finesse... Dommage...

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