lundi 29 juin 2009

Obama face à l’histoire de la relation entre Etats-Unis et Amérique latine.

Je sais que l'actualité est en ce moment focalisée sur Michael Jackson et sur le grand emprunt, voire même sur la burqa, mais je voudrais te parler aujourd'hui d'un petit pays d'Amérique latine, le Honduras.

Hier, un coup d'État s'est produit dans ce pays. L'armée a procédé à l'arrestation du président Manuel Zelaya, qui tentait d'organiser un référendum pour avoir le droit de briguer un second mandat. Cette réforme était contestée par de nombreux acteurs politiques du pays, l'armée certes, mais aussi le Parlement, la Cour suprême et le propre parti politique du président. Les États-Unis ont nié toute intervention dans cet événement. Le président a été relâché au Costa Rica. Durant le putsch, les ambassadeurs cubains et vénézuéliens auraient été arrêtés et tabassés par les militaires.

Cette action au Honduras fait renaître les putschs militaires que l'on croyait disparu dans cette région du Monde. De plus, elle touche un pays qui a largement souffert des conflits entre États-Unis et URSS. Durant les années 1970, le Honduras servit de base arrière aux États-Unis dans leur lutte contre les sandinistes du Nicaragua. De plus, la démocratie y est récente (1981) et n'est pas solidement installée, comme le prouve cette crise. Je m'étonne que ce putsch ait eu lieu sous la présidence de Barack Obama, qui s'était engagé à faire évoluer la relation des États-Unis avec son pré carré sud-américain. Certes, le président américain a appelé l'armée du Honduras à respecter les institutions démocratiques, mais il est impossible que ce putsch ait pu avoir lieu à la barbe de Washington.

Le président Zelaya, pourtant élu sur un programme conservateur, avait changé progressivement de camp et s'était rapproché de Cuba, du Venezuela et de la Bolivie. En août 2008, le Honduras a rejoint l'Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), fondée par Hugo Chavez pour regrouper ses alliés, en opposition avec le projet de Zone de Libre-échange des Amériques lancée par George W. Bush.

C'est marrant : ce matin, l'AFP nous apprend que Chavez s'agite et commence à dire qu'il pourrait lancer une intervention militaire sur le Honduras pour rétablir Zelaya. Franchement, je doute que le Venezuela ait les moyens et l'intérêt de lancer une opération pareille. Par contre, c'est toute l'image d'Obama en Amérique latine qui est posée.

Il n'est même pas sûr que le président américain ait été vraiment acteur de cette action : peut-être les opposants honduriens ont-ils simplement tenté leur chance en espérant le soutien américain. Cependant, si Obama soutient, il ouvre la porte à tous les conservateurs sud-américains qui pourraient y voir un signal pour se lancer dans de nombreux coups d'Etat un peu partout, comme en Bolivie ou Morales est très contesté. Ce soutien créerait une instabilité très grande dans la région et remettrait en cause des démocraties déjà fragiles, alors qu'Obama s'était montré plutôt ouvert au départ. Espérons que le président américain garde suffisamment son sang-froid et puisse rompre avec les vieux démons de la politique régionale américaine…

29 commentaires:

  1. Michael bordel de merde, pas Mickael !!

    Reste qu'étonnaient on parle moins du Honduras que de l'Iran, pourtant les circonstances sont plus graves non ?

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  2. étonnamment pas étonnaient... y'a des fois où c'est plus de relecture que j'ai besoin mais d'un cerveau moins usé.

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  3. D'un cerveau tout court?
    Amérique du sud commence en Colombie, sinon latine, ça marche aussi.
    Sinon, je vois mal Obama nous faire le coup du Chili d'il y a trente ans, mais j'y connais pas grand chose alors je sors.

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  4. Quand je pense que j'ai failli prendre ta défense chez Nicolas...

    Crève pourriture capitaliste !

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  5. 36 ans, Manuel, 36 ans. Eh oui, le temps passe...

    Fabrice : vous êtes sûr que ce qui se passe au Honduras est plus grave que les problèmes posés par l'Iran ? On ne sait même pas où c'est, le Honduras et leur armée est équipée de lance-pierres, alors...

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  6. @ Fabrice : la faute est corrigée.

    @ Manuel : pour un Américain, l'Amérique du Sud est au sud du Rio Grande. Pour le Chili, je suis d'accord, mais il n'est pas seul...

    @ Didier et Fabrice : je ne sais pas si on peut vraiment comparer ces deux pays. Cela n'a rien à voir.

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  7. @ Didier et Mathieu

    Je ne compare pas ces deux pays mais les faits qui s'y déroulent : dans l'un une élection a été possiblement truquée (mais pas encore de preuve formelle) et des manifestations sont violemment réprimées ce qui n'est pas bien mais pas non plus particulièrement rare, dans l'autre l'armée a expulsé un président démocratiquement élu qui voulait organiser un référendum (oh le vilain, un référendum pour modifier la constitution en plus, le truc trop grave, en France on l'a fait que 18 fois depuis 58).

    Mais j'ai bien compris que ce qui vous préoccupe ce n'est pas le devenir des citoyens de ces deux pays mais encore une fois le fantasme de l'islamiste dangereux caché derrière un turban. Eh bien laissez-moi vous rappeler un truc : Moussavi n'est pas démocrate, il fut un 1er ministre ultra-réac' et n'est pas moins inquiétant que amahinedjad qui ne fait que gesticuler.

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  8. @ Fabrice : tu as mal compris. Je voulais juste dire que je ne voyais pas de lien entre les deux du tout. L'histoire n'est pas la même, la région n'est pas la même.

    Je suis parfaitement conscient que Moussavi est un membre du système islamiste iranien.

    Dire que l'un est plus grave que l'autre, je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, c'est que les démocrates s'en prennent plein la gueule, et ça, c'est partout...

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  9. @ Mathieu

    Dans un cas tu as une fraude électorale complètement inutile (Moussavi ou l'autre c'est la même, les mollah restent au pouvoir) de l'autre un coup d'état militaire. Objectivement il y a un cas plus grave que l'autre.

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  10. @ Fabrice : mouais, mais ce sont les démocrates qui perdent toujours.

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  11. En Iran les démocrates n'ont jamais été autorisés à participer au jeu. De là ils ne peuvent pas avoir perdu ;)

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  12. Oui, enfin dans ta petite comparaison de gravité, tu oublies un peu que l'Iran tient une place primordiale dans l'équilibre d'une des régions les plus instables du moment. L'avenir politique de l'Iran aura une influence sur toute la région, tandis que l'influence du Honduras sur une Amérique LATINE plutôt calmée reste à démontrer.
    Mathieu, je me fous de ce que pensent les ricains de la géographie!

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  13. @ Manuel : si le Venezuela intervient au Honduras, ce sera le bordel.

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  14. @Manuel

    J'ai précisé en introduction que je comparais la gravité des faits dans le cadre national de ces deux pays.

    Les conséquences internationales ne devraient pas entrer en ligne de compte ou alors on arrête de se draper dans un humanisme de façade et on joue cartes sur table : on ne soutient les manifs à Téhéran que dans l'espoir de renverser les mollah, leurs morts on s'en bat les noix.

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  15. Mathieu, c'est du fantasme, à mon avis.
    Fabrice, mais pour juger de la gravité d'une situation et donc de sa médiatisation, il faut prendre en compte tout le tableau

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  16. @ Manuel : nous ne pouvons le juger d'ici...

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  17. D'accord avec Manuel (putain, ça me fait tout drôle d'écrire ça !).

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  18. Surprise, le réac' encore plus jeune que Goux et le réac' encore plus vieux que Manuel sont d'accord !! ;)

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  19. @ Didier : vous faiblissez !

    @ Fabrice : ils vont bientôt ouvrir un blog collectif "Avec nos vieilles gueules..."

    Smiley, smiley !

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  20. Le jour où ça arrivera avec Suzanne n'est pas près de se lever...

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  21. Le problème c'est que si l'ont se penche sur la constitution du Honduras, Zelaya est anti-constitutionnel de part ces méthodes:

    ARTICULO 2.- La Soberanía corresponde al Pueblo del cual emanan todos los Poderes del Estado que se ejercen por representación.
    La soberanía del Pueblo podrá también ejercerse de manera directa, a través del Plebiscito y el Referendo.
    La suplantación de la Soberanía Popular y la usurpación de los poderes constituidos se tipifican como delitos de Traición a la Patria. La responsabilidad en estos casos es imprescriptible y podrá ser deducida de oficio o a petición de cualquier ciudadano.


    ARTICULO 4.- La forma de gobierno es republicana, democrática y representativa. Se ejerce por tres poderes: Legislativo, Ejecutivo y Judicial, complementarios e independientes y sin relaciones de subordinación.
    La alternabilidad en el ejercicio de la Presidencia de la República es obligatoria.
    La infracción de esta norma constituye delito de traición a la Patria.

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  22. @Anonyme

    Ben non.

    Il organise un référendum pour modifier la constitution en quoi cela est-il anticonstitutionnel ? ("la souveraineté du peuple s'exerce de manière directe par le plébiscite et le référendum").

    S'il avait voulu imposer la modification sans référendum c'eût été illégal, mais il a convoqué le peuple pour qu'il exprime directement son accord (ou son désaccord) pour modifier la constitution ce qui est à la lettre l'application de l'article 2.

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  23. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  24. @ Anonyme : il y a d'autres méthodes que le coup d'État militaire pour virer un président éventuellement anticonstitutionnel.

    De plus, je ne vois pas où est le problème lorsqu'on demande une modification de la constitution par référendum. Les deux articles que vous citez ne le disent pas. Par contre, dans l'article 5, l'usage du référendum est prévu mais avec une loi votée par le Parlement. Or, il me semble bien que cela a été respecté ici.

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  25. La procédure de destitution est simple, elle prévoit que le parlement à majorité des 2/3 décide de convoquer les éléctions pour former un nouveau parlement qui sera constitutant, toujours à la majoritée des 2/3 & et que les points de la constitution seront révisés par ce parlement.

    En toute logique, il devait donc d'abord passé par le parlement, ce qu'il n'a pas fait.


    Pour le côté militaire ( n'oubliez pas qu'il y a eut toute des actions de justices et de procureux généraux et autres avant), la procédure ne précise pas exactement comment cela doit être mené ( on peut donc juste reproché la manière dont cela c'est passé assez brusque), mais il ne faut pas oublier que dans les pays d'amérique latine, l'armée à les pouvoirs de police civile.

    Et il ne manquerait plus que Zalaya fasse des reproches à l'armée alors qu'il a lui même voulu l'utiliser pour faire imposer de force son scrutin anti-constitutionnel.



    Il a donc fraudé sur tout les plans, et a subis les conséquences de ces actes, et comme d'habitude la communauté international ne cherche pas a aller plus loin que le bout de son nez, mais bon développer le sens de la réflexion & de la critique irait justement à l'encontre des interets de ceux-ci, donc ...

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  26. pardon je me suis trompé dans un mot au début de ma réponse

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  27. @ Anonyme : n'empêche que ce putsch pourrait servir de modèle contre les dirigeants chavistes des autres pays de la région.

    Je reste persuadé que cet emploi de l'armée était inadapté. Ils auraient pu laisser le président aller au référendum et se ramasser.

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  28. @Mathieu

    Je crois qu'ils ont utilisé l'armé parcequ'il n'allait pas se ramasser, et que l'idée de "subir" cette peste collectiviste encore quelques années leur était trop insupportable ;)

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  29. @ Fabrice : tu as toujours les idées mal tournées...

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