« Le marché libre n'existe que parce que l'État protège les droits de propriété et la liberté des acteurs économiques. »
Il y a plusieurs jours, LOmiG me demanda de définir ma vision du libéralisme. Je ne l’avais pas encore fait, d’abord parce que la tâche me semblait totalement impossible sans faire une réelle étude et après des années de travail, et ensuite parce que, ne me sentant pas libéral, je me voyais mal définir une idéologie qui n’est pas mienne sans tomber dans l’opposition parfois caricaturale.
Pourtant, sur de nombreux aspects, je suis totalement libéral. Comme les libéraux, je suis avec acharnement attaché aux droits individuels (liberté de penser, d’expression, de religion, de résistance à l’oppression…). Sur cet aspect, comme je l’ai souvent dit, je ne supporte pas que l’État, les entreprises, les riches, les administrateurs, les religieux, les politiques, puissent, à un quelconque moment, réduire mes possibilités de réflexion et de jugement. J’estime, sans doute avec un côté un peu naïf, que les idées stupides ou dangereuses doivent être démontées et vaincues par l’analyse et le raisonnement intellectuel, et pas par l’interdiction, qui leur donnent une place de victime bien pratique.
De même, comme je l’avais déjà écrit ici, je suis un fervent supporter de la démocratie, que j’estime être le seul régime apte à éviter la violence à une société. La loi de la majorité, tant qu’elle ne remet pas en cause les droits individuels des citoyens, doit prédominer.
Et c’est là que je diffère des libéraux les plus fervents. Ceux-ci considèrent la propriété comme un droit individuel. Or, la propriété, telle qu’elle existe aujourd’hui, est plutôt un système de gestion du capital, comme on pourrait en imaginer d’autres. Les rédacteurs de la déclaration des droits de 1789 l’ont intégrée aux droits individuels parce qu’ils étaient eux-mêmes des gens aisés et prêts à transformer en principe ce qui était plutôt un privilège. Il faut leur rendre grâce : ils luttaient contre des privilégiés s’appuyant sur le lien sanguin, et ils cherchaient aussi un autre moyen de créer une hiérarchie plus ouverte et plus démocratique. Cependant, le vice est là : les libéraux considèrent que chacun a droit à la propriété mais tout le monde ne peut y avoir accès, puisqu’on ne peut priver, même démocratiquement, personne de sa propriété, comme on ne pourrait priver personne de sa liberté de penser. L’héritage, de plus, entretient cette déviance. Une minorité peut ainsi pleinement profiter des autres droits, alors qu’une très large majorité de la population mondiale souffre terriblement et se trouve privée des droits fondamentaux.
La phrase que j’ai citée au-dessus est le nœud du problème. Elle est tirée de la réponse de Paul Guignard à cette même chaîne. Il illustre ici l’idée que l’État, finalement indispensable, n’a pour but que de protéger la propriété de ceux qui en ont beaucoup, alors que cette concentration du capital empêche, fondamentalement, la majorité d’accéder aux droits fondamentaux. Le marché libre a la même finalité.
Bon, évidemment, j’ai été ici très caricatural. Le libéralisme est multiple, comme les autres idéologies. De plus, même si je tacle souvent les libéraux, j’estime qu’ils sont des démocrates et que je me dois donc de les considérer comme des alliés face à d’autres composantes du champ politique. Entre démocrates, on tombe toujours d’accord lorsqu’il s’agit de combattre les pestes de différentes couleurs.
Bon, maintenant que j’ai réussi à me débarrasser de cette chaîne, je la refile à Manuel, Fabrice, Didier Goux, Peuples et Faucon de Roquemaure. Bon courage !
Il y a plusieurs jours, LOmiG me demanda de définir ma vision du libéralisme. Je ne l’avais pas encore fait, d’abord parce que la tâche me semblait totalement impossible sans faire une réelle étude et après des années de travail, et ensuite parce que, ne me sentant pas libéral, je me voyais mal définir une idéologie qui n’est pas mienne sans tomber dans l’opposition parfois caricaturale.
Pourtant, sur de nombreux aspects, je suis totalement libéral. Comme les libéraux, je suis avec acharnement attaché aux droits individuels (liberté de penser, d’expression, de religion, de résistance à l’oppression…). Sur cet aspect, comme je l’ai souvent dit, je ne supporte pas que l’État, les entreprises, les riches, les administrateurs, les religieux, les politiques, puissent, à un quelconque moment, réduire mes possibilités de réflexion et de jugement. J’estime, sans doute avec un côté un peu naïf, que les idées stupides ou dangereuses doivent être démontées et vaincues par l’analyse et le raisonnement intellectuel, et pas par l’interdiction, qui leur donnent une place de victime bien pratique.
De même, comme je l’avais déjà écrit ici, je suis un fervent supporter de la démocratie, que j’estime être le seul régime apte à éviter la violence à une société. La loi de la majorité, tant qu’elle ne remet pas en cause les droits individuels des citoyens, doit prédominer.
Et c’est là que je diffère des libéraux les plus fervents. Ceux-ci considèrent la propriété comme un droit individuel. Or, la propriété, telle qu’elle existe aujourd’hui, est plutôt un système de gestion du capital, comme on pourrait en imaginer d’autres. Les rédacteurs de la déclaration des droits de 1789 l’ont intégrée aux droits individuels parce qu’ils étaient eux-mêmes des gens aisés et prêts à transformer en principe ce qui était plutôt un privilège. Il faut leur rendre grâce : ils luttaient contre des privilégiés s’appuyant sur le lien sanguin, et ils cherchaient aussi un autre moyen de créer une hiérarchie plus ouverte et plus démocratique. Cependant, le vice est là : les libéraux considèrent que chacun a droit à la propriété mais tout le monde ne peut y avoir accès, puisqu’on ne peut priver, même démocratiquement, personne de sa propriété, comme on ne pourrait priver personne de sa liberté de penser. L’héritage, de plus, entretient cette déviance. Une minorité peut ainsi pleinement profiter des autres droits, alors qu’une très large majorité de la population mondiale souffre terriblement et se trouve privée des droits fondamentaux.
La phrase que j’ai citée au-dessus est le nœud du problème. Elle est tirée de la réponse de Paul Guignard à cette même chaîne. Il illustre ici l’idée que l’État, finalement indispensable, n’a pour but que de protéger la propriété de ceux qui en ont beaucoup, alors que cette concentration du capital empêche, fondamentalement, la majorité d’accéder aux droits fondamentaux. Le marché libre a la même finalité.
Bon, évidemment, j’ai été ici très caricatural. Le libéralisme est multiple, comme les autres idéologies. De plus, même si je tacle souvent les libéraux, j’estime qu’ils sont des démocrates et que je me dois donc de les considérer comme des alliés face à d’autres composantes du champ politique. Entre démocrates, on tombe toujours d’accord lorsqu’il s’agit de combattre les pestes de différentes couleurs.
Bon, maintenant que j’ai réussi à me débarrasser de cette chaîne, je la refile à Manuel, Fabrice, Didier Goux, Peuples et Faucon de Roquemaure. Bon courage !
Joker, mon cher Mathieu, joker ! Je me contre-pignole furieusement du libéralisme, tout autant que du socialisme, et de la politique en général. Et ce pour une raison simple : sur les sujets qui me semblent essentiels pour notre époque, je constate que tous ces gens sont d'accord entre eux... et en désaccord avec moi. Je m'en tiendrai donc, quant à ces tristes sires, à un rejet radical et à un mépris hautain. Qu'ils détruisent le monde, s'ils y tiennent absolument, mais qu'ils ne viennent pas me demander mon avis sur leurs recettes pour y parvenir.
RépondreSupprimerBon, allez, il est l'heure : une pute, un verre de lait, et dodo !
Merci, Didier, pour votre réponse à cette chaîne.
RépondreSupprimerlà... tu me met dans l'embarras, j'y réfléchis et je fais une réponse qui tienne un poil debout.
RépondreSupprimerCe soir, ma réponse sera courte, j'en ferai peut-être une plus réfléchis et intelligente bientôt.
RépondreSupprimerLe libéralisme doit il exister essentiellement pour les marchandises ou également pour les hommes?
C'est tout ce qui me vient ce soir...
@ Peuples : au travail !
RépondreSupprimer@ Manuel : c'est un peu court, jeune homme, mais soit !
Pas la chaine la plus simple... Mais on essaiera.
RépondreSupprimer(mince, j'ai pleins de chaines de retard ;__;)
Bonne semaine
salut Mathieu L, merci pour ta réponse.
RépondreSupprimertout le différent, je crois, réside dans cette phrase que tu écris :
"La loi de la majorité, tant qu’elle ne remet pas en cause les droits individuels des citoyens, doit prédominer. (...) Ceux-ci considèrent la propriété comme un droit individuel. "
Si tu ne considères pas la propriété comme un droit individuel, alors je ne sais pas très bien ce que sont les droits individuels. Peux-tu les définir ?
Car les libéraux considèrent que tout individu est d'abord propriétaire de lui-même. De son corps, de sa pensée, du fruit de son travail. S'attaquer à la propriété, oui, c'est s'attaquer aux droits fondamentaux de l'être humain.
@ Faucon fainéant : au boulot !
RépondreSupprimer@ LOmiG : oui, nous avions déjà largement ciblé nos désaccords je pense.
Pour moi, rien que ce concept de "jouissance des fruits de son travail" est extrêmement discutable. Jouit-on vraiment des fruits de son travail ? Ce type d'expression est très discutable. Nous ne sommes plus des paysans qui cultivons seuls notre lopin. Le travail est tellement imbriqué avec une multitude d'acteurs que je ne vois pas comment on peut jouir des fruits de son travail réellement. Sais-tu seulement ce que tu produis vraiment comme richesse ?
Pour moi, un droit est quelque chose dont on jouit sans aucune condition. On peut penser, s'exprimer, réfléchir, prier sans aucune condition extérieure.
La propriété est liée à toute une série de facteurs totalement illégitime et qui ne correspond en rien au droit, mais à l'économie, à l'héritage, à sa psychologie, à son groupe social d'origine... Tout cela fait de la propriété un faux droit, et un vrai privilège.
Voilà sans doute un point fondamental de rupture.
Pour la démocratie, on en avait déjà parlé je crois.
Pas vu passer le billet, j'étais en voyage. Rien à rajouter, tu as parfaitement ciblé le désaccord qui est la notion de propriété.
RépondreSupprimerTo be continued :)
@ Paul : je crois que ce n'était pas très difficile. On avait bien ciblé le truc...
RépondreSupprimerD'ailleurs (je fais un peu de publicité, mais bon, on est dans une société consumériste et publicitaire non ?) j'ai mis deux citations sur mon blog qui me font beaucoup réfléchir c'est ici.
RépondreSupprimer@ Paul : arrgghh, de la pub sur un blog de gauchistes !!! Bon, allez, on passe l'éponge pour cette fois.
RépondreSupprimerUn blog de gauchistes???
RépondreSupprimerFais gaffe Mathieu, ne t'emballes pas! ;)
@ Manuel : je lis juste tes billets.
RépondreSupprimerAttention mon petit privilégié, on va tout droit à la rupture là...
RépondreSupprimer@ Manuel : on va voir tes billets futurs.
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