mercredi 11 février 2009

Le vilain petit communautarisme...

Le communautarisme...
Ce mot a une connotation négative chez pratiquement tous les bloggers que je fréquente, qu'ils soient libéraux, de droite, de gauche, peu importe.
Le communautarisme donc, pour les nombreux adversaires de ce concept, c'est un frein à l'intégration, c'est l'expression du rejet de son pays d'accueil, cela peut même être, pour ce qui est des communautés islamiques, un danger pour la démocratie ou la liberté si chère à certains.
Je ne sais pas si beaucoup d'entre vous ont vécu à l'étranger et s'ils ont vécu l'expérience de pouvoir s'appuyer sur leur communauté dans le pays les accueillant.
Pour ma part, j'ai déjà été un affreux étranger vivant au sein de sa communauté dans un pays étranger, et pourtant je n'ai jamais rejeté un pays d'accueil et encore moins ai-je été un danger quelconque...
Le fait de trouver refuge et conseil auprès de mes compatriotes dans un pays totalement inconnu, différent de culture, de langage m'a permis une transition douce, une acclimatation progressive.
Cette communauté m'a permis de travailler, me loger, rencontrer du monde comprendre certains aspects culturels de ma terre d'accueil qui m'intriguaient. Sans elle, je serais peut-être reparti après 3 mois, crevant la dalle.
Dans mon cas, ce passage communautaire fut un marche pied vers une vie individuelle dans ce pays, une vie à cheval entre l'occident et l'orient, tant par les rencontres que les habitudes comportementales.
On ne peut se défaire de son mode de vie, de son mode de communication sous prétexte que le pays dans lequel nous vivons fonctionne différemment.
On trouve un juste milieu, on apporte son propre monde dans le leur, on apprends et on enseigne, c'est un partage, un échange.
L'immigration ne doit pas être synonyme d'abandon de son identité au profit d'une autre, c'est un métissage d'identités culturelles.
Ce billet ne signifie pas que toutes les communautés ont une empreinte positive sur leur pays hôte, ni même que tous les étrangers franchissent le pas entre vie communautaire et vie sociale ouverte, mais ce billet veut démontrer que comme pour beaucoup d'autres sujets, l'amalgame est une erreur.
Chaque cas est différent, l'intégration de quelqu'un dépend de lui-même, du pays d'accueil, du facteur chance, des rencontres.
Ce n'est pas facile d'être un étranger quelque part, il faut bien se mettre ça dans la tête.
La communauté est une refuge, si tout le monde cherche à se réfugier et à rester dans son refuge, n'y a-t-il pas un problème grave chez nous?
Ne pourrions nous pas plutôt revoir le traitement réservé à l'immigré plutôt que de le fustiger encore une fois?

13 commentaires:

  1. Christie vient de me laisser un commentaire à ce billet ailleurs

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  2. Christie donc, j'ai vu et connu les mêmes couillons qui ne font que se plaindre et critiquer le pays dans lequel ils vivent, d'ailleurs je voudrais préciser que c'est une habitude très répandue parmi les français de l'étranger...
    Je ne me classe pas dans cette catégorie.
    "Si tu n'es pas bien rentre chez toi"
    On peut aussi tenter d'aller mieux, et puis il y a aller mal et se sentir dépaysé.

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  3. Billet insupportable, en ce qui me concerne. Billet-schtroumpfe, si je puis dire. Pourquoi écrivez-vous cela ? Qui vous demande de donner des gages ?

    Sinon : si, absolument, si : l'émigration impose de déposer son pays d'origine (ce qui est probablement douloureux), de devenir quelqu'un d'autre et, surtout, d'admettre l'idée que ses propres enfants seront entièrement, dans un ou eux générations, des citoyens du pays d'accueil.

    Il se trouve que je peux parler de ce passage d'une nationalité à une autre, pour l'avoir observé longuement, dans mon adolescence.

    Manuel, vous vous trompez, je vous assure : l'immigration réussie implique absolument l'abandon du pays dont on vient (je ne parle pas de "culture" : il n'est jamais question de "culture" dans ces histoires); cet abandon est toujours douloureux, forcément, mais il est nécessaire. Sinon, la douleur durera éternellement, ou débouchera sur des violences que vous ne vous ne voulez pas voir, mais qui sont au bord de se produire.

    Comment vous dire ? Votre billet a un côté "bisounours" qui ne correspond plus à la réalité d'aujourd'hui. Il n'est déjà plus question d'intégrer qui que ce soit dans quoi que ce soit, je le crains.

    Il me semble que nous nous acheminons droit vers ce que Hobbes appelait (il y a deux siècles et des brouettes)la violence de chacun contre chacun. Une violence que des messages comme celui-ci légitimes, d'une certaine manière.

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  4. D'accord avec ton billet, du début à la fin. Au fait, en général, ce sont ceux qui font les "couillons" à l'étranger qui sont le plus durs avec les immigrés en France. Ca doit être l'exception culturelle...

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  5. Manuel, c'est vrai, je crois que l'on peut aller mal et se sentir dépaysé mais quand les gens vont bien, à priori et critique pour critiquer, j'en ai croisé quelques uns comme ça, ceux là, je ne pense pas avoir envie de les voir à l'étranger.
    Je m'explique, j'ai connu la Grèce et la Crète ainsi que d'autres pays vierges de tourisme et de voir le MAL qui y a été fait par des gens qui réclamait ceci et cela et que l'on a mis à leur disposition pour gagner de l'argent parce que ces pays étaient pauvres, pauvres d'argent mais avec un tel accueil chaleureux. Mon mari espagnol, nos amis disent que le tourisme de masse a créé des besoins et bousillé pas mal de chose,ce faisant...

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  6. Manuel, j'ai l'impression que le communautarisme dont tu parles, n'est pas celui qui est si souvent critiqué. Il ne s'agit pas de cette fraternité compréhensible, naturelle, entre personnes de même origine, d'une entraide qui a toujours existé naturellement. Ce qui est visé, c'est la tentation de former un bloc culturel, religieux, etc, une unité dans l'unité. Comme un micro pays dans le pays d'accueil. Et cela ne peut que freiner l'intégration.

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  7. Je n'ai pas une grosse expérience, mais la phrase de Didier Goux :

    "l'immigration réussie implique absolument l'abandon du pays dont on vient (je ne parle pas de "culture" : il n'est jamais question de "culture" dans ces histoires); cet abandon est toujours douloureux, forcément, mais il est nécessaire. Sinon, la douleur durera éternellement, ou débouchera sur des violences que vous ne vous ne voulez pas voir, mais qui sont au bord de se produire."

    me semble tout à fait juste, et colle très bien avec ce que j'ai vu mon grand père faire en arrivant en France. Il a volontairement et avec rigueur fait le deuil de sa nationalité et de sa communauté précédente. Il est devenu français.

    je précise au passage que je n'entend pas systématiqueemnt quelque chose de négatif dans le mot "communauté". La communauté par des biens des aspects est importante. Il importe, à nouveau de ne pas vouloir tout lisser et considérer toutes les communautés de la même manière. Quel rapport entre la communauté asiatique, la communauté musulmane, la communauté juive. Trois communauté, trois manières très différentes de vivre la nationalité...

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  8. Ouh la la...
    @Didier: On m'avait prévenu que vous étiez capables d'en raconter de belles, et là vous avez fait fort!
    J'ai vécu 14 ans en Allemagne et 3 ans au Japon avant de revenir en France, j'aurais l'air bien con si j'avais délaissé mon identité française et ma patrie: Plus sérieusement dans ce monde de mondialisation inexorables, les peuples migrent, on peut être immigré ici, puis là, puis là. La réalité actuelle dont vous parlez c'est justement que les peuples doivent apprendre à cohabiter avec leurs différences. Mais je crois que vous faites une différence entre un français immigré, un américain immigré, et un algérien immigré. L'algérien doit faire face à un fossé culturel bien plus important ente patrie d'origine et patrie d'accueil, et selon vous il doit totalement abandonner ce qu'il fût. Le métissage culturel peut aboutir à la violence s'il y a un rejet du pays d'accueil, mais garder ses racines culturelles ne veut pas dire rejeter le pays d'accueil.

    @Rubin: C'est vrai.
    @Christie: Le tourisme n'est immigration, et j'ai vu moi-même les ravages que peut faire le tourisme occidental dans des pays "sous-développés", il créé la jalousie, l'insatisfaction et le malheur.

    @Le coucou: Je parle du communautarisme que je connais et j'insiste justement sur le fait qu'il ne faut pas le rejeter en bloc, comme je répondais à Didier, je pense que l'on rejette les communautés issues d'Afrique noire et maghrébine beaucoup plus que les communautés anglophones ou plus généralement issues d'autres pays développés.

    @Lomig: Toi tu le dis, chaque communauté est différente et si je te suis il faudrait se méfier de certaines plus que d'autres ce qui n'est pas acceptable dans une démocratie.
    A l'époque de ton grand père, on immigrait une fois dans une vie sans retour au pays, la situation est différente aujourd'hui, on tends à vouloir revenir chez soi après une vie de travail.
    Mon père a vécu 30 ans en Allemagne avant de s'en retourner dans son pays d'origine, il a vécu en harmonie avec les allemands en ayant une mentalité totalement différente, mais par la force du temps il s'est adapté je pense qu'il a enrichi l'Allemagne par sa différente culturelle.

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  9. Manuel, vous "bottez en touche", là ! Il y a une énorme différence entre séjourner quelques années dans un pays (expérience que j'ai connue : j'ai passé l'essentiel de mon enfance en Allemagne, puis une partie de mon adolescence en Algérie) et émigrer, en sachant que c'est sans retour.

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  10. @Didier, @Lomig : j'ai vraiment du mal avec cette idée de "nouvel homme" que vous mettez derrière l'émigration — ou plutôt l'immigration, puisque qu'elle est essentiellement subie par le nouvel arrivant (l'idée, pas l'immigration).

    D'une part, Manuel a raison : dans un monde "plat", où nombre d'entre nous ont l'opportunité d'émigrer plusieurs fois dans une vie, il est difficile (impossible ?) de demander à quelqu'un de devenir une nouvelle personne à chaque fois qu'il s'installe durablement dans un pays au départ étranger.

    D'autre part surtout, je vois derrière cette idée une forme d'ambition prométhéenne, attachée à la nation, où puisent régulièrement les nationalismes de tout crin. On ne devient pas un homme nouveau simplement parce que l'on change de pays, fut-ce pour un an, pour dix ou pour cinquante. On change certainement, on tisse de nouvelles relations, on s'adapte à un nouveau contexte — en un mot, on s'intègre ; mais on est toujours le même homme.

    Derrière certaines dénonciations du communautarisme, déclamées au nom d'un universalisme un peu creux et pour tout dire assez peu libérateur, je décèle de lointains effets pervers de la sentence de Paul de Tarse : "Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus homme et femme."

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  11. @Didier: je ne botte pas en touche, j'ai quitté la France en pensant ne jamais y revenir, j'ai quitté l'Allemagne avec la même conviction.
    On ne sait pas de quoi l'avenir est fait, je ne peux m'imaginer abandonner une chose qui ne changera jamais, mon identité nationale et culturelle.

    @Rubin: Merci, je ne me serais pas mieux exprimé!

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  12. Il y en a qui pensent qu'il faut être intégré à la communauté dans laquelle on vit, et en adopter le mode de vie. D'autres pensent qu'on peut très bien vivre en tant qu'étranger dans un pays, sans que cela pose de problème, au contraire.
    Je pense pour ma part que c'est un enrichissement pour tout le monde, et que les frictions que l'on invoque pour défendre une certaine homogénéisation ne trouvent dans la diversité culturelle qu'un prétexte pour se développer. La non-intégration n'est pas un facteur de trouble, mais elle permet de cristalliser les tensions. C'est le principe du bouc émissaire. Quand ce n'est pas les étrangers, c'est autre chose.
    Quand tout va bien, personne ne s'offusque du multi-culturalisme.

    Bref, montrer du doigt la diversité culturelle, c'est clairement se tromper de combat. Le "communautarisme" est un épouvantail qui ne fait peur qu'aux oiseaux de mauvaise augure (quel poète !).

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  13. Ceux qui dénoncent le communautarisme ne visent pas toutes les communautés, je doute que les communautés anglophones soient pointées du doigt par exemple, le sont les communautés issue de pays plus pauvres que le notre et culturellement différents du notre.
    Nous n'acceptons que l'influence du riche, même si elle est merdique.

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