J'ai déjà dénoncé cette rigidité politique qui est à la base du blogage, je vais tenter d'aller un peu plus au fond de cette idée, et parler du bonheur.
En effet, les choix de société, de système économique et social sont intimement liés à l'idée que l'on se fait du bonheur.
Tel Fabrice, j'ai longtemps pensé que le bonheur était lié au temps libre, à un temps de travail réduit. Lorsque l'on me demandait pourquoi j'avais décidé de revenir vivre en France, au lieu de rester au Japon, ma réponse fusait presque machinalement:
"Je ne veux pas me marier à mon boulot"
Cette affirmation paraissait tellement logique, tellement vraie, qu'elle s'est peu à peu détachée de la réalité pour devenir une espèce de vérité ne pouvant pas est remise en question.
Après 5 ans de canapisation française, d'endormissement, j'ai finalement ressorti la tête de mon petit univers franco-français-suisse pour me rendre compte que la vérité n'avait pas qu'une couleur.
En observant famille et amis au Japon, j'ai réalisé que 60h de travail par semaine ne rimaient pas, ni avec dépression, ni avec malheur, mais étaient la normale pour eux, même un choix.
Lorsque mon beau-frère me dit qu'une conséquence grave de la crise était l'impossibilité de faire des heures supplémentaires pour se contenter des 40h "normales" et donc du salaire normal, je me suis dit que les priorités n'étaient pas les mêmes pour tous.
Certains affirment de manière unilatérale que le travail est l'ennemi du bonheur, d'autres que le confort, l'argent est indispensable au bonheur, quelques-uns semblent oublier que les deux sont liés.
Le Japonais est-il malheureux? Je ne peux pas laisser dire cela, je l'ai déjà dit moi-même, et je me suis trompé.
Il trouve son bonheur ailleurs, de la cérémonie du thé, on est passé à des petits plaisirs insoupçonnés par ici, le plaisir de la crotte, le plaisir du lavement, le plaisir de la consommation, ou plus généralement le plaisir du respect dans les relations humaines.
J'ai l'impression que les longues heures de travail ont généré une espèce d'extrême confort pour tout le reste. Si l'on doit bosser dur, le reste doit devenir agréable.
Chez nous, on bosse moins, mais tout le reste est labeur, faire les courses, se faire dévisager par une vendeuse ou une employée administrative, s'asseoir sur une lunette froide, faire un choix entre douche et bain, s'offrir un petit resto sans avoir à le budgéter des semaines à l'avance, s'acheter des clopes ou une boisson chaude ou un snack à 1h du mat' sans avoir à prendre sa voiture.
J'en connais qui pensent que tout cela n'est que superficiel, mais qui sont-ils pour juger de ce qui permet de se coucher avec le sourire ?
On a tendance à vouloir uniformiser le bonheur, tel Bush qui voulait exporter sa démocratie, certains veulent exporter leur vision du bonheur, sans penser une seconde que chaque culture, chaque peuple avait sa propre vérité en la matière.
Nous avons besoin d'un débat sur le bonheur en France, c'est la base de la démocratie, mais par pitié, gardons les résultats chez nous.
Le bonheur français, je serais incapable de le définir, j'ai le sentiment que la tendance est plutôt fabricienne, mais Sarkozy a été élu sur des promesses anti-fabriciennes. La seule chose qui survit à tout, c'est la complainte, le Français se plaint, à tort ou à raison, il se plaint et malheureusement je suis de plus en plus persuadé que le bonheur français réside dans la possibilité de se plaindre de l'absence de bonheur.
Je sens que vous allez devenir très intéressant, si vous tenez ferme la barre.
RépondreSupprimer(Je le dis sans aucune ironie.)
Le problème de ton billet, comme tu l'as abordé à un moment, c'est que les Japonais ne conçoivent sans doute pas d'autres manières de vivre, comme c'est d'ailleurs notre cas.
RépondreSupprimerPar contre, je trouve le raisonnement bizarre sur le travail. Si je comprends bien, le salaire de base ne permet pas de vivre très convenablement ? De combien est-il, et pourquoi les Japonais ont-ils besoin d'accumuler les HS ?
Je ne vois pas en quoi c'est un problème. Chaque peuple a une conception de la vie particulière.
RépondreSupprimerEnsuite le salaire de base permet de vivre, mais les japonais appliquent le travailler-gagner plus. Ils veulent vraiment gagner plus, c'est tout.
Didier, je le prends sans ironie.
Je n'ai pas très bien compris la phrase où tu énumères "tout le reste [qui] est labeur" en terminant par "s'offrir un petit resto sans avoir à le budgéter des semaines à l'avance, s'acheter des clopes ou une boisson chaude ou un snack à 1h du mat' sans avoir à prendre sa voiture." Trois occupations plutôt agréables, rien d'un labeur...
RépondreSupprimerPour le reste, quand cela m'arrange, j'ai le bonheur d'être le moins possible Français...
Je me suis mal exprimé.
RépondreSupprimerCes occupations censées être agréables sont un labeur. A force d'axer le bonheur sur le minimum de travail possible, on en oublie les petits plaisirs quotidiens que j'ai énumérés.
Personnellement, ces trois occupations ne m'amusent pas du tout, ici en France.
On peut aussi gagner plus en permettant une meilleure répartition entre capital et travail, mais enfin...
RépondreSupprimerJe peux aussi demander a ma patronne de me faire une pipe tous les matins, et faire la gueule tant qu'elle ne le fera pas.
RépondreSupprimerTout seul, tu n'auras rien, et je ne remets pas en cause tes performances physiques.
RépondreSupprimerPar contre, si vous demandiez tous du pognon, il est possible que vous puissiez le gagner. Après tout, pourquoi gagnerait-elle beaucoup plus que toi ?
Je ne vois oui tu veux en venir. Ma situation me convient.
RépondreSupprimerEn tout tu confirmes ce que j'ai écrit, tu ne comprends pas pourquoi les japonais bossent plus pour gagner plus, tu proposes immédiatement de ponctionner le fric ailleurs plutôt que de bosser plus, et finalement tu veux comparer un salaire d'employé et de chef.
Le français ne sera jamais satisfait, tu en arrives même à être insatisfait de la situation des japonais, et de ME trouver une insatisfaction inexistante, c'est assez fort.
@ Manuel : non, je ne me plains pas, je discute juste ta vision des choses, en particulier sur le travailler plus pour gagner plus. Moi, je préfère le temps libre, c'est mon choix.
RépondreSupprimerJe dis juste que les Japonais n'ont jamais fait comme nous, et nous comme eux. Par définition, nous sommes ignorants les uns des autres.
Par contre, je discute ta vision du travail, de la répartition des revenus et des rapports dans l'entreprise, mais c'est sans doute un autre débat.
Mais je n'ai jamais évoqué la possibilité d'importer leur vision des choses ici.
RépondreSupprimerJe fais un constat simple.
Le Français bosse moins, gagne moins mais se plaint beaucoup plus.
Il y a un truc qui cloche.
@ Manuel : l'évolution des lois sur le temps de travail va ramener les salariés du privé au travail de toute façon. On verra si les plaintes se maintiennent.
RépondreSupprimerTu as des fulgurances très intéressantes. Fascinantes, même. Didier a raison.
RépondreSupprimerMerci Rubin, ça faisait un bail, dis!
RépondreSupprimerLe titre est tout pourri...
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