dimanche 7 mars 2010

Réflexions sur la citation du Dimanche de LOmig...

Ma femme dort, j'ai fait mon petit tour des blogs avant qu'elle ne se réveille et ne se plaigne...
Je suis passé voir LOmig, et je dois dire que sa citation du Dimanche m'a interpelé.
Elle exprime le fonds du désaccord entre les libéraux et les personnes plus à gauche, comme mes deux compères.
Je vous laisse vous faire une opinion:

Le grand problème est de savoir si cette nouvelle exigence d’égalité n’est pas en conflit avec l’égalité des règles de juste conduite que le gouvernement est tenu d’imposer à tous dans une société libre. Il y a évidemment une grande différence entre un pouvoir à qui l’on demande de placer les citoyens dans des situations matérielles égales (ou moins inégales) et un pouvoir qui traite tous les citoyens selon les mêmes règles dans toutes les activités qu’il assume par ailleurs. Il peut en vérité surgir un conflit aigu entre ces deux objectifs. Comme les gens diffèrent les uns des autres en de nombreux attributs que le gouvernement ne peut modifier, celui-ci serait obligé de traiter chacun fort différemment des autres pour que tous obtiennent la même situation matérielle. Il est incontestable que pour assurer une même position concrète à des individus extrêmement dissemblables par la vigueur, l’intelligence, le talent, le savoir et la persévérance, tout autant que par leur milieu physique et social, le pouvoir devrait forcément les traiter de façon très dissemblable pour compenser les désavantages et les manques auxquels il ne peut rien changer directement. Et d’autre part, la stricte égalité des prestations qu’un gouvernement pourrait fournir à tous dans cet ordre d’idées conduirait manifestement à l’inégalité des situations matérielles résultantes.

Friedrich Hayek (1899 – 1992)



A mon avis, notre société telle qu'elle existe et fonctionne aujourd'hui ne peut appliquer une égalité de traitement entre tous, car malheureusement, si nous naissons libres et égaux devant la loi, les différences de classes se perpétuent et sans une action adaptée de l'État, passer du monde ouvrier à un monde universitaire supérieur est extrêmement difficile.
Créer des règles uniformes donnant à tous les mêmes chances sans prendre en compte le fait qu'un gosse de pauvre n'aura jamais les mêmes chances qu'un gosse de famille bourgeoise, c'est accepter des classes dans notre société et ce n'est pas mon image d'une démocratie égalitaire.
Adapter, cela veut dire redistribuer et le problème est de définir l'ampleur de la redistribution, et c'est là que mon avis va diverger de celui de mes deux compères ou autres blogueurs de gauche. Toutefois, une redistribution est essentielle, sinon notre société n'aura d'égalitaire que le nom.
Je comprends qu'un libéral puisse croire en ce type de textes, mais c'est de la philosophie plus que de la politique. En lisant cette citation j'ai vraiment eu l'impression que la forme leur importe plus que le fonds et le résultat.
Une société dans laquelle l'État apporterait un soutien identique à tous, serait une société ou certains ne seraient plus libres de vivre une vie différente de celle de leurs parents, et je ne pense pas que cela soit le but du libéral.

8 commentaires:

  1. Ce texte est intéressant, mais dire d'Hayek qu'il était un philosophe me semble inadapté. Je le rangerai plutôt dans la case des économistes ou des idéologues...

    Sur le fond, tu dois différencier le fait de vouloir faire tout le monde égal sur le plan des revenus (objectif des communistes par exemple) et le fait de permettre à tout le monde de vivre dans des conditions décentes. Là, tu touches à la différence entre Fabrice et moi.

    Pour le niveau de redistribution, je crois qu'il doit permettre d'assurer à tous un certain nombre de services vitaux et indispensables : l'eau, la santé, la sécurité des biens et des personnes, la retraite, la protection contre le chômage, l'éducation, l'énergie, le logement, au moins un mode de transport et un mode de communication. Le reste dépend de chacun, de ses revenus et de ses choix.

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  2. Me connaissant, tu dois savoir que je n'ai aucune envie de voir les revenus égalisés dans notre pays... En revanche l'Etat doit permettre à chacun de partir avec des chances à peu près égales au départ, ensuite, la chance, les aptitudes feront que certains réussiront mieux que d'autres, et c'est très bien comme ça.
    Idéologues c'est mieux que philosophe, en effet...

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  3. Mal luné, ce matin, moi ! C'est le premier billet politique que je lis depuis trois ou quatre jours, à cause d'un ras-le-bol qui me passera.

    Je pense que le texte cité n'est que de la littérature qui ne veut rien dire mais avec laquelle on ne peut qu'être plus ou moins d'accord. C'est un peu le danger des libéraux (comme peut-être des réacs, mais est-ce différent ?) : ils ne tiennent que par la littérature...

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  4. C'est l'impression que j'ai eue en lisant ce billet hier, le type a raison, dans l'absolu, mais il vit dans un monde de rêves.
    Et oui, tu as raison, le danger c'est de mélanger politique et idéologie.

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  5. Salut,
    je découvre seulement ce billet. Je dois dire que la phrase de Mathieu m'a fait tomber de ma chaise : "d'Hayek qu'il était un philosophe me semble inadapté"

    Tu as déjà ouvert un bouquin d'Hayek ?

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  6. @ LOmiG : il s'avère que oui, et je maintiens. Après, l'étiquette de "philosophe" est à géométrie variable, mais pour moi, je classe plutôt Hayek chez les grands économistes comme Marx, Friedman ou Keynes, mais philosophe...

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  7. @ Mathieu. C'est trop facile. Les mots ont un sens. Un philosophe est un quelqu'un qui :

    soit 1) qui étudie rationnellement la nature; personne qui cherche la vérité et cultive la sagesse. - Personne qui se dirige d'après la seule raison et adopte une attitude irréligieuse.

    soit 2) qui recherche les raisons des choses et en particulier leurs raisons dernières, personne qui réfléchit sur le sens de la vie humaine; en partic., penseur qui édifie une théorie philosophique originale.

    Hayek répond à la première définition de toute évidence. Peut-être que la deuxième ne lui correspond pas vraiment.
    Le classer parmi les économistes : ok, j'ai une opinion de l'économiste qui est assez haute. Je considère que tout philosophe qui veut parler de politique DOIT connaitre l'économie, et c'est pourquoi il me semble indéniable que Hayek était un philosophe politique. C'est d'ailleurs très exactement de la philosophie politique, et toute l'économie, du point de vue libéral, est une réflexion sur "comment vivre ensemble en paix?"

    Hayek était un grand philosophe politique, et un économiste de grand talent. Et je pense pouvoir affirmer que tu auras bien de la peine à trouver dans son oeuvre des traces d'idéologie (au sens négatif où tu le sous-entend) ou de dogmatisme : c'est tout le contraire, ses livres montrent un esprit perpétuellement à la recherche de la vérité, avec une grande place laissée au doute, et à la remise en question. Hayek n'était pas un homme de système, ce qui selon moi caractérise les idéologues.

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  8. @ LOmiG : je n'ai jamais nié le sens des mots. Pour moi, le philosophe correspond à la définition 2). La définition 1) peut en effet correspondre à Hayek mais aussi à tous ceux que j'ai cité dans le paragraphe précédent. Je sais que Marx est aussi étudié par les philosophes, donc, pourquoi pas.

    Sur Hayek, j'ai lu, dans mon passé d'étudiant, des extraits de la "servitude volontaire" (j'admets ne pas avoir dévoré l'ensemble de l'ouvrage), et j'ai plutôt eu le sentiment d'un homme très axé sur certaines idées et ne les remettant que peu en cause.

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