Lorsque j'ai lancé la chaîne des régionales, j'avais posé une question tout à fait évidente pour moi sur l'abstention. Je demandais au blogueur s'il se déplacerait voter. Il s'agissait de mesurer les espoirs et les attentes de chacun sur ce scrutin. Autant, quelques-uns l'ont dit, autant, ceux qui ont décidé d'aller voter ont souvent utilisé l'argument historique suivant : "nos ancêtres se sont battus pour le vote, alors, il faut que j'y aille". A chaque fois que j'entends ou que je lis cet argumentaire, je suis dérangé.
Pourquoi ? Il faut remonter à tout le débat sur le vote et la souveraineté de la nation. Certes, le suffrage universel a eu d'énormes difficultés à s'imposer dans notre pays. Institué une première fois par la Convention, dévoyé par l'Empire, retenté pour être restreint par la IIème République, il ne s'impose pour les hommes qu'avec la troisième du nom. Les femmes ne parviennent à y accéder qu'en 1944 et l'exercent pour la première fois en 1945. Depuis, il s'est élargi aux jeunes de plus de 18 ans, aux citoyens de l'Union Européenne pour certaines élections, et on reparle régulièrement des étrangers payant l'impôt en France.
Fondamentalement, en France, le vote n'a jamais été conçu comme une obligation mais comme un droit. Il sert certes à désigner des représentants, éventuellement des dirigeants, mais il sert surtout à contrôler ce que l'État fait, de même qu'il permet de contrôler les collectivités territoriales et (pas vraiment mais enfin) l'Union Européenne. Par définition, ce droit permet au citoyen de consentir à l'impôt, en choisissant un programme qui lui convient pour user des budgets publics.
Il apparaît donc que le vote doit répondre à un désir du citoyen d'avoir un contrôle sur ce que l'État fait de ses subsides et donc, indirectement, du capital qu'il prélève sur chacun. Si le citoyen ne souhaite pas s'investir, c'est certes condamnable et très dommage, mais utiliser l'argument des ancêtres est inutile et improductif.
En effet, si nos ancêtres ont gagné progressivement le droit de vote, on ne peut, sans le contextualiser, plaquer les comportements du passé sur l'époque actuelle. Rien ne dit que les individus se soient dégradés, perdant progressivement le goût du vote et toute valeur morale.
Expliquer le non-vote ne peut se réduire à une simple perte de l'esprit civique que nous aurions laissé tomber. Certaines élections mobilisent (les référendums sur l'Europe, les présidentielles, les municipales) si l'électeur estime que son choix a réellement un impact sur le cours des choses. Or, vu l'offre politique actuelle et les idéologies dominantes, la question se pose. Si je ne change pas de politique en changeant de dirigeant, à quoi sert-il que je me déplace ? Je n'ai le choix qu'entre des camps très semblables et des extrémistes qui ne m'intéressent pas.
Avant de nous comparer à nos ancêtres, essayons de comprendre ce qui se passe aujourd'hui, et rejetons les amalgames historiques anachroniques. Nous sommes grands et responsables. Ce qui est finalement plus inquiétant, c'est l'apathie générale. Devant les problèmes politiques, on pourrait s'attendre de voir fleurir des engagements politiques, dans le but de renouveler nos dirigeants. Or, nos concitoyens se dirigent plutôt vers l'abstention et le refus de participation. L'individualisme semble triompher.
En même temps que nous nous demandons pourquoi les Français ne votent plus, demandons-nous aussi pourquoi ils sont dégoûtés de l'engagement ? Ont-ils accès à ce système politique sclérosé ? Peuvent-ils espérer y changer quelque chose ?
Pourquoi ? Il faut remonter à tout le débat sur le vote et la souveraineté de la nation. Certes, le suffrage universel a eu d'énormes difficultés à s'imposer dans notre pays. Institué une première fois par la Convention, dévoyé par l'Empire, retenté pour être restreint par la IIème République, il ne s'impose pour les hommes qu'avec la troisième du nom. Les femmes ne parviennent à y accéder qu'en 1944 et l'exercent pour la première fois en 1945. Depuis, il s'est élargi aux jeunes de plus de 18 ans, aux citoyens de l'Union Européenne pour certaines élections, et on reparle régulièrement des étrangers payant l'impôt en France.
Fondamentalement, en France, le vote n'a jamais été conçu comme une obligation mais comme un droit. Il sert certes à désigner des représentants, éventuellement des dirigeants, mais il sert surtout à contrôler ce que l'État fait, de même qu'il permet de contrôler les collectivités territoriales et (pas vraiment mais enfin) l'Union Européenne. Par définition, ce droit permet au citoyen de consentir à l'impôt, en choisissant un programme qui lui convient pour user des budgets publics.
Il apparaît donc que le vote doit répondre à un désir du citoyen d'avoir un contrôle sur ce que l'État fait de ses subsides et donc, indirectement, du capital qu'il prélève sur chacun. Si le citoyen ne souhaite pas s'investir, c'est certes condamnable et très dommage, mais utiliser l'argument des ancêtres est inutile et improductif.
En effet, si nos ancêtres ont gagné progressivement le droit de vote, on ne peut, sans le contextualiser, plaquer les comportements du passé sur l'époque actuelle. Rien ne dit que les individus se soient dégradés, perdant progressivement le goût du vote et toute valeur morale.
Expliquer le non-vote ne peut se réduire à une simple perte de l'esprit civique que nous aurions laissé tomber. Certaines élections mobilisent (les référendums sur l'Europe, les présidentielles, les municipales) si l'électeur estime que son choix a réellement un impact sur le cours des choses. Or, vu l'offre politique actuelle et les idéologies dominantes, la question se pose. Si je ne change pas de politique en changeant de dirigeant, à quoi sert-il que je me déplace ? Je n'ai le choix qu'entre des camps très semblables et des extrémistes qui ne m'intéressent pas.
Avant de nous comparer à nos ancêtres, essayons de comprendre ce qui se passe aujourd'hui, et rejetons les amalgames historiques anachroniques. Nous sommes grands et responsables. Ce qui est finalement plus inquiétant, c'est l'apathie générale. Devant les problèmes politiques, on pourrait s'attendre de voir fleurir des engagements politiques, dans le but de renouveler nos dirigeants. Or, nos concitoyens se dirigent plutôt vers l'abstention et le refus de participation. L'individualisme semble triompher.
En même temps que nous nous demandons pourquoi les Français ne votent plus, demandons-nous aussi pourquoi ils sont dégoûtés de l'engagement ? Ont-ils accès à ce système politique sclérosé ? Peuvent-ils espérer y changer quelque chose ?
Billet très bien. Bonne question. Je crois qu'on a tous, en nous, un embryon de réponse...
RépondreSupprimer@ Faucon : ouep, va falloir finir par s'engager vraiment...
RépondreSupprimerQuand on me sort l'argument "quoi tu ne vas pas voter ? Il y a des gens qui sont mort pour la démocratie", je réponds qu'il y a aussi des gens qui sont mort pour le 3e Reich : le fait que des gens se soient battus pour une cause n'est pas un argument !
RépondreSupprimer@ Paul : le parallèle est osé, mais je suis assez d'accord.
RépondreSupprimerJe me demande vraiment si le vote est un droit ou un devoir, avec la mauvaise conscience que l'on refiler aux non-votants comme moi, on peut se poser la question.
RépondreSupprimerJe ne nie pas que la fainéantise puisse jouer un rôle dans la décision de ne pas voter, mais est-il normal que l'avenir politique ou même l'avenir tout court de mon pays soit battu par la fainéantise de base?
Et puis, voter ou ne pas voter reste un choix, sinon les flics n'ont qu'à venir me forcer à voter, et pourquoi nous refiler un bulletin de vote, tant qu'on y est.
La comptabilisation réelle du bulletin blanc pourrait très probablement baisser de manière importante les chiffres d'abstention.
Mais beaucoup ne veulent pas d'emmerder à choisir entre la peste et le choléra.
@ Manuel : pour moi, la fainéantise n'est pas une raison. Cela prend 10 mn d'aller voter. Les raisons sont autres, reste à chacun de comprendre pourquoi il vote, ou pas.
RépondreSupprimerMes parents étaient des républicains antifranquistes. Ce droit, si je l'exerçais pas ce serait comme aller cracher sur leur tombe.
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