jeudi 4 décembre 2008

On peut toujours en apprendre à l'étranger : le Canada de Stephen Harper.

Cher lecteur, nous vivons, politiquement, une époque moderne. Certes, la France a déjà la chance d'avoir le président le plus en pointe de la modernité. Heureusement, je te rassure, d'autres pays ont des dirigeants qui ne sont pas loin de valoir le nôtre.

Le Canada est par exemple un pays d'une grande modernité. Depuis 2006, après une très longue période de gouvernement du Parti Libéral, le Parti Conservateur du Canada est revenu au pouvoir. Héritier de l'ancien parti conservateur, le PCC a été porté par Stephen Harper, à peine âgé de 49 ans aujourd'hui. Celui-ci, à peine installé au pouvoir, a nettement fait évoluer la politique du Canada dans un sens néo-conservateur. Il a immédiatement lancé une politique fiscale à destination des plus riches, s'est rapproché de Bush alors que le Canada s'était démarqué de la guerre en Irak, a violemment attaqué le mariage homosexuel. Bref, Harper a nettement marqué son pays à droite, malgré quelques ouvertures sur la question québécoise sans grand lendemain.

Malheureusement pour lui, lors de sa première élection en 2006, Harper n'a pu obtenir une majorité parlementaire et a été obligé de composer avec les autres partis. En effet, la Confédération Canadienne est organisée sur le modèle du Royaume-Uni. Même si son influence a diminué, tenir le Parlement est indispensable pour diriger convenablement le pays. En septembre 2008, il décide de risquer la dissolution du fait de sondages favorables et de la crainte des conséquences de la crise financière. Et là, patatras ! Après une campagne agitée par l'agressivité du Bloc Québécois, Harper l'emporte mais son parti reste minoritaire au Parlement.

Depuis, les conflits sont permanents, et se sont aggravés récemment. A peine élu, Stephen Harper se préparait à affronter un nouveau vote de motion de censure qui risquait d'être fatal à son gouvernement. Plutôt que d'aller au clash, le premier ministre a alors demandé audience à Michaëlle Jean, représentante de la reine d'Angleterre, qui joue le rôle de chef d'Etat symbolique, pour lui demander de suspendre le Parlement jusqu'au 26 janvier, pour permettre aux partis politiques de faire des propositions pour lutter contre la crise.

Et là, chose incroyable, la chef d'Etat l'a fait. Je trouve cela inacceptable. Alors que le Parlement, pourtant censé représenter le peuple, se prépare à te renverser, tu peux comme cela décider de le renvoyer au 26 janvier 2009 pour tenter de sauver ta tête. La situation est apparemment inédite, et j'espère bien qu'elle le restera. Il faut que les autres partis censurent cela et aillent aux élections : c'est vraiment baffouer les élus du peuple !

Bon, je te rassure, cher lecteur, cela ne peut arriver à Sarkozy : il est irresponsable et peut dissoudre l'Assemblée si jamais elle tente de se rebeller contre le gouvernement. La France est décidément un pays moderne...

3 commentaires:

  1. J'ai un doute sur la fin de ton billet...Sarkozy peut il ou NE peut il pas dissoudre l'Assemblée?
    Sinon, je suis d'accord avec toi, c'est bafouer les droits des électeurs, j'espère qu'un cas similaire en France serait récompensé par une vague de manifs dont la France a le secret.

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  2. @ Manuel : Sarkozy peut dissoudre l'Assemblée quand il le souhaite, comme tout président. Il lui suffit de consulter les présidents des deux assemblées avant, et de faire un décret.

    Facile...

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  3. Je ne suis pas trop au fait des rouages institutionnels français, merci pour l'info.

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