lundi 23 mars 2009

Laurence Parisot démontre que le patronat ne sert à rien.

La semaine dernière, Laurence Parisot avait fait sensation en montant une véritable offensive contre le leader de la CGT Bernard Thibault. Évidemment, le moment était stratégique : il s'agissait de tenter de casser la dynamique du mouvement social qui devait se dérouler deux jours plus tard. Les journaux ont largement relayé ce message, et les réactions des politiques ont été nombreuses, allant des leaders des partis de gauche aux représentants des syndicats eux-mêmes.

Vu que j'étais à l'étranger à ce moment-là, je n'ai pas réellement pu me questionner sur le sens de cette déclaration et réagir à chaud. En soi, cela permet d'avoir un peu de recul. Sur le moment, on peut s'étonner d'une telle véhémence de la patronne des patrons, alors que dans le même discours, elle invite le même Thibault à entamer le fameux dialogue social.

Quelques réflexions donc, cher lecteur. Tout d'abord, et contrairement à ce que semblent suggérer les journaux, je ne crois pas du tout que cette offensive ait été un hasard total, hors d'aspects politiques divers importants. Je n'imagine pas que la patronne du MEDEF ait pu se lancer dans un tel plaidoyer antisyndical sans avoir avant consulté l'Élysée, ou, en tout cas, des proches de la majorité au pouvoir. En effet, le gouvernement tentait plutôt de calmer le jeu au même moment, tout en restant ferme. Il s'agit bien d'une contradiction forte qui pourrait être une manœuvre concertée avec le pouvoir pour rassurer le patronat. De plus, et Sarkozy l'a encore redit récemment, la droite n'a pas l'attention de lâcher ni de réfléchir à quoi que ce soit sur les salaires ou sur l'investissement.

Il y a ensuite une logique que je ne parviens pas à saisir convenablement. Si les syndicats sont responsables de la chute de plusieurs entreprises, comme le dit le discours, quelle responsabilité des employeurs dans cette crise ? Il ne faut quand même pas oublier que les patrons ont aussi une part de responsabilités dans les phénomènes en cours, et particulièrement dans le système bancaire. Certes, ils ne décident pas seuls, loin de là, mais tenter de se défausser de cette manière de son rôle de dirigeant d'entreprise me semble très léger. Dans ce cas, à quoi peut bien servir le patronat, s'il n'a pas un minimum d'influence sur la vie de son entreprise. Il ne faut pas oublier non plus que de nombreuses grèves ont aussi été provoquées par des décisions des employeurs, en fait la grande majorité me semble-t-il.

Tout cela révèle, en tout cas, la tension grandissante dans les relations sociales. La mobilisation de plus en plus forte du secteur privé (le public était moins en grève jeudi dernier) inquiète beaucoup car ces salariés risquent beaucoup plus que les fonctionnaires et qu'ils pourraient mal réagir si la situation devenait vraiment grave. En effet, quand les fonctionnaires font grève, ils peuvent toujours revenir en arrière, car ils ont de vraies protections. Par contre, quand le privé se lance, il a souvent beaucoup à perdre, et il est donc beaucoup plus violent dans ses modes d'action.

Or, en décrédibilisant la CGT, je ne pense pas que la droite mène une politique cohérente. En effet, si les syndicats ne sont pas crédibles, s'il n'y a pas d'alternative à gauche, si les employeurs et les riches refusent de bouger alors que le reste de la société souffre cruellement, que va-t-il se passer ? Franchement, cher lecteur, tout cela sent mauvais, et j'espère que nos élites vont vite changer de braquet…

4 commentaires:

  1. On dirait quand même vraiment que ça va barder... Toute l'inégalité dans le traitement des difficultés des uns et des autres est mise en relief par cette crise, notre société montre son vrai visage!

    RépondreSupprimer
  2. @ Manuel : on ne peut jamais prévoir l'évolution d'un mouvement social...

    RépondreSupprimer
  3. Elle, elle va vraiment finir par nous faire pleurer sur le sort des chefs d'entreprises !

    RépondreSupprimer
  4. @ Pazmany : ils me touchent en ce moment...

    RépondreSupprimer