Depuis, l'ancien Premier ministre semblait se consacrer uniquement à sa bonne ville de Bordeaux. Mais là, depuis quelques jours, Juppé fait un retour en force sur la scène médiatique : Jacques Delors l'évoque la semaine dernière comme un potentiel président de la Commission Européenne, les médias parlent aussi d'un retour au gouvernement pour redorer un peu un gouvernement Fillon dont les ministres sont pour la plupart à l'agonie politique.
Ce matin, Alain Juppé faisait la promotion de son nouveau livre : « Je ne mangerai plus de cerises en hiver. » Dans ce bouquin, Juppé prône un nouveau modèle économique moins consumériste, moins incohérent environnementalement parlant, et moins soumis aux infâmes règles du marché. D'ailleurs, ce matin, il a appelé à proposer une loi sur les rémunérations des patrons, à ma grande surprise, alors qu'on a déjà publié un décret, apparemment mal fichu, sur la question.
Franchement, cher lecteur, ce type de discours me fait bien rigoler. On oublie de dire que Juppé a été le promoteur de ce système. En tant que Premier ministre, il a défendu une politique de réduction de la place de l'Etat et de dégradation des systèmes sociaux. Auparavant, il avait été ministre du budget lorsque Jacques Chirac était Premier ministre, entre 1986 et 1988, dans une des phases les plus libérales de notre histoire politique.
Doit-on déjà à la crise d'avoir amené Alain Juppé à changer radicalement de position idéologique ? Franchement, je n'en crois rien. Sans doute s'agit-il d'une conversion bien opportune, visant à se mettre en phase avec la population pour préparer un retour.
Nos hommes politiques sont vraiment increvables…